Ainsi, le taux de l'escompte de la réserve fédérale, qui avait été relevé une première fois le 20 juillet de 9,5 à 10 %, a-t-il été porté à 10,5 % le 16 août, à 11 % le 11 septembre, à 12 % le 6 octobre, puis à 13 % le 15 février, ce qui constitue un record historique.

Le taux d'intérêt pour les crédits commerciaux privilégiés (prime rate) des banques américaines s'envole, lui aussi, passant de 11,75 % en août à 20 % en avril.

Toutes ces mesures provoquent un raffermissement notable du dollar, qui se renforce sur les places internationales. Au cours du premier trimestre de 1980, la monnaie américaine gagne ainsi 16 % par rapport au franc suisse, 13 % vis-à-vis du deutsche Mark, 8 % par rapport au yen et 5 % vis-à-vis du sterling. Mais, à partir d'avril, le dollar est stoppé dans son ascension, et les taux d'intérêt commencent à refluer : le taux de l'escompte est ramené à 12 % le 28 mai, puis à 11 % le 12 juin ; le prime rate recule de plusieurs points en quelques semaines. En outre, des signes avant-coureurs de récession se manifestent dans plusieurs secteurs, notamment l'automobile et le bâtiment.

Au demeurant, le taux de chômage, qui avait progressé de 5,6 % en juin 1979 à 6 % en août et était resté à peu près stable par la suite, atteint 6,2 % en mars 1980, 7 % en avril et 7,8 % en mai. Un sujet de satisfaction, quand même : le ralentissement de la hausse des prix de gros (0,5 % en avril, 0,3 % en mai).

Le 11 octobre, Carter avait affirmé devant le congrès de la centrale syndicale AFL-CIO : « Je ne combattrai pas l'inflation avec vos emplois. » Mais il sera amené à changer de politique, et, au début de mars, son principal conseiller économique, Charles Schultze, admettra que le président est « prêt à accepter un taux de chômage beaucoup plus élevé pour lutter contre l'inflation ». « Nous sommes prêts, ajoutera-t-il, à prendre des mesures dures et à nous y tenir, même si l'emploi doit en subir les conséquences. »

Primaires : Carter et Reagan en tête

Lorsque, à la fin de l'été 1979, la bataille pour l'élection présidentielle de novembre 1980 commence à prendre forme, l'avenir de Jimmy Carter s'annonce sous les couleurs les plus sombres. L'impopularité du chef de la Maison-Blanche atteint un niveau jamais enregistré par un président depuis l'institution des sondages.

Chez les démocrates, E. Kennedy, qui s'est porté candidat, parvient à plusieurs reprises à mettre à profit la crise économique et les déboires de J. Carter en matière de politique étrangère. Il remporte ainsi les primaires de New York, du Massachusetts et du Connecticut (en mars), de Pennsylvanie (en avril), du Michigan (en mai), de Californie, du New Jersey, du Dakota du Sud, du Nouveau-Mexique et de Rhode Island (en juin), mais n'apparaît à aucun moment en mesure de devancer Carter à la convention démocrate, prévue en août à New York. Le 3 juin, après la dernière série des primaires, J. Carter semble en tout cas pouvoir compter sur l'appui d'environ 1 800 des 3 331 délégués de son parti, E. Kennedy étant crédité d'un bon millier de partisans.

Champ libre

Dans le camp républicain, R. Reagan, chef de file de la tendance conservatrice du parti de l'éléphant, se détache dès les premières élections primaires de février et mars 1980, même si, à plusieurs reprises, G. Bush et J. Anderson créent la surprise en réalisant quelques bonnes performances. Trois prétendants — J. Connally, H. Baker et R. Dole — se retirent en mars ; P. Crâne fait de même en avril. Quant à l'ancien président Gerald Ford, qui semblait pouvoir être un homme de compromis entre les différentes tendances du parti, il annonce, le 15 mars, qu'il ne sera pas candidat afin de ne pas « diviser encore plus » les rangs républicains. J. Anderson renonce, le 24 avril, à obtenir l'investiture de son parti, mais décide de se présenter en novembre comme candidat indépendant. Le retrait de Bush, le 26 mai, laisse le champ libre à R. Reagan. Ce dernier semble assuré, le 3 juin, du soutien de quelque 1 500 des1 994 délégués qui doivent participer en juillet à la convention républicaine de Détroit.

L'éruption du volcan Saint Helens : 100 victimes

Après 123 ans d'inactivité, le volcan du Mont Saint Helens (État de Washington) se réveille le 27 mars 1980, émettant des cendres et de la vapeur. Le sol tremble, on entend des explosions souterraines. Le 18 mai, le volcan explose. La puissance de l'explosion a été estimée à 10 mégatonnes (soit 500 fois celle de la bombe d'Hiroshima). Tout le sommet, sur 425 m de hauteur, est projeté dans l'atmosphère, tandis que s'ouvre un cratère de 3 × 1,5 km. On compte une centaine de morts ou de disparus ; des automobilistes ont été surpris sur les routes. Les forêts sont incendiées jusqu'à 20 km du volcan. Les dégâts ont été estimés à 2,7 milliards de dollars (11,3 milliards de F environ). Des cendres plus fines se sont accumulées à 20 000 m d'altitude. Elles feront plusieurs fois le tour de la Terre, avant de retomber en un ou deux ans. Durant cette période, les couchers de soleil seront plus colorés.

Argentine

Buenos Aires. 26 390 000. 10. 1,4 %.
Économie. PIB (75) : 1 934. Productions (75) : A 12 + I 40 + S 48. Énerg. (76) : 1 804. CE (75) : 6 %.
Transports. (*77) : 12 011 M pass./km, 11 567 Mt/km. (74) : 2 027 500 + 879 800.  : 2 001 000 tjb. (77) : 2 291 M pass./km.
Information. (75) : 164 quotidiens ; tirage global : *2 773 000. (75) : *21 000 000. (75) : *4 500 000. (75) : 774 200 fauteuils ; fréquentation : 82,2 M. (77) : 2 342 000.
Santé. (75) : 48 693. Mté inf. (70) : 59.
Éducation. (77). Prim. : *3 620 000. Sec. et techn. : *1 325 000. Sup. (77) : 619 950.
Armée.  : 132 900.
Institutions. République fédérale. Constitution de 1953, amendée par le Statut de la révolution (29 juin 1966). Président : général Jorge Rafael Videla, désigné par la junte militaire qui renverse Isabel Peron le 24 mars 1976.

Le régime du général Videla piétine

Le problème des droits de l'homme en Argentine reste au centre de l'actualité. Cédant aux pressions des États-Unis, le général Rafaël Videla, président de la République, accepte qu'une mission de l'OEA vienne enquêter, en septembre 1979, à Buenos Aires.