Ce règlement satisfait quatre des protagonistes : le président Sadate obtient que la Syrie cesse d'attaquer l'accord israélo-égyptien sur le Sinaï et que le statut territorial du Liban soit maintenu ; le président Assad fait entériner par le monde arabe son intervention militaire au Liban, légalisée et acceptée ; Arafat évite le pire sur le plan militaire, et l'OLP est reconfirmée comme « seul représentant des Palestiniens » ; le président Sarkis reçoit des fonds et le commandement (théorique) des forces arabes d'intervention.

Mais l'accord de Riyad oublie délibérément deux des acteurs principaux du drame libanais : le front des partis progressistes dirigé par Kamal Joumblatt ne reçoit aucune satisfaction ; les formations chrétiennes savent désormais qu'elles ne pourront plus, comme elles le souhaitaient, chasser complètement les Palestiniens du Liban. Sont-ce là deux éléments de nature à faire échouer l'accord ?

Paix syrienne

On se rend vite compte que non. Rapidement, l'armée syrienne s'impose dans tout le pays en tant que pacificateur botté. Le 8 décembre 1976, le nouveau Premier ministre Selim Hoss, musulman sunnite, forme un gouvernement de techniciens et de gestionnaires, qui a la tâche de reconstruire les structures économiques et sociales. La réunification politique ne suit pas. On vit toujours chacun chez soi, dans un Beyrouth qui reste coupé en deux. Certes, l'ordre règne. Mais au prix d'un contrôle militaire syrien serré et d'une lourde censure : huit journaux sont suspendus en une seule semaine.

Dans cette paix syrienne armée, deux exceptions pourtant :
– d'abord l'assassinat, le 17 mars 1977, du leader de la gauche libanaise Kamal Joumblatt, connu pour son opposition à l'occupation syrienne. Sa mort déclenche émotion, fureur et représailles : 68 chrétiens sont tués. L'armée syrienne reprend vite la situation en main ;
– l'autre exception, de taille, concerne le sud du Liban. Depuis environ un an, la frontière libano-israélienne s'est en effet entrouverte, d'une curieuse manière. Venus chercher des soins, du ravitaillement, et bientôt des armes, les chrétiens du sud du Liban sont entrés en Israël, en général au poste de Dovev.

Israël s'érige alors en « protecteur » du Liban-Sud chrétien, proclame à plusieurs reprises qu'il s'agit d'un no man's land et qu'aucune armée, syrienne, arabe ou palestinienne, ne doit y pénétrer. À intervalles réguliers, de violents combats ont donc lieu dans le Sud, les chrétiens défendant leurs villages sous la protection de l'artillerie israélienne, les Palestiniens essayant de reconquérir ce qui fut autrefois leur principale base de départ contre Israël.

La Syrie, longtemps absente du secteur, rétablit en avril un statu quo ante, qui limite un peu l'expansion chrétienne mais qui a, on le sent bien, l'aval d'Israël. Puis, l'armée syrienne se retire au-delà de la ligne rouge, au nord du Litani.

De toute évidence, en juin 1977, la paix qui règne au Liban est une paix fragile et fausse, puisqu'elle n'a réglé aucun des vrais problèmes. Mais la guerre a fait, en deux ans, 60 000 morts, 200 000 blessés, 1 700 000 sinistrés et des milliards de dollars de dégâts, sans compter un énorme capital de haine accumulée. Alors, pensent les Libanais, tout vaut mieux que la poursuite de cette guerre-là.

Les Palestiniens

Jamais sans doute les Palestiniens n'auront connu une période plus sombre que ce dernier semestre 1976.

Tutelle

Le bilan de la guerre du Liban est très lourd. Sur le plan militaire, les Palestiniens ont eu 10 000 morts (dont 3 à 4 000 combattants), 30 000 civils ont été déplacés, 15 000 combattants sont bloqués dans l'Arkoub. Sur le plan politique, l'OLP est désormais soumise à une étroite tutelle syrienne et elle ne dispose plus dans aucun pays d'une véritable liberté de manœuvre. Il lui faut se réconcilier avec ses adversaires d'hier et donner à ceux qui l'ont sauvée des preuves de bonne volonté. La réunion du Conseil central palestinien à Damas, le 12 décembre, est marquée par la réconciliation entre Arafat et son ennemi juré, Zouheir Mohsen, chef de la Saïka prosyrienne, qui a combattu les forces du Fath au Liban. Arafat rencontre également Assad. De même, le 22 février 1 977, Khaled Fahoum, président du Conseil national palestinien, rencontre à Amman le roi Hussein, avec qui tous les contacts avaient été rompus depuis septembre 1970. En même temps, des signes de modération apparaissent : des contacts secrets ont lieu à Paris entre représentants de l'OLP et de la gauche israélienne (ils seront rompus après l'affaire Abou Daoud). On discute beaucoup sur la formation d'un gouvernement en exil, sur la représentation de l'OLP à la conférence de Genève, et Arafat fait savoir que l'OLP est prête à accepter un « mini-État » palestinien en Cisjordanie et à Gaza.

