Globalement, on peut dire que l'industrie électronique française a connu un exercice 1981 satisfaisant et que l'année 1982 a bien démarré. Mais il faut ajouter que cette bonne santé repose en grande partie sur une électronique militaire particulièrement performante. Ailleurs, c'est-à-dire dans l'électronique grand public et dans les composants, elle résiste difficilement au challenge international.

Seule une politique industrielle volontariste et coûteuse lui permettra de profiter de la croissance spectaculaire qui se poursuivra dans les prochaines années, croissance justifiée par :
– l'insertion des technologies électroniques dans l'ensemble des activités économiques ;
– la multiplication des secteurs d'activité liés étroitement à l'électronique (téléphone, horlogerie, automobile) ;
– l'arrivée de produits entièrement nouveaux (ordinateurs domestiques) ;
– l'explosion de l'audiovisuel et de la télématique.

C'est dans cette optique que le ministère de l'Industrie souhaite mettre en œuvre une stratégie globale qui permettra à la fois de donner un second souffle à l'électronique grand public, de bâtir autour de CII un pôle informatique enfin viable et de garantir l'approvisionnement national en matière de composants. Ces ambitions, bien des gouvernements français les ont déjà nourries dans le passé. Rien n'indique, pour le moment, que le gouvernement actuel soit plus chanceux que ses prédécesseurs.

Automobile

Une année noire

L'industrie automobile française s'est nettement effondrée au cours de 1981, année très difficile dans le monde entier.

Parmi les grands marchés mondiaux, seule l'Italie n'a pas reculé. Les États-Unis, eux, végètent à leurs niveaux d'il y a quinze ans.

Et même le Japon, pour la première fois depuis sept ans, a vu reculer, au cours de son année fiscale (d'avril 1981 à mars 1982), sa production, ses exportations et soi propre marché.

Productions, immatriculations et exportations françaises ont également chuté, mais dans des proportions plus considérables, et après une année 1980, elle aussi, entièrement négative. Dès lors, le solde — encore positif — de la balance du commerce extérieur automobile s'est encore lourdement dégradé (chute d'un tiers en deux ans), traduisant une perte sensible de la compétitivité française. Au premier semestre 1982, la reconquête semble enfin amorcée. Il était temps.

Production

La production de voitures particulières a chuté à nouveau de 11,1 % : 2 611 864 voitures seulement ont été construites dans les usines en France. En ajoutant les 407 879 voitures de marque française sortant des usines étrangères, on obtient une production totale de 3 019 743 véhicules, inférieure de 13,4 % à celle de 1980.

La France a produit aussi 359 336 utilitaires légères de moins de 5 t de poids maximal autorisé (– 5,3 %) et 70 127 (+ 2,2 %) à l'étranger, ainsi que 48 170 poids lourds de plus de 6 t (– 20,2 %). Soit un total général de 3 497 376 véhicules de tout tonnage construits par l'industrie automobile française en 1981, inférieur de 12,4 % au niveau de 1980, lui-même à 4,7 % au-dessous du record de 1979. Baisse de production importante, donc, supérieure à celle constatée dans les autres grands pays industriels.

Marché

La baisse du marché intérieur n'a pas eu cette ampleur. Avec 1 834 826 voitures particulières immatriculées, le recul n'est que de 2 % par rapport à 1980. On s'éloigne du seuil des 2 millions qui avait été approché en 1979. Mais, sur ce marché globalement à peu près étale, les Français se sont affaissés face aux étrangers qui ont vigoureusement progressé. Les constructeurs nationaux ont, en effet, vendu 1 319 852 voitures particulières (– 8,6 %), tandis que les importateurs en immatriculaient 514 974, soit une progression de 20,2 %.

Parmi les importateurs, VAG (qui regroupe Volkswagen et Audi) garde la première place, acquise en 1979, consolidée en 1980. Mais Fiat et surtout Ford progressent plus rapidement et se rapprochent. Ford passe devant en février 1982 : au cours du premier semestre, Ford et VAG se disputent âprement la place de premier importateur sur le marché français. L'accroissement des importations est une des causes de la baisse de la production des constructeurs français. L'autre est la chute de leurs exportations. Ils ont vendu à l'étranger 1 393 602 voitures fabriquées en France (exportations directes), soit 136 050 de moins que l'année précédente.