Le conseiller de Carter pour les affaires de sécurité, Zbigniew Brzezinski, qui, pour sa part, est allé en visite officielle au Pakistan et en Arabie Saoudite début février, lance lui aussi, le 12 mars 1980, un appel à l'Europe occidentale et au Japon pour qu'ils réagissent de façon « tangible » au « défi » soviétique en Afghanistan.

L'une des divergences qui persistent entre les États-Unis et certains de leurs alliés porte sur la question du boycottage des jeux Olympiques de Moscou. Dès le 16 janvier, Carter a fait savoir clairement que les États-Unis ne devraient pas participer aux JO si les troupes soviétiques ne se retiraient pas d'Afghanistan. Cette idée, bien accueillie par l'opinion, a vite fait son chemin et, fin janvier, la Chambre des représentants, puis le Sénat se sont prononcés en faveur de la non-participation des athlètes américains Et, le 12 avril, à une majorité des deux tiers des mandats, le comité olympique des États-Unis (USOC) décide, à Colorado Springs (Colorado), de boycotter les Jeux de Moscou.

Le sommet Giscard-Brejnev de Varsovie et la décision des sportifs français de se rendre à Moscou contribuent, en mai, à tendre les rapports entre les États-Unis et Paris, accusé par Muskie d'affaiblir la solidarité atlantique face à l'URSS. Peu après, Carter, toujours désireux de surmonter la crise de confiance créée entre son pays et les capitales européennes à la suite des affaires afghane et iranienne, annonce qu'il profitera de la conférence des pays industrialisés à Venise (22 et 23 juin) pour se rendre à Rome, Madrid et Lisbonne, ainsi qu'à Belgrade.

Retour à l'OIT

Le 18 février 1980, les États-Unis reprennent à Genève leur place à l'Organisation internationale du travail, qu'ils avaient quittée le 6 novembre 1977. La Maison-Blanche indique que le retrait américain était justifié par le fait que l'OIT « s'était trop éloignée de ses principes fondamentaux et de ses objectifs », mais que, depuis deux ans et demi, « une majorité de membres de l'organisation internationale, gouvernements, représentants des travailleurs et du patronat, se sont attachés avec succès à redonner à l'OIT ses objectifs d'origine » (Journal de l'année 1977-78).

Otages

Le 4 novembre 1979 éclate à Téhéran ce qui va devenir la plus longue prise d'otages de notre époque, constituer une grave crise aux rebondissements multiples entre le nouveau régime iranien et Washington, et jouer un rôle de catalyseur sur l'opinion publique américaine en libérant celle-ci de ce que l'on a appelé le syndrome vietnamien. En même temps, cette affaire va permettre, paradoxalement, à Jimmy Carter de redresser la barre et de refaire l'union sacrée de ses compatriotes.

Les répercussions du coup de force des étudiants islamiques sont immédiates aux États-Unis. Des manifestants descendent dans les rues des grandes villes, et des affrontements se produisent entre Américains et Iraniens.

Après l'échec de plusieurs tentatives de médiation, en particulier du Vatican et de l'OLP, Carter, devançant une décision d'embargo de Téhéran, annonce le 12 novembre l'arrêt des importations de pétrole iranien. Le 14 novembre, la Maison-Blanche durcit encore sa position : elle gèle tous les avoirs officiels iraniens aux États-Unis, ordonne l'expulsion des étudiants iraniens en situation irrégulière, puis laisse entendre que le recours à la force n'est pas exclu. Le gouvernement de Washington fait notamment savoir que le porte-avions Kitty Hawk et cinq unités de guerre américaines se rapprochent de l'Iran.

L'opinion publique applaudit à toutes ces mesures. Carter, dont la cote de popularité se redresse de jour en jour, porte alors l'affaire devant la communauté internationale. Le 1er décembre, le représentant américain aux Nations unies, Donald McHenry, déclare devant le Conseil de sécurité : « Le peuple américain est en colère. » Le Conseil de sécurité et la Cour internationale de La Haye demandent aux Iraniens de libérer les otages. Khomeiny leur oppose une fin de non-recevoir.

Le 15 décembre, le départ de l'ex-chah pour l'île panaméenne de Contadora bouleverse les données de la crise. Mais, au cours des semaines qui suivent, une relative détente se fait jour. Le 23 janvier 1980, Carter déclare : « Il n'y a aucun différend irréconciliable entre nous et le peuple islamique. » L'annonce des sanctions unilatérales américaines est ajournée. Décision confirmée le 7 février par la Maison-Blanche, qui semble toujours désireuse de régler le problème des otages par la voie diplomatique.

Impasse

Le 13 février, Carter se montre favorable à la mise sur pied d'une commission internationale chargée d'enquêter sur le rôle joué dans le passé par les États-Unis en Iran et les accusations du régime islamique contre l'ex-chah. Les cinq sages arrivent à Téhéran le 23 février, mais en repartent le 11 mars sans avoir pu rencontrer les otages.