Londres-Bahrein n'étant que l'amorce de la future ligne Londres-Melbourne via Singapour.

Le 9 avril, Air France inaugurait une deuxième ligne : Paris-Caracas, via l'île de Santa Maria dans les Açores. Le 24 mai, s'ouvrait enfin la liaison Paris-Washington, à raison de trois aller et retour par semaine par Air France, et un aller et retour par les British Airways. C'est sur cette ligne que le progrès est le plus spectaculaire : décollant à 20 h (heure locale) de l'aéroport Charles-de-Gaulle, l'appareil remonte le temps et se pose à 17 h 50 sur l'aéroport fédéral ; compte tenu du décalage horaire, la durée du vol est légèrement inférieure à 4 heures, soit moins de la moitié du temps moyen nécessaire aux avions subsoniques (8 h 15 mn).

Levée de boucliers

Si, au plan technique, le succès, de Concorde, devenu évident, a fait oublier les extraordinaires critiques dont il était naguère l'objet, l'avion franco-britannique, par contre, a provoqué une levée de boucliers aux USA de la part des associations pour l'environnement. En février 1 976, après une longue enquête publique, William Coleman, secrétaire d'État américain aux Transports, autorise la mise en service de Concorde à titre provisoire, mais pour seize mois, sur Washington et New York.

L'Autorité du port de New York s'oppose à la décision gouvernementale, et, fin juin 1976, après une sourde bataille juridique, la situation reste confuse. Quant aux British Airways, elles attendent encore l'autorisation de survol du territoire de l'Inde : Concorde devient ainsi un avion politique, les Britanniques étant par ailleurs loin de manifester le même allant que les Français.

Électricité-électronique

Priorité aux télécommunications

Une certaine hésitation teintait encore, à la fin du printemps 1976, les prévisions d'expansion d'un grand nombre de firmes de la construction électrique et de l'électronique.

Pour la première fois depuis trente ans, il est vrai, cette profession avait dû comptabiliser en 1975 un exercice négatif : en volume, la production avait diminué de 0,5 %.

Dès la fin de 1975, pourtant, les professionnels retrouvaient un rythme d'activité plus soutenu, tendance confirmée à la veille de l'été 1976, avec, bien sûr, des situations contrastées selon les secteurs.

Le chiffre d'affaires de la profession, en 1975, s'est élevé à 56 milliards de F (+ 8 %). Grâce aux commandes qui dépendent peu ou prou de l'État (centrales nucléaires classiques, radars, équipement téléphonique...), le secteur du gros équipement électrique a fait un très bon parcours en 1975, et il le poursuit depuis lors. En revanche, les firmes qui concourent à l'équipement industriel (fabricants de moteurs, de transformateurs, etc.) affichent de mauvais résultats (– 5 %). Si elles retrouvent un certain volant d'activité depuis le début de 1976, les nouvelles perspectives deviennent fragiles.

Pour les matériels électroménagers, les ventes ont baissé d'environ 13 % pour les produits blancs (réfrigérateurs, machines à laver, cuisinières) ; elles se sont accrues de 20 % sur les robots électroménagers.

Les bons résultats obtenus sur les marchés extérieurs ont permis à la profession de compenser le recul de la demande intérieure. Les exportations (21,30 milliards de F) ont augmenté d'un tiers, tandis que les importations (13,10 milliards de F) progressaient de 11,50 %.

Pour les exportations et à l'image des industries mécaniques, une nouvelle géographie des acheteurs étrangers se dessine : les pays de l'Est (y compris la Chine et la Yougoslavie) et les pays pétroliers (ceux du Proche-Orient, la Libye et l'Algérie) ont fortement accru leurs achats : + 32 % pour les premiers ; + 61 % pour les seconds. On doute que ces nouveaux courants de trafic puissent se maintenir durablement et aussi profondément. Les neuf pays de la CEE restent toutefois, et de loin, les premiers clients et les premiers fournisseurs de la profession.

Pour les importations, une inquiétude se dessine : elle est due à la concurrence des pays de l'Est et concerne plus particulièrement les moteurs (d'une puissance jusqu'à 500 kWh). Alors que les ventes de ces matériels diminuaient d'un tiers en France, ces pays parvenaient (grâce à leurs prix inférieurs des trois quarts aux prix nationaux) à accroître leur fourniture de 25 %.