Parallèlement, le marché français des véhicules d'occasion a représenté plus de 3 900 000 transactions au cours de l'année 1978. Ainsi l'automobile a-t-elle continué de s'affirmer comme un élément d'équipement souvent prioritaire dans les ménages, quelle que soit la conjoncture et bien qu'il ne s'agisse, affirment les spécialistes, que d'un « marché de renouvellement » et non de la conquête d'une importante clientèle nouvelle.

La progression du taux des ménages équipés d'une voiture au moins s'est donc poursuivie pour frôler la proportion de 70 %, tandis que 16 % des ménages disposent de deux ou plusieurs voitures.

La prospérité du marché intérieur de l'automobile n'a certainement pas été étrangère à nos succès à l'exportation. Et, en 1978, c'est 57 % de notre production totale qui ont été vendus hors des frontières, soit 2 080 684 unités.

Ces exportations ont atteint 48 milliards de F, en progrès de 13,4 % par rapport à l'année précédente. Les importations ont moins augmenté que les exportations (plus 11,5 % en 1978) et leur montant, 24 milliards, ne représente que la moitié du chiffre des exportations.

Le solde du commerce extérieur automobile approche les 24 milliards de F, marquant une progression de 15,3 % d'une année à l'autre. Quand on se souvient que l'accroissement avait déjà été de 32 % en 1977, on ne peut que constater l'excellence de ce résultat. Enfin, l'excédent de devises dégagé par le secteur automobile compense pour près de la moitié la facture pétrolière totale de la France, laquelle s'est élevée en 1978 à 54,1 milliards de F. Les exportations du secteur automobile représentent environ 13,8 % des exportations totales de la France.

Offensive dangereuse

Et pourtant les constructeurs français n'éprouvent pas une confiance totale en l'avenir. Les capitaux considérables que leurs collègues américains ont décidé, sous la pression de leur gouvernement, de consacrer à la recherche et à la production de voitures non polluantes consommant moins de dix litres de carburant aux cent kilomètres présagent une offensive dangereuse sur tous les marchés du monde y compris la France.

Les petites voitures américaines auxquelles il était permis de ne pas croire en 1977 vont être construites non seulement sur le sol des États-Unis, mais aussi en Europe (Opel en RFA, Ford en Hollande, en Grande-Bretagne, partiellement en France, General Motors au Portugal et en Autriche). Il en résultera une production de séries tellement massives que les prix s'en ressentiront.

Quant à la menace japonaise, qui peut paraître minime sur le marché français en fonction des chiffres, d'ailleurs en recul de 1978 (1,8 % des immatriculations et seulement 8,7 % de l'ensemble de nos importations), nos constructeurs la décèlent sur les marchés étrangers. Les efforts japonais pour contrecarrer l'offensive américaine menaceront en effet bientôt nos exportations.

Ces raisons expliquent en grande partie pourquoi la nouvelle a éclaté au second semestre 1978 selon laquelle Peugeot-Citroën (PSA) avait résolu de racheter Chrysler-Simca-Europe, c'est-à-dire non seulement les usines situées en France, mais aussi les usines de Grande-Bretagne et d'Espagne. Le groupe a retenu le nom de Talbot pour remplacer celui de Chrysler.

Passons sur les détails de cet accord entre Chrysler et PSA, qui implique d'ailleurs des participations croisées, pour n'en retenir que l'essentiel : les dirigeants de Peugeot-Citroën, approuvés par le gouvernement, ont été convaincus que seule l'existence d'un groupe privé unique, à côté de la Régie nationale Renault, permettait d'aborder la concurrence des prochaines années avec quelques chances de résister.

Dans le domaine des poids lourds, où l'industrie française a connu en 1978 comme en 1977 les plus graves difficultés, c'est la Régie qui a été chargée par le gouvernement de réunir en un seul groupe Berliet et Saviem-Renault sous le nom de Renault-Véhicules industriels.

Un accord de coopération entre Renault-Saviem et le constructeur américain de poids lourds Mack a été signé le 16 mars 1979, Renault-Saviem assurant la fabrication des véhicules utilitaires de bas de gamme.

Création d'emplois

Les deux grandes firmes américaines General Motors et Ford ont formé le projet d'accentuer leur implantation industrielle en Europe. Dans un premier temps, l'opération a paru bénéfique aux autorités françaises, dans la mesure où elle permettait la création d'emplois dans les zones en crise (Nord et Lorraine). Mais les deux groupes français ont déconseillé l'octroi d'une importante aide publique à des firmes dont la production eût alors concurrencé celle de PSA et de Renault.