L'objectif annoncé par Charles Fiterman, ministre des Transports, est ambitieux : il s'agit de diminuer d'un tiers le nombre des tués, en cinq ans.

Curieusement, en marge de cet ensemble de décisions importantes, une mesure relativement marginale fait beaucoup de bruit. L'annonce, en septembre, de l'obligation faite aux automobilistes, à compter du 1er mai 1984, de respecter à l'entrée de tous les carrefours giratoires la priorité... à gauche. Ce changement de système, déjà expérimenté en Bretagne, entraîne une réduction du nombre d'accidents, une plus grande fluidité de la circulation avec les avantages sur le plan de la pollution et de la consommation que cela implique.

Airy Routier

Bâtiment

La reprise bloquée

La pénurie de logements urbains est devenue telle, notamment à Paris et dans les grandes métropoles régionales, qu'un arrêt de la dégradation observée depuis 1973 aurait été logique et pouvait donc être espéré. Il n'en a rien été, et le déclin s'est poursuivi au cours des premiers mois de 1983 avec une chute des heures travaillées de 9 % et un recul des mises en chantier de logements neufs d'ampleur équivalente.

L'année 1982 avait déjà été catastrophique avec une contraction de 14 % des mises en chantier, plus grave pour les logements collectifs (– 17 %) que pour les individuels (– 12,3 %). Avec un repli de 25 %, le secteur non aidé était responsable, pour l'essentiel, de ce mouvement, qui n'atteignait que – 4 % pour l'accession aidée et se transformait même en un solde positif de + 7 % pour le locatif aidé. L'effondrement du marché, lié au comportement de certains investisseurs, correspondait aux craintes nées des projets de lois Quillot (renforcement des positions des locataires face aux propriétaires) et de l'élaboration de l'impôt sur la fortune. Ces craintes ayant sans doute été jugées ensuite exagérées, la tendance générale du bâtiment a été progressivement corrigée en 1983, notamment grâce à la clientèle de la promotion privée, clientèle disposant de fonds disponibles et ne sachant trop comment l'employer : au cours de l'été, les achats de logements pour investissement se sont redressés, de même que la demande de valeurs mobilières progressait fortement. En logements neufs, la demande pour les individuels redevenait positive, pour la première fois depuis 1979.

L'amélioration du marché pour clientèle « aisée » en 1983 s'est accompagnée d'une nouvelle dégradation de celui qu'occupent les promoteurs publics dans la gamme des logements collectifs en secteur locatif aidé, c'est-à-dire d'un marché fréquenté par la clientèle qui subit le plus les conséquences économiques du chômage, des restrictions de pouvoir d'achat, de la rareté et de la cherté du crédit.

Les pouvoirs publics se sont efforcés, d'abord en 1982, puis en 1983, d'améliorer la situation du bâtiment, en dégageant plusieurs tranches de crédits destinés au financement du secteur aidé. Les résultats ont été modestes, le réseau bancaire hésitant à accompagner une clientèle de candidats au logement dont la solvabilité est précaire et dont une partie est employée dans des entreprises au sort incertain. Les promoteurs affichent un scepticisme de même nature et exigent des garanties que la conjoncture économique ne saurait fournir à profusion.

TP
Le plongeon

Plus de 30 000 emplois supprimés et une chute d'activité de 8 à 10 %, c'est la dégringolade L'époque des grands chantiers est révolue. Ni l'État, ni les collectivités locales ni les grandes entreprises ne se lancent dans de coûteux investissements en béton. Reste l'étranger, où l'activité a connu un taux encore soutenu en 1983 mais les commandes qui ont diminué de moitié changent de nature : après les hôpitaux, les réseaux électriques, les réseaux routiers, les contrats portent encore sur les voies ferrées et surtout sur les ouvrages d'art et les travaux souterrains.

Professionnel

La construction de bâtiments destinés à d'autres usages que l'habitation, qui avait régressé de plus de 21 % en 1982, s'est vivement redressée pendant les premiers mois de 1983. Cette meilleure tenue des mises en chantier du bâtiment professionnel ne doit cependant pas faire illusion : il s'agit d'une activité très minoritaire, tant pour les travaux neufs que pour l'entretien.