Le premier, leader de l'Union démocratique populaire (UDP), coalition de centre gauche légèrement majoritaire au sein de l'électorat, entend imposer, par tous les moyens de pression possibles, une victoire qu'il estime déformée par la fraude électorale. Le second veut, quant à lui, profiter de l'avantage dont dispose au Congrès son parti, le MNR historique (Mouvement nationaliste révolutionnaire) : avantage qui lui est contesté dans la mesure où il résulte d'un découpage des circonscriptions électorales favorable aux départements les moins peuplés et les moins urbanisés, et par conséquent à cette formation conservatrice. L'impasse est totale.

Intransigeance

Paralysé par l'intransigeance des deux rivaux, impressionné par le succès de la grève générale lancée par la Confédération ouvrière bolivienne pour soutenir Siles Suazo, sous la menace d'un coup d'État militaire, le Congrès se résigne à choisir un président par intérim.

Dans la nuit du 7 au 8 août, après des séances houleuses, le président du Sénat, Walter Guevara Arce, accède à la magistrature suprême, avec l'appui de l'UDP, favorable à toute solution écartant le chef du MNR, et de l'Action démocratique nationale (ADN) du général Banzer. W. Guevara, vieux conservateur et ancien du MNR, avait fondé le Parti révolutionnaire authentique pour mieux servir ses ambitions politiques et il s'était ensuite rallié à Paz Estenssoro. Il devait rester au pouvoir jusqu'aux nouvelles élections, prévues pour mai 1981, après révision du système électoral. Il n'y parvient pas, car il est renversé, dès le 1er novembre, par le colonel Natusch Busch, un ancien ministre du président Banzer.

Le nouveau chef de l'État n'est soutenu que par une fraction de l'armée face à l'hostilité générale des partis politiques, de l'Église et des syndicats. Le président déchu, qui forme un gouvernement clandestin, internationalise la crise en demandant l'appui des pays andins. Les États-Unis suspendent leur aide militaire et l'essentiel de leur aide économique pour 1980. Juan Lechin, le vieux leader de la COB, de son côté, ordonne une grève générale qui donne lieu à de sérieux affrontements. Cette grève se termine le 7 novembre lorsque Natusch accepte de libérer toutes les personnes arrêtées depuis le coup d'État, de rétablir les libertés politiques et syndicales, de rouvrir le Congrès, fermé depuis le 3 novembre, et surtout d'envisager son remplacement.

Dénouement

La mise en place d'un triumvirat associant le colonel Natusch, un membre du Congrès et un représentant de la COB est un moment envisagée et encouragée par l'Église catholique qui se pose en médiateur. Cette solution, qui ne fait pas l'unanimité, se heurte à Guevara lui-même, qui se proclame toujours président. Le dénouement de la crise intervient le 16 novembre, à la suite de longues négociations entre le gouvernement, les syndicats et les parlementaires. Le Congrès investit la présidente de l'Assemblée, Lidia Gueiler, d'une présidence une fois de plus intérimaire, qui doit s'achever le 6 août 1981 après les élections générales du 29 juin qui ont lieu au terme d'une campagne électorale agitée. Des incidents graves ont lieu le 17 juin, à Santa Cruz, fief traditionnel des militaires conservateurs. Jusqu'au dernier moment circulent des rumeurs de coup d'État.

Aucun des 13 candidats à la présidence n'obtient la majorité absolue, et c'est encore Siles Suazo, candidat de l'UDP, qui arrive en tête avec environ un tiers des voix. Début août, le Congrès devra donc choisir le chef de l'État. Le général Banzer et V. Paz Estenssoro pourraient s'unir pour bloquer la victoire du candidat progressiste. Une solution qui pourrait déchaîner la fureur des électeurs, une fois de plus frustrés. Des affrontements graves sont à craindre dans ce pays où les militaires durs ont, depuis un an, réussi à renforcer leur position avec le général Garcia, qui préconise l'intervention militaire pour éviter « l'installation au cœur de l'Amérique d'un foyer d'anarchie et de subversion internationale ».

Brésil

Brasilia. 115 400 000. 14. *2,8 %.
Économie. PIB (77) : 1 482. Productions (77) : A 10 + I 31 + S 59. Énerg. (76) : 731. CE (77) : 7 %.
Transports. (*77) : 11 699 M pass./km, 60 721 Mt/km. (76) : 5 916 300 + 1 397 200.  : 3 702 000 tjb. (77) : 4 287 M pass./km.
Information. (73) : 280 quotidiens ; tirage global : 4 050 000. (75) : *16 980 000. (76) :*10 525 000. (75) : 1 080 900 fauteuils ; fréquentation : 275,5 M. (77) : 4 836 000.
Santé. (74) : 62 743.
Éducation. (74). Prim. : 19 286 611. Sec. et techn. : 1 681 728. Sup. (76) : 1 316 640.
Armée.  : 281 000.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution du 30 octobre 1969. Président et chef de l'exécutif : général João Baptista de Figueiredo, élu le 15 octobre 1978 ; succède au général Ernesto Geisel.

Agitation sociale et inflation accompagnent le retour à la vie démocratique

Le président João Figueiredo continue de mettre en place sa politique d'ouverture démocratique. Après de laborieuses négociations, il présente un projet d'amnistie dont les restrictions suscitent l'irritation d'une grande partie de l'opinion brésilienne. Le point le plus controversé est l'exclusion des « auteurs de crimes de terrorisme ou d'enlèvement », alors que les tortionnaires des différentes polices politiques et organisations paramilitaires reçoivent l'absolution. Le chef de l'État laisse néanmoins entendre que certains des exclus pourront bénéficier de mesures de pardon.