Le gel de l'hiver et les mauvaises conditions atmosphériques qui le suivent entraînent la perte de 370 000 ha de blé et de 130 000 ha d'orge, compensée en partie par des semis de maïs, de tournesol et de céréales de printemps. Le déficit atteint quand même 300 000 ha de céréales.

Une épizootie de fièvre aphteuse sévit en basse Normandie. Les pouvoirs publics isolent pratiquement la région et procèdent à l'abattage systématique des animaux vivant dans les fermes contaminées. L'extension de la maladie laisse à penser que la vaccination obligatoire n'a pas été effectuée correctement.

Un coup d'arrêt est donné aux subventions accordées aux bâtiments d'élevage, sauf à ceux des porcs. Pour développer la production de ces derniers, le gouvernement prend de nouvelles mesures d'aides au cours de l'été 1978. Plusieurs manifestations de producteurs de porcs ont lieu jusqu'en mars 1979 pour la suppression des montants compensatoires monétaires : à Pontivy, où il y a une quinzaine de blessés ; à Arras et à Vassy, lieu symbolique puisque le président de la République y avait prononcé son discours annonçant la future loi d'orientation. La politique de concertation des organisations professionnelles avec le gouvernement est sérieusement contestée. Des actions ont lieu à la frontière belge afin d'interdire l'entrée du territoire aux porcs belges, danois et néerlandais.

Le ministre de l'Agriculture charge, en décembre, M. Le Roy d'élaborer un nouveau plan de relance de la production porcine. Rendu public en mai 1979, ce plan quinquennal est destiné à enrayer l'augmentation des importations, qui, des 300 000 t actuelles, pourraient atteindre 500 000 t en 1985 et coûter 5 milliards de F. Scénario inacceptable, souligne le rapporteur qui préconise un ensemble de mesures devant réduire les coûts de production trop élevés (compétitivité médiocre) et servir à régulariser le marché ainsi qu'à mieux adapter la production aux besoins du commerce.

Une commission d'audits ausculte l'INRA et estime qu'il est mal utilisé. Il ne fermente pas assez et transmet mal ses travaux. Le nouveau directeur de l'INRA, Jacques Poly, constatant que le modèle agricole français construit à coups de facteurs de production est copié sur celui des États-Unis, lance la formule : pour une agriculture plus économe et plus autonome. Un accord est conclu entre l'Institut Pasteur et l'INRA en vue de faire bénéficier l'agronomie de nouvelles techniques génétiques. Il s'agit, par exemple, de domestiquer des micro-organismes destinés soit à fixer l'azote dans le sol, soit à dégrader des déchets cellulosiques. D'autres études sont menées afin de faire de l'agriculture un producteur d'énergie. Le ministre estime qu'en 1985 elle pourrait fournir 7 millions de TEP, grâce à la paille, les forêts, les fumiers et lisiers. Mais de nouvelles perspectives s'ouvrent pour l'alcool, qu'il provienne des betteraves, du maïs, du sorgho sucrier...

Un plan de première urgence pour l'irrigation et le drainage est adopté, en mai 1979, par le Conseil économique et social. Il s'agit d'irriguer chaque année 100 000 ha et d'en drainer 165 000. Ce qui nécessite de tripler les crédits annuels afin qu'ils atteignent 1 milliard de F. Le retard à combler est important puisque la France méridionale n'irrigue que 10,5 % de sa surface (4,3 % pour la France entière) contre 29 % en Italie et 21 % en Grèce. Quant aux terres drainées, elles ne représentent que 10 % du total contre 65 % aux Pays-Bas, 61 % en Grande-Bretagne et 37 % en Allemagne.

Créé par décret en décembre 1978, le Conseil supérieur de la forêt est installé en février. Présidé par le conseiller d'État Valery-Radot, il sera consulté sur les grands problèmes et les orientations de la politique forestière. En avril, un comité interministériel arrête une série de mesures tendant à accroître la productivité de la filière bois. La production de bois d'œuvre devra passer de 28 à 40 millions de m3 d'ici à cinq ans. L'utilisation du bois comme source d'énergie sera encouragée et les études sur les transformations de la biomasse en méthanol seront intensifiées.

Loi d'orientation

Annoncée par le président de la République dans son discours de Vassy (Calvados) en décembre 1977 (Journal de l'année 1976-77), la préparation du projet de loi d'orientation accapare les esprits tant du ministère de l'Agriculture que de la profession. Comme prévu, Pierre Méhaignerie dresse, avant la sortie du projet, le bilan des lois précédentes de 1960 et 1962.