Des dix provinces canadiennes, c'est l'Ontario qui est le plus durement touché par le ralentissement économique nord-américain. La performance désastreuse des ventes d'automobiles, dont la fabrication est concentrée dans cette province, maintient un faible taux de croissance de 1,6 %, comparativement à 4 % au Québec.

Pour empêcher que le secteur de l'automobile ne périclite encore plus, Ottawa et Washington se concertent et sauvent Chrysler de la faillite le 11 mai en lui garantissant des prêts totalisant 1,7 milliard de dollars, dont 210 millions sont consentis par les gouvernements canadien et ontarien. Chrysler-Canada est, en importance, la 7e firme du pays avec 14 000 emplois en Ontario.

Autosuffisance

Considérée comme étant une priorité par les gouvernements conservateur et libéral, l'autosuffisance énergétique du Canada ne pourra être atteinte qu'en l'an 2025 au coût de 38 milliards de dollars, déclare le Conseil des sciences dans une étude rendue publique le 6 juillet.

L'administration Trudeau entend mettre tout en œuvre pour y parvenir. Le 14 avril, elle dévoile, dans le discours du Trône, les grandes lignes de sa politique énergétique : accroissement du rôle de Pétro-Canada, une société d'État d'exploitation pétrolière ; fondation d'une société nouvelle des formes d'énergie ; lancement d'un programme invitant les consommateurs à abandonner le pétrole au profit du gaz et de l'électricité ; institution d'une agence de surveillance des prix du pétrole ; établissement de normes de consommation pour les automobilistes et de normes plus rigoureuses pour l'isolation des maisons et, enfin, amélioration des transports en commun.

Par ailleurs, les libéraux s'engagent à établir également un prix canadien du pétrole, lequel sera le même pour tous les consommateurs, de l'est à l'ouest. Cependant, les provinces productrices de pétrole refusent de vendre leur or noir aux Canadiens en dessous des prix mondiaux. Ils menacent même de fermer le robinet si Ottawa les contraint à favoriser les autres provinces. Là où a échoué J. Clark, tout reste à négocier par le gouvernement Trudeau.

Jour de l'an tragique

La catastrophe la plus tragique depuis 40 ans endeuille, le 1er janvier, le Canada tout entier. Au cours du réveillon du jour de l'an, 40 personnes meurent dans un incendie qui ravage la salle communautaire de Chapais, une petite localité minière située à 560 km au nord de Montréal. On dénombre 48 blessés, dont une dizaine dans un état critique. La police détient un jeune résident de Chapais, Florent Cantin, âgé de 21 ans, qui est tenu criminellement responsable de la tragédie, le 14 janvier. Pour faire une bonne farce, il a mis le feu à des branches de sapin décorant la salle communautaire, laquelle est réduite en cendres en quelques minutes. Les quelque 3 500 citoyens en deuil de Chapais mettent sur pied un comité d'aide aux sinistrés, parmi lesquels une trentaine d'orphelins dont les parents sont morts dans l'incendie. Le 6 janvier, un ultime hommage est rendu aux victimes, dont 34 sont inhumées dans une fosse commune. Des milliers de Québécois, et parmi eux le Premier ministre René Levesque, assistent aux funérailles. Elles se déroulent dans le centre sportif de la petite localité minière.

Étranges révélations

La crise d'octobre 1970 (Journal de l'année 1969-70) continue de retenir l'attention. C'est avec stupeur que les Québécois apprennent en novembre que des liens étroits unissaient la police et certaines cellules du Front de libération du Québec (FLQ). Une indicatrice de police, Nicole Devault, confirme, le 29 janvier, devant la commission Keable chargée de faire la lumière sur les événements d'octobre, que la police connaissait l'identité d'un des ravisseurs de James Richard Cross. Pourtant, ce felquiste, Nigel Hamer, un anglophone, n'a jamais été mis sur la liste des personnes recherchées. Et, le 30 janvier, autre révélation surprenante : Nicole Devault affirme que la police de Montréal avait elle-même fourni de la dynamite au FLQ pour la fabrication d'une bombe. Jacques Primeau, celui qui l'a déposée en 1972, a été condamné à trois ans de prison.

USA

Washington. 218 060 000. 24. 0,7 %.
Économie. L'inflation s'est encore aggravée, le déficit de la balance commerciale également. Cette évolution (surtout en ce qui concerne la balance commerciale) est liée aux importations croissantes d'hydrocarbures. Le déficit de la balance des paiements s'est pratiquement maintenu au même niveau que l'année précédente. Le taux de chômage est de l'ordre de 6 %. L'activité économique a été pourtant soutenue. Sur le plan énergétique, l'effort pétrolier de l'Alaska compense le déclin d'autres gisements et le recul de l'extraction du gaz naturel (la consommation continue cependant à augmenter) ; l'extraction et la concentration de l'uranium se sont développées. La sidérurgie a repris. En revanche, la construction automobile, touchée par les restrictions sur l'essence et surtout la concurrence étrangère, a stagné. L'évolution est incertaine, d'autant que les États-Unis dépendent de plus en plus du monde extérieur : la part des exportations représente, aujourd'hui, le dixième du produit intérieur brut (moins de 5 % dans les années 50), celle des importations a déjà dépassé ce seuil.
PIB (77) : 8 665. Productions (77) : A 3 + I 34 + S 63. Énerg. (76) : 11 554. CE (77) : 7 %.
Population active (78) : 94 373 000, dont A : 3,7 % ; I : 31,2 % ; D : 65,1 %. Prix à la consommation (évolution 78) : + 9 %. Balance commerciale (78) exp. : 143,7 MM$ ; imp. : 173,3 MM$. Balance des paiements : – 23,4 MM$. Productions (78) : blé 48,4 Mt, maïs 180 Mt, coton 2,4 Mt, houille 593 Mt, pétrole produit 485 Mt (324 Mt de brut et 109 Mt de produits raffinés importés en 1977), gaz naturel 547 Gm3, électricité 2 185 TWh (en 77), fer 46,4 Mt, acier 124 Mt, aluminium 4,4 Mt, automobiles 9,1 M d'unités.
Transports. (*77) : 16 565 M pass./km, 1 206 366 Mt/km. (76) : 109 003 000 + 26 152 000. 16 188 000 tjb. (77) : 53 110 M pass./km.
Information. (75) : 1 812 quotidiens ; tirage global : 61 222 000. (75) : *402 000 000. (75) : *121 100 000. (77) : 162 072 000.
Santé. (76) : 248 443. Mté inf. (77) : 14.
Éducation. (76). Prim. : *25 928 000. Sec. et techn. : *20 355 000. Sup. (75) : 11 184 859.
Armée.  : 2 022 000.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1787. Président et chef de l'exécutif : Jimmy Carter, élu le 2 novembre 1976 ; succède à Gerald Ford.

À la veille des élections, coup d'arrêt à la détente et crise de confiance avec l'Europe

Année charnière, riche en paradoxes et en rebondissements, au cours de laquelle les États-Unis ont changé de visage, leur président de politique, leur opinion publique d'état d'esprit. Une année appelée à modifier durablement les données de l'équilibre mondial.