Par suite de l'indiscrétion d'un journaliste, les rumeurs deviennent nouvelle fin novembre, et Léopold Sédar Senghor, sans rater réellement sa sortie, est l'objet de vives critiques dans son pays, où l'on comprend mal qu'il ait choisi un confident étranger pour faire connaître sa décision. Le 31 décembre 1980, il se rend au siège de la Cour suprême, à Dakar, et y remet officiellement sa lettre de démission, mettant un terme à vingt années d'exercice du pouvoir.

Le 1er janvier 1981, c'est Abdou Diouf, Premier ministre (Journal de l'année 1979-80), qui, constitutionnellement, devient chef de l'État. L. S. Senghor appelle ses compatriotes à faire confiance à son successeur. Sans craindre de se contredire, ceux-là même qui, quelques semaines plus tôt, reprochaient au chef d'État septuagénaire de « s'accrocher au pouvoir » l'accusent alors d'« abandonner le navire ». Abdoulaye Wade, chef de l'opposition parlementaire, leader du parti démocratique sénégalais (PDS), va même jusqu'à préconiser l'arbitrage des forces armées.

Léopold Senghor entend se consacrer surtout à sa carrière littéraire et, aussitôt après la prestation de serment d'Abdou Diouf, il quitte Dakar pour le Bangladesh et participe à Dacca à un colloque sur les civilisations dravidiennes, avant d'aller se reposer au Maroc. Il s'intéresse par ailleurs de plus en plus étroitement aux travaux de l'Internationale socialiste, dont le parti socialiste sénégalais est membre.

Révision

Parmi les difficultés que doit résoudre Abdou Diouf figurent celles qui résultent de la mauvaise récolte d'arachide, principale ressource nationale. Au lieu du million de tonnes d'arachides-coques annuellement récoltées et commercialisées, ce sont moins de 300 000 t dont disposent les Sénégalais. Des pluies insuffisamment abondantes et mal réparties, les excès d'une bureaucratie tracassière, un encadrement médiocre et inefficace du paysannat sont à l'origine de cette chute brutale de la production.

Abdou Diouf, qui nomme Habib Thiam Premier ministre, se prononce pour la poursuite de la politique libérale inaugurée par le président Senghor. Avec Habib Thiam, c'est à la fois pour la continuité (âgé de 47 ans, celui-ci est le président du groupe parlementaire du PS) et pour l'ouverture qu'a opté le nouveau chef de l'État.

Dès le 24 avril 1981, l'Assemblée adopte définitivement un projet de loi portant révision de la Constitution, qui supprime la limitation à 4 du nombre des partis. Cette décision permet au Rassemblement national démocratique (RND) de cheikh Anta Diop, aux socialistes autogestionnaires de l'ancien président Mamadou Dia et à quelques groupuscules marxistes de sortir de la clandestinité.

Se présentant lui-même comme l'« homme de la fidélité, mais aussi l'artisan du changement », Abdou Diouf entend à la fois consolider le régime dans la perspective des élections législatives et présidentielle de février 1983 et sortir le pays d'une situation économique et financière difficile.

Satisfaction

À l'intérieur même du PS, Abdou Diouf entreprend une vaste campagne de remise en ordre. À l'occasion de la tenue, en janvier 1981, des États généraux de l'enseignement, il définit de nouvelles orientations et donne au syndicat unique et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES), jusqu'alors rejeté dans l'opposition, l'occasion de s'exprimer.

À l'Assemblée, le parti gouvernemental ne cesse de marquer des points. En avril, le PDS n'est plus représenté au bureau, où il disposait d'un poste de vice-président et de secrétaire. En effet, 4 de ses 18 députés ayant démissionné, le parti ne dispose plus des 25 élus nécessaires pour justifier la création d'un groupe, seul habilité à présenter des candidats au bureau.

En politique étrangère, le seul événement réellement important a été l'intervention des troupes sénégalaises en Gambie, le 31 octobre 1980.

