Dans une situation qui demeure trouble, Ali Bhutto annonce, le 13 mai, qu'il en appelle à l'arbitrage du peuple, invité a se prononcer par référendum sur l'« opportunité de son maintien au pouvoir ». Ce projet, que refuse l'opposition, est adopté par le Parlement. La consultation aura lieu avant le 30 septembre 1977. La crise est, très provisoirement, dénouée. Ali Bhutto ordonne même, le 17 juin, la libération des 13 000 personnes incarcérées depuis le début des troubles politiques. 1 500 usines de traitement du riz, étatisées en 1976, sont rendues au secteur privé.

Le 3 juin, la Cour suprême confirme le jugement de la Haute Cour qui, la veille, à l'unanimité, avait déclaré non constitutionnelle la loi martiale décrétée le 22 avril à Lahore ainsi qu'à Karachi et Hyderabad.

Réforme agraire

S'affirmant partisan d'une « société égalitaire », Ali Bhutto a mis en chantier, quelques semaines avant les élections (5 janvier), une réforme agraire ramenant le plafond de la propriété terrienne de 60 à 50 ha, mais les grands domaines familiaux ne sont pas affectés par ces mesures. Il est, en outre, prévu de redistribuer 5 millions d'ha appartenant à l'État. La politique de contrôle des naissances, qui se heurte à de vifs préjugés religieux, reste toujours aussi infructueuse. La progression démographique (34 ‰) demeure l'une des plus fortes au monde.

Deux faits divers sont à relever : le 7 septembre 1976, Ali Bhutto demande à la Grande-Bretagne de restituer à son pays le Koh I-Noor, l'un des plus beaux diamants du monde, acquis en 1849 par la Compagnie des Indes orientales, et, le 20 septembre, plusieurs dizaines d'émigrants clandestins pakistanais périssent, en se jetant à l'eau à l'arrivée de la police, au large d'Abou Dhabi. Ce tragique accident témoigne de l'ampleur des migrations de main-d'œuvre entre le Pakistan et le golfe Persique.

Philippines

Quezon City. 42 510 000. 141. 3,3 %.
Économie. PIB (74) : 359. Production (74) : G 127 + A 145 + I 130. Énerg. (*74) : 309. C.E. (74) : 19 %.
Transports. (*74) : 899 M pass./km, 70 M t/km. (*74) : 362 500 + 247 300.  : 879 000 tjb. (74) : 1 200 M pass./km.
Information. (71) : 18 quotidiens ; tirage global : 785 000. (73) : *1 850 000. (73) : *450 000. (74) : 446 000.
Santé. (70) : 14 000. Mté inf. (74) : 58,9.
Éducation. (72). Prim. : 7 622 424. Sec. et techn. : 1 791 176. Sup. : 678 343.
Institutions. République indépendante le 4 juillet 1946. Constitution du 17 janvier 1973, approuvée par référendum le 28 juillet 1973, autorise le chef de l'État à rester « indéfiniment » en fonctions. Président et chef de l'exécutif : Ferdinand Marcos, réélu le 11 novembre 1969 ; succède à Diosdado Macapagal.

Musulmans

Vieille de cinq ans, l'insurrection armée des musulmans du Sud de l'archipel, animée par le Front national de libération moro (MNLF), reste la préoccupation majeure du président Marcos.

L'espoir de paix ne dure que quelques mois. Le 24 décembre 1976, après plusieurs semaines de conversations, un « accord de principe », préliminaire et provisoire, est signé à Tripoli, entre Carmelo Barbero, secrétaire d'État à la Défense philippin, et Nur Misuari, président du comité central du Front, avec la bénédiction du colonel Kadhafi, principal pourvoyeur en armes de la rébellion. L'accord prévoit un statut de semi-autonomie pour treize provinces méridionales : les musulmans auront leur gouvernement, leur assemblée, leurs tribunaux, leurs écoles. Mais Manille ne fait pas droit à toutes leurs revendications. La force de sécurité locale sera placée sous le contrôle de l'armée nationale. Le cessez-le-feu semble respecté, mais des ambiguïtés subsistent.

Ferdinand Marcos annonce, le 4 janvier 1977, qu'un référendum permettra à la population de l'île de Mindanao de se prononcer sur l'instauration d'une « région musulmane autonome ». Le Front rejette cette procédure ; selon lui, elle ne figure pas dans l'accord. Le Front sait que les musulmans sont majoritaires dans seulement cinq des treize provinces et il exige le contrôle de Mindanao, de l'archipel de Sulu et de l'île de Palawan, ensemble territorial qui correspond à l'ancien empire islamique. Le référendum se tient néanmoins, le 17 avril 1977, sans la participation du Front. Les négociations entre le gouvernement et les rebelles sont interrompues le 30 avril.

Plébiscite

Auparavant, soucieux de renforcer son autorité en perpétuant le statu quo politique, le chef de l'État organise un plébiscite, qui se déroule le 17 octobre 1976. Le vote est obligatoire, sous peine d'un emprisonnement de six mois, et les résultats sont largement favorables au pouvoir. En conséquence, le sénateur Begnino Aquino, figure de proue de l'opposition, reste en détention, et il n'est pas question de suspendre la loi martiale (proclamée en 1972). Sensible, sans doute, aux critiques de l'étranger, Ferdinand Marcos chasse de l'armée 19 officiers et 300 soldats accusés notamment d'avoir « maltraité des détenus » en novembre 1976.