Dassault a annoncé officiellement au 35e Salon du Bourget (27 mai-5 juin 1983), qui a rencontré son habituel succès de vitrines internationales de l'aéronautique, la mise en fabrication d'un prototype du Falcon 900, un triréacteur capable de franchir 7 000 km, avec 8 à 10 passagers à bord et qui constitue le développement logique de l'actuel Falcon 50 ; sa cabine en particulier, beaucoup plus vaste, peut recevoir jusqu'à 19 passagers. Fin novembre, Dassault avait déjà enregistré une quarantaine de commandes fermes et s'efforçait d'obtenir de l'État une certaine aide pour financer, sous forme d'avances remboursables, le passage à la série. Les ventes de Falcon 100, 200 et 50 se poursuivaient à l'extrême ralenti, le redémarrage de l'économie américaine n'ayant pas encore fait vraiment sentir ses effets dans le domaine de l'aviation d'affaires. La même remarque s'applique aux hélicoptères, victimes d'une mévente prolongée.

Chez les motoristes, le SNECMA a commencé en juillet les essais en vol du M 53-P 2, version plus puissante du M 53 permettant au Mirage 2000 d'améliorer ses performances. Turbomeca, de son côté, a poursuivi la mise au point en vol de son turbomoteur TM 333 (750/1 000 ch) et commencé les essais en vol, dès mai 1983, d'un nouveau moteur de 450/500 ch, le TM 319, qui équipera en premier lieu la version biturbine (Écureuil-2) de l'hélicoptère Écureuil, commandé par l'armée de l'air. L'Aérospatiale sera ainsi en mesure de commercialiser la totalité de sa gamme d'hélicoptères avec des moteurs français ; l'Écureuil-2 n'utilisait en effet jusqu'à maintenant que des turbomoteurs américains Allison.

Parmi les avions militaires, on a enregistré les premiers vols d'une version améliorée de l'avion de surveillance maritime Atlantic et du Mirage 2000 N, destiné à l'appui tactique nucléaire. Dassault a pu vendre des Mirages F1 au Koweït et des Mirages 2000 dans les Émirats arabes unis. Au 30 juin 1983, le total des commandes militaires reçues à l'exportation s'élevait, pour l'aéronautique, à 16,2 milliards de francs, soit une baisse d'environ 13 % par rapport à la même période de 1982. Mais ces commandes représentaient 87 % des ventes totales de l'industrie française d'armement : malgré ses difficultés, l'aéronautique reste donc, de loin, le moteur des exportations d'armes.

Jacques Morisset

Agro-alimentaire

Des vedettes malgré la crise

Ce n'est pas l'euphorie dans les industries agro-alimentaires, au début de l'année. Leur situation financière, préoccupante depuis longtemps déjà en raison de l'étroitesse des marges laissées par un contrôle qui ne s'est pratiquement jamais relâché, s'est encore dégradée au cours de l'exercice précédent. En valeur réelle, le chiffre d'affaires global du secteur n'a guère progressé que de 1 %. C'est dire qu'il n'a pratiquement fait que suivre l'inflation, puisque, parallèlement, la consommation des ménages s'est accrue de 0,7 %.

En revanche, le blocage des prix institué durant six mois en 1982, l'accroissement des prélèvements fiscaux et sociaux, le poids des charges financières ont mis à mal les trésoreries. Conséquence : les investissements ont chuté de plus de 11 % en volume. Face à des taux d'intérêt élevés, les chefs d'entreprise préfèrent ajourner la réalisation de leurs projets d'équipements ou de modernisation, qui pourtant commandent l'avenir. Mais, comme le dit le président de l'Association nationale des industries agricoles et alimentaires, « à l'heure actuelle c'est la survie immédiate des entreprises qui est en jeu ».

L'appui des pouvoirs publics

Et voilà qu'au mois de mars le gouvernement met en œuvre un nouveau plan de rigueur dans le but avoué de freiner la consommation, responsable pour une part du déficit du commerce extérieur.

Le nouveau ministre de l'Agriculture, Michel Rocard, dont la compétence s'étend aux industries agricoles et alimentaires, n'est pas insensible à cette situation. Le 2 mars, en présentant la nouvelle organisation de la Direction des industries agro-alimentaires de son ministère, composée désormais de deux services — politique industrielle et technologie d'une part, stratégie et financement d'autre part —, il affirme qu'« il est nécessaire d'apporter un appui administratif à l'agro-alimentaire, car il n'y a pas d'activité économique qui soit aussi sous-accompagnée ». Et il accorde une subvention de 20 millions de francs au fonds de garantie des prêts participatifs de l'Institut de développement des industries agricoles et alimentaires, déjà doté de 35 millions par les banques qui en sont actionnaires. Le ministre déclare, en outre, que la dotation budgétaire du Fonds d'intervention stratégique sera fortement accrue en 1984 pour aider les entreprises exportatrices à s'implanter à l'étranger.

Les voies de la croissance

Si beaucoup de petites et moyennes sociétés, nombreuses dans le secteur agro-alimentaire qui compte quelque 4 000 entreprises de plus de dix salariés, éprouvent de sérieuses difficultés, d'autres par contre tirent bien leur épingle du jeu.