Le Sénégal est, de tous les États africains, celui où l'élection du président Mitterrand a ouvertement été accueillie avec le plus de joie, bien que les autorités de Dakar aient observé une stricte neutralité pendant toute la durée de la campagne électorale française. Les liens personnels et amicaux qui unissent L. S. Senghor et le nouveau président français ne sont un mystère pour personne et expliquent, au moins en partie, cette satisfaction. Dès le 15 juin, Habib Thiam est reçu par François Mitterrand.

Seychelles

Victoria. 60 000. 154. *2,5 %.
Économie. PIB (77) : 1 052. Productions (77) : A 14 + I 15 + S 71. Énerg. (76) : 570. CE (75) : 15 %.
Transports. (*77) : 3 000 + 900.
Information. (75) : 2 quotidiens ; tirage global : 3 500. (76) : *17 000. (75) : 800 fauteuils ; fréquentation : 0,5 M. (77) : 4 000.
Santé. (75) : 21. Mté inf. (77) : 43,2.
Éducation. (76). Prim. : 9 950. Sec. et techn. : *3 200. Sup. : 142.
Institutions. État indépendant le 28 juin 1976 (ancienne colonie britannique). République instaurée en novembre 1970. La nouvelle Constitution, adoptée le 26 mars 1979, crée un État socialiste de régime présidentiel ; parti unique. Président de la République : France Albert René, après le coup d'État du 5 juin 1977 qui renverse James Mancham ; il est confirmé dans ses fonctions de chef d'État par les élections du 26 juin 1979.

Sierra Leone

Freetown. 3 470 000. 49. *2,4 %.
Économie. PIB (76) : 214. Productions (76) : A 38 + I 20 + S 42. Énerg. (76) : 112. CE (76) : 17 %.
Transports. (76) : 18 900 + 6 300.
Information. (75) : 2 quotidiens ; tirage global : 30 000. (75) : *62 000. (76) : *8 500. (76) : 15 000.
Santé. (70) : 149.
Éducation. (75). Prim. : 205 910. Sec. et techn. : 50 478. Sup. : 1 642.
Armée.  : 2 700.
Institutions. État indépendant le 27 avril 1961. Le 12 juin 1978, une nouvelle Constitution est approuvée par référendum. Président de la République et chef de l'exécutif : Siaka Stevens, réélu le 26 mars 1976.

Somalie

Mogadiscio. 5 000 000. 8. 2,7 %.
Économie. PIB (75) : 115. Énerg. (76) : 47. CE (75) : 18 %.
Transports. (72) : 8 000 + 8 000.  : 73 000 tjb. (77) : 12 M pass./km.
Information. (73) : 2 quotidiens ; tirage global : 4 000. (76) : *69 000. (70) : 23 000 fauteuils ; fréquentation : 4,7 M. (70) : 5 000.
Santé. (73) : 193.
Éducation. (76). Prim. : 229 030. Sec. et techn. : 12 389. Sup. (75) : 2 040.
Armée.  : 61 500.
Institutions. État indépendant le 26 juin 1960. République proclamée le 1er juillet 1960. Nouvelle Constitution adoptée le 25 août 1979. Président de la République et secrétaire général du Parti socialiste révolutionnaire : Mohammed Ziyad Barre, mis en place par le coup d'État du 21 octobre 1969 et confirmé dans ses fonctions par l'élection du 26 janvier 1980 ; succède à Abdirashid Ali Shermake, président de la République, assassiné le 15 octobre 1969.
État d'urgence proclamé le 21 octobre 1980 par le président Barre, qui modifie la composition du Conseil révolutionnaire suprême.

