Le succès le plus éclatant de la diplomatie de Riyad se situe cependant au Liban, où l'Arabie Saoudite réussit à imposer la paix au moment même où les forces syriennes convergent sur Beyrouth. Le roi Khaled convoque à Riyad, le 16 octobre 1976, les principaux intéressés et les somme d'interrompre immédiatement les combats. Alternant les mises en garde et les promesses d'aide économique, il réussit le tour de force de réconcilier les présidents Sadate et Assad. Le chef de l'État syrien renonce, en outre, à son projet de liquider la résistance palestinienne au Liban, et Y. Arafat prend ses distances à l'égard de la gauche libanaise. Réunis au Caire du 18 au 25 octobre, les chefs d'État arabe n'auront plus qu'à entériner les « décisions de Riyad ».

Modération

L'initiative saoudienne au Liban fait partie d'une stratégie plus vaste, dont l'objectif est d'unifier les Arabes en vue d'une reprise éventuelle de la conférence de Genève. Les dirigeants de Riyad ne cachent pas qu'ils redoutent les conséquences d'une impasse prolongée. Depuis la mort du roi Fayçal, ils ont considérablement modéré leur attitude à l'égard de l'État juif et affirment vouloir « en finir une fois pour toutes avec le conflit ». Ils espèrent que les États-Unis pourront convaincre Jérusalem d'adopter des positions plus réalistes. En échange, ils s'engagent à tout faire pour empêcher, dans le cadre de l'OPEP, toute mesure qui pourrait aggraver la crise économique que connaît l'Occident.

À Doha, le 17 décembre 1976, l'Arabie Saoudite tient parole au cours de la conférence des ministres du pétrole de l'OPEP qui débouche sur l'instauration d'un double prix du brut : Riyad et Abou Dhabi, qui commercialisent environ le tiers du pétrole, décident de s'en tenir à une hausse de 5 %, tandis que les onze autres membres de l'organisation décident d'augmenter leur brut de 10 %, cette hausse devant être suivie d'une nouvelle majoration de 5 % le 1er juillet 1977.

Le ministre saoudien du pétrole, cheikh Yamani, assure que cette décision n'a aucune motivation politique. Il ajoute, cependant, qu'il espère que le geste de son pays sera apprécié par l'Occident et que « cela se concrétisera dans deux directions, le dialogue Nord-Sud et le conflit israélo-arabe ». Tandis que l'Iraq accuse les Saoudiens d'avoir voulu imposer le gel des prix comme caution pour la mise en œuvre des projets de règlement du problème du Proche-Orient, le président Ford félicite alors l'Arabie Saoudite pour sa position modérée, et le président Giscard (attendu en visite officielle à Riyad en janvier) estime que la diplomatie saoudienne « joue maintenant un rôle très positif » au Proche-Orient. Certains propos du cheikh Yamani expriment la préoccupation de son pays au sujet d'une éventuelle prise de pouvoir par la gauche en France ou en Italie.

Au début de juin 1977, malgré l'échec du dialogue Nord-Sud, l'Arabie Saoudite persiste dans la voie de la modération. Fin juin, un compromis s'ébauche « dans l'intérêt de l'unité de l'OPEP ». Les durs (à l'exception de l'Iraq et de la Libye) renoncent à la hausse supplémentaire de 5 % du 1er juillet. L'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, pour leur part, augmentent le prix de leur pétrole de 5 %, mettant ainsi pratiquement fin au double prix.

Le prince Fahd

Sur le plan intérieur, l'événement marquant du début de 1977 est l'effacement relatif du roi Khaled, qui, souffrant d'une grave affection à la hanche, a dû s'absenter du pays pendant près de deux mois. Des rumeurs persistantes sur son éventuelle abdication ont été démenties énergiquement, mais il est certain que la précarité de son état de santé, qui est réelle, ne manquera pas d'accroître le rôle que joue, dans les affaires du royaume, le prince héritier Fahd, connu pour ses idées avancées et ses sympathies à l'égard des États-Unis. Sur le plan économique, des mesures ont été prises en février pour mettre un terme aux « profits abusifs » des sociétés étrangères qui offrent leurs services à des coûts excessifs. Plusieurs contrats ont été annulés, et des offres soupçonnées d'être à des prix supérieurs à ceux pratiqués sur le marché international ont été révisées. De même, les intermédiaires ont été interdits. Les sociétés étrangères ne pourront plus désormais avoir que des « représentants » saoudiens, dont l'activité a été strictement réglementée par une nouvelle législation.

Bahreïn

Manana. 260 000. 392.
Économie. PNB (70) : 1 136. Énerg. (*74) : 11 819.
Transports. (*74) : 19 600 + 7 200.
Information. (73) : *80 000. (73) : *18 000. (73) : 10 500 fauteuils ; fréquentation : 2 M. (74) : 22 000.
Santé. (73) : 148.
Éducation. (73). Prim. : 41 631. Sec. et techn. : 16 657. Sup. : 612.
Institutions. État indépendant le 15 août 1971. Constitution du 6 décembre 1973. Le Parlement est dissous le 27 août 1975. Chef de l'État et président du conseil d'État : cheikh Issa ben Salman el-Khalifa.

Bangladesh

Dacca. 76 820 000. 540.
Économie. PIB (72) : 79. Production : G(73) 103 + A(74) 115. Énerg. (*74) : 31. C.E. (72) : 6 %.
Transports. (73) : 3 331 M pass./km, 639 M t/km. (72) : 31 700 + 24 800.  : 133 000 tjb.
Information. (73) : 22 quotidiens. (72) : 48 000.
Santé. (73) : 7 663.
Éducation. Prim. (73) : 7 750 000. Sec. et techn. (73) : 2 265 469. Sup. : 117 603.
Institutions. État indépendant le 16 décembre 1971. Constitution du 16 décembre 1972, amendée en janvier 1975 et en avril 1977, transformant la république islamique en État islamique. Chef de l'État : général Ziaur Rahman, qui exerce également les fonctions d'Administrateur de la loi martiale et de chef d'état-major des forces armées ; il succède au président Abusadat Mohamed Sayem, démissionnaire pour raison de santé et qui l'a lui-même désigné, le 21 avril 1977, comme son successeur. Vice-président : Abdus Sattar, nommé le 3 juin 1977.

Consolidation

Prévisible depuis de longs mois, un changement intervient dans l'équipe dirigeante. L'homme fort du régime, le général Ziaur Rahman, s'empare de tous les leviers de commande. Une simple retouche aux textes constitutionnels, le 26 avril 1977, lui permet de se faire désigner chef de l'État par Mohamed Sayem, qui démissionne. Avec le titre d'Administrateur de la loi martiale, fonction qu'il avait reprise, le 29 novembre 1976, au président de la République, M. Sayem, il a réussi à concentrer tous les pouvoirs entre ses mains. Le général Ziaur Rahman avait, auparavant, fait arrêter une dizaine de personnalités, accusées « d'activités préjudiciables à l'État », dont l'ancien président Moshtaque Ahmed. Celui-ci sera condamné à 5 ans de prison, le 24 février 1977.