Le fléchissement des effectifs est la conséquence logique du plan de restructuration voulu et financé par les pouvoirs publics. Aujourd'hui, la sidérurgie emploie à peine plus de 100 000 salariés, contre près de 160 000 en 1974. Ce dégraissage n'est d'ailleurs pas spécifique à la France. De 1978 à 1981, les effectifs de la sidérurgie ont diminué de 5,4 % en RFA, de 10,2 % dans le Benelux, de 25,6 % en France, de 41,6 % en Grande-Bretagne, et, au total, de 17,7 % dans la Communauté européenne. Seule l'Italie a pu tirer son épingle du jeu avec un + 5 % que lui reprochent d'ailleurs ses voisins, lesquels accusent certains sidérurgistes italiens de travailler et d'exporter dans des conditions de concurrence déloyale.

Pertes financières

Malgré un assainissement de son outil industriel qui lui permet souvent d'obtenir des rendements compétitifs au niveau européen, la sidérurgie française continue de perdre beaucoup d'argent. Les résultats financiers de 1981, – 2,8 milliards de F pour Sacilor et – 3,9 milliards de F pour Usinor, sont dans le droit fil des pertes enregistrées chaque année depuis 1974, pertes qui totalisent en sept ans 24 milliards de F pour les deux groupes sidérurgiques.

La production française d'acier a atteint, au cours du premier trimestre 1982, 1,9 million de tonnes, soit un très léger fléchissement par rapport à la période correspondante de l'année précédente. Le redémarrage du marché automobile et la relance des investissements productifs peuvent transformer ce fléchissement en reprise. Mais la sidérurgie française ne sera pas sortie de l'ornière pour autant.

À l'extérieur, la sidérurgie devra continuer de se battre pour exporter, notamment aux États-Unis, où les aciéristes locaux ne désespèrent pas de convaincre Ronald Reagan de prendre des mesures protectionnistes contre les importations européennes. À l'intérieur, elle devra poursuivre un processus de restructuration qui, porteur de remous sociaux, sera plus difficilement accepté dans une France socialiste que dans une France libérale. Personne d'ailleurs, dans les milieux spécialisés, n'ose prédire le jour où l'acier français redeviendra bénéficiaire. Décidément, le temps est bien loin où les maîtres de forges symbolisaient les superprofits du capitalisme.

Mécanique

Des espoirs déçus

Les industries mécaniques, qui ont encore perdu 20 000 emplois en France en 1981, comptent parmi les principales victimes des difficultés de l'économie mondiale. Les effectifs français avaient culminé à 714 000 personnes en 1974 : ils ne sont plus actuellement que de 591 000.

Certes, les gains de productivité réalisés au cours des récentes années sont importants, l'intensité capitalistique s'est accrue, mais un recul absolu du volume de la production mécanique française s'est malgré tout produit, exactement de 4 % depuis 1974. Un résultat britannique plus pénible encore (chute de 32 %) ne saurait rassurer, car à l'inverse, et malgré l'atonie économique mondiale, les industries mécaniques ouest-allemandes ont progressé de 6 % depuis sept ans, les italiennes de 10 %, les américaines de 15 %, les japonaises de 43 %.

Médiocre

L'année 1981 a été particulièrement médiocre avec un volume d'activité en baisse de 2,3 %, baisse hélas plus réelle qu'en facturation, gonflée de 9,1 % par l'inflation. Seule l'année 1975 avait été pire, avec une récession de 4,5 %. Peu de secteurs ont échappé l'an dernier à ce climat maussade. Les biens destinés aux ménages (+ 3 %) ont bénéficié du regain momentané de la consommation grand public : la profession s'attend, par contre, à une chute d'égale ampleur en 1982.

Le machinisme agricole a connu un léger mieux (+ 1,2 %), qui ne devrait pas durer, de même que le bond du matériel de chemin de fer (+ 7 %) disparaîtra avec la fin des commandes exceptionnelles du TGV — à moins qu'une autre liaison à grande vitesse ne soit programmée et engagée.

Tous les autres secteurs de la mécanique ont réduit leurs activités en 1981 et devraient décliner à nouveau en 1982. C'est le cas, notamment, des machines-outils, dont les livraisons ont été en recul de 4 % et risquent un nouveau retrait de 3 %. L'abus d'interprétation consiste à assimiler à une sous-industrialisation générale du pays une crise de l'industrie de la machine-outil qui, d'une part, dure depuis quinze ans et, d'autre part, a des causes souvent plus structurelles (entreprises familiales) que conjoncturelles.