Soudan

Khartoum. 17 890 000. 7. *3 %.
Économie. PIB (75) : 298. Productions (74) : A 39 + I 15 + S 46. Énerg. (76) : 143. CE (75) : 9 %.
Transports. (73) : 2 288 Mt/km. (72) : 29 200 + 21 200.  : 43 000 tjb. (77) : 461 M pass./km.
Information. (75) : 4 quotidiens. (75) : 1 300 000. (75) : *100 000. (75) : 112 000 fauteuils ; fréquentation : 12 M. (77) : 62 000.
Santé. (76) : 1 652.
Éducation. (76). Prim. : 1 217 510. Sec. et techn. : 327 043. Sup. (75) : 21 342.
Armée.  : 68 000.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1956. République démocratique proclamée par la nouvelle Constitution provisoire du 13 août 1971. Président de la République et chef de l'exécutif : général Gaafar el-Nemeiry, ancien président du Conseil de la révolution, réélu pour la seconde fois le 3 avril 1977. Vice-président ; Aboul Gassim Mohamed.

Swaziland

Mbabane. 540 000. 32. *2,6 %.
Économie. PIB (75) : 591. Productions (73) : A 32 + I 34 + S 34.
Transports. (76) : 7 900 + 7 100.
Information. (76) : *60 000. (75) : 1 300 fauteuils ; fréquentation : 0,1 M. (77) : 9 000.
Santé. (76) : 54.
Éducation. (76). Prim. : 92 721. Sec. et techn. : 18 350. Sup. : 1 150.
Institutions. État indépendant le 6 septembre 1968. Constitution de 196 3, abrogée en 1973 et abolie en 1976. Le roi Sobhuza II prend les pleins pouvoirs. Premier ministre : Mabandla N. Fred Dlamini.

Tanzanie

Dar es-Salaam. 17 980 000. 19. *2,8 %.
Économie. PIB (77) : 212. Productions (77) : A 44 + I 13 + S 43. Énerg. (76) : 68. CE (77) : 17 %.
Transports. (*77) : 43 600 + 46 400. (77) : 15 M pass./km.
Information. (75) : 3 quotidiens ; tirage global : 70 000. (76) : *300 000. (71) : 13 500 fauteuils ; fréquentation (76) : *3,5 M. (76) : 66 000.
Santé. (75) : *840.
Éducation. (76). Prim. : 1 956 320. Sec. et techn. : 67 859. Sup. (75) : 3 064.
Armée.  : 51 850.
Institutions. République proclamée le 29 octobre 1964 (Tanganyika, indépendant le 9 décembre 1961, et Zanzibar, indépendant le 10 décembre 1963). Constitution de 1961, révisée en septembre 1965. Président de la République : Julius K. Nyerere, élu pour un cinquième mandat le 26 octobre 1980 ; premier vice-président : Aboud Jumbe ; second vice-président et Premier ministre : Cleopha Msuya (7 novembre 1980).

Tchad

N'Djamena. 4 420 000. 3. *2,1 %.
Économie. PIB (76) : 158. Productions (75) : A 41 + I 16 + S 43. Énerg. (76) : 23. CE (76) : 16 %.
Transports. (73) : 5 800 + 6 300.
Information. (75) : 4 quotidiens ; tirage global : 1 500. (76) : *76 000. (77) : 7 000.
Santé. (76) : 100.
Éducation. (76). Prim. : 210 882. Sec. et techn. : 19 580. Sup. (75) : 547.
Armée.  : 3 200.
Institutions. État indépendant le 11 août 1960. République (26 octobre 1958). Constitution de 1964. Chef de l'État et de l'exécutif : Goukouni Oueddeï, qui dirige depuis le 10 novembre 1979 un gouvernement d'union nationale de transition ; il succède à Lol Mohammed Shawwa, après l'accord de réconciliation nationale signé, à Lagos, le 21 août 1979.

Les troupes libyennes s'installent dans un pays déchiré

C'est en décembre 1980 que l'armée libyenne entre à N'Djamena, pour épauler les FAP (Forces armées populaires) du président Goukouni Oueddeï, en lutte contre les FAN (Forces armées du Nord) de Hissène Habré. Le 6 janvier 1981, la fusion entre la Libye et le Tchad est décidée. Ces deux événements suscitent une profonde inquiétude à Paris et sur le continent africain.