Arafat

Toutefois rien de définitif ne peut être fait sans l'aval du Conseil national palestinien, qui, après bien des atermoiements, se réunit du 12 au 20 mars 1977, au Caire. Ce conseil marque d'abord la réunification du mouvement palestinien après la dure épreuve du Liban : en effet, la plupart des groupes (même le FPLP de Georges Habache, avec des nuances) approuvent la résolution finale en quinze points. Mais cette unanimité n'a été acquise qu'au prix d'ambiguïtés politiques majeures. Ainsi, l'exigence d'un « État démocratique et laïque » dans toute la Palestine n'est pas réaffirmée, mais la Charte nationale, qui refusait à Israël le droit à l'existence, n'est pas modifiée pour autant. De même, l'OLP accepte d'installer un État « sur toute portion du territoire libéré », mais elle ne dit pas si elle se contentera pour toujours de ce « mini-État ». Rien n'est donc clair, sauf une chose : Arafat sort de ce Conseil en vainqueur. Reconfirmé par tous dans son poste de leader (que les Syriens auraient aimé lui voir quitter), il retrouve autorité et prestige. Un prestige qu'il conforte en se rendant, le 4 avril, à Moscou (au moment même où Sadate est à Washington). Le jeu diplomatique palestinien reprend donc entre les grands et entre pays arabes. Il se révèle payant : en juin, le président Carter (en même temps qu'il autorise les ventes d'armes à Israël) affirme avec force que la Cisjordanie, comme le Sinaï et le Golan, fait partie des territoires « à négocier ». Quelques jours plus tard, les neuf pays européens réunis à Londres évoquent à l'unanimité la nécessité d'une « patrie » pour les Palestiniens. Ces deux succès diplomatiques redonnent espoir à Arafat.

Malaysia

Kuala Lumpur. 11 900 000. 36. 2,7 %.
Économie. PIB (73) : 516. Production : A(74) 197 + I(74) 142. Énerg. (*74) : 560. C.E. (73) : 54 %.
Transports. (*74) : 986 M pass./km, 989 M t/km. (*74) : 330 400 + 140 300. (74) : 735 M pass./km.
Information. (73) : 37 quotidiens ; tirage global : *1 097 000. (73) : 462 000. (73) : 359 000. (73) : 385 000 fauteuils ; fréquentation : 136 M. (74) : 258 000.
Santé. (71) : *2 070. Mté inf. (72) : *37.
Éducation. (73). Prim. : *1 900 000. Sec. et techn. (73) : *770 000. Sup. (72) : *24 000.
Institutions. État fédéral (Malaisie, indépendante le 31 août 1957, Sabah et Sarawak, indépendants le 16 septembre 1963). Constitution de 1957, amendée le 3 mars 1971. Souverain : sultan Abdul Halim Mu'azzam chah ; succède le 21 septembre 1970 au sultan Ismaïl Nasiruddin chah. Premier ministre : Hussein Onn.

Retour

La première année de règne d'Hussein Onn à la tête du gouvernement de la Fédération malaysienne est marquée par le retour en force de la vieille garde, islamique et conservatrice, plus ou moins écartée par le précédent Premier ministre, Tun Abdul Razak. En guise de revanche, elle entend éloigner du pouvoir les jeunes politiciens et technocrates progressistes de l'équipe Razak, qu'elle juge « dogmatiques et socialisants ». Ce virage prend parfois l'allure d'une chasse aux sorcières dérisoire, menée par le conseil suprême de l'UMNO (Organisation nationale des Malais unis), principale formation de la coalition gouvernementale, et qui témoigne bien souvent de l'acuité des rivalités de clans et de personnes.