Les craintes d'Israël de voir les États-Unis amorcer secrètement un dialogue avec l'OLP s'en trouvent ravivées et Jérusalem élève une vigoureuse protestation.

Le 15 août, Young démissionne de son poste (il sera remplacé le 31 par un autre diplomate de couleur, Donald McHenry), mais l'incident, outre qu'il attise les antagonismes entre les communautés noire et juive des États-Unis, contribue à tendre les relations entre Washington et Israël.

Le 24 août, le débat du Conseil de sécurité sur les droits des Palestiniens est ajourné sine die, les pays arabes ayant renoncé à un vote qui eût obligé les Américains à faire usage de leur droit de veto.

Le 19 septembre, le ministre israélien des Affaires étrangères, Moshe Dayan, conclut à Washington un accord avec les États-Unis et l'Égypte sur le contrôle de la paix dans le Sinaï. Mais le climat des rapports israélo-américains demeure maussade. Le refus de Washington, annoncé au début de janvier 1980, d'augmenter son aide économique et militaire à Israël ne permet pas de dissiper ces nuages persistants. Pas plus que la session des négociations israélo-égyptiennes qui a lieu les 27 et 28 février près de La Haye sous l'égide du nouvel ambassadeur itinérant de Carter pour le Proche-Orient, Sol Linowitz.

Quand, le 1er mars, les États-Unis votent une résolution du Conseil de sécurité condamnant les implantations juives dans les territoires occupés, y compris la partie orientale de Jérusalem, le mécontentement des Israéliens monte encore d'un ton. Néanmoins, deux jours plus tard, Carter fait savoir que ce vote est le résultat d'un « malentendu » sur la question de Jérusalem et que son pays aurait dû s'abstenir.

Deux semaines après cette bavure, la Maison-Blanche annonce qu'elle va tenter de relancer la dynamique de la paix en invitant le président égyptien Sadate et le Premier ministre israélien Begin à venir, en avril, s'entretenir séparément avec le président américain des problèmes de l'autonomie de la rive occidentale du Jourdain et de la bande de Gaza.

Ces rencontres vont se terminer comme elles avaient commencé : dans l'incertitude. Les négociations sur l'autonomie reprennent cependant à un rythme accéléré, mais aucun progrès n'est enregistré avant l'échéance officielle du 26 mai. Le 1er juin, Carter fait connaître son hostilité à toute initiative des Neuf sur le Proche-Orient « Nous avons, dit-il, un droit de veto (aux Nations unies) que nous pouvons utiliser pour empêcher que le processus de Camp David ne soit détruit ou dévié de sa course. » Les 17 et 18 juin, Carter reçoit le roi Hussein de Jordanie avec qui il examine les données de la situation. La rencontre ne permet pas d'aplanir les divergences entre les deux hommes.

Escalade

L'inflation a été l'un des plus graves problèmes auxquels les Américains aient eu à faire face tout au long de l'année. Elle a atteint des niveaux inquiétants, en dépit de l'escalade sans précédent des taux d'intérêt, et s'est accompagnée, à partir du printemps, d'une croissance du chômage et d'un ralentissement généralisé de l'activité économique.

Pour l'ensemble de l'année 1979, le taux d'inflation s'est établi à 13,3 %, le chiffre le plus élevé depuis 33 ans. Le pouvoir d'achat des travailleurs a diminué de 5,3 %, en raison de l'augmentation des prix à la consommation mais aussi de celle des impôts. Lors du premier trimestre de 1980, l'inflation s'aggrave encore, se développant désormais à un rythme de 18 %.

Carter dévoile, le 14 mars, un plan de bataille destiné à enrayer cette course folle. Ce plan prévoit de réaliser l'équilibre budgétaire pendant l'année fiscale 1980-1981 au moyen de 13 à 14 milliards de dollars de coupes sombres dans les dépenses publiques. Il prévoit également des restrictions sur le crédit et l'imposition d'une taxe de 10 cents par gallon (3,8 litres) sur l'essence (le projet de taxe sera entériné le 6 juin par le Congrès). Il fixe cependant à 8,5 % la moyenne des augmentations de salaires que le programme volontaire recommandé jusque-là établissait à 7 %. Mais, de l'aveu même du chef de l'exécutif, ces mesures d'austérité, qui sont accueillies avec scepticisme dans les milieux d'affaires, ne devraient pas avoir d'effet visible avant la fin de l'année.