Dans les pays socialistes, les progressions, plus planifiées, se sont poursuivies, mais avec modération : URSS (+ 4,2 %), Pologne (+ 3,7 %), Tchécoslovaquie (+ 4,1 %), Roumanie (+ 13,1 %), Chine (+ 11,1 %).

Séquelles

À la fin de l'année 1975, une lente reprise se dessine. En France, depuis le début de l'année 1976, les prix sont relevés (ils ont rattrapé la moitié du chemin perdu en un an), les commandes ont repris sous l'effet de la reconstitution des stocks chez les utilisateurs (+ 10 % seulement, alors qu'elles avaient baissé de 30 %), la production s'est raffermie et a dépassé le niveau des 2 Mt par mois ; le chômage technique a pratiquement disparu depuis le mois d'avril.

Cette crise est-elle comparable à ces coups de chien de la conjoncture comme il s'en produit tous les quatre ou cinq ans sur le marché de l'acier, et après lesquels la production a gagné chaque fois 10 % sur le niveau antérieur ? Il semble bien que non. Car la crise laisse des séquelles préoccupantes. Pour reprendre la formule américaine des débuts du New Deal, « l'air reste empesté de chats morts ».

Les entreprises se sont sérieusement appauvries, et ne retrouveront pas avant l'automne 1976 au mieux leur équilibre d'exploitation.

En dépit des pertes qu'elles subissaient, les entreprises se sont lourdement endettées en continuant à investir, soit pour rajeunir et regrouper leurs installations, soit pour les diversifier et en accroître la productivité. Elles se trouvent plus fragiles au moment où elles sentent que la concurrence va se faire plus âpre.

La parole, au lendemain de la rude épreuve de 1975, sera aux plus forts, d'autant que l'expansion est incertaine, l'exportation aléatoire, et la nécessité de nouveaux équipements de production accablante.

Des pays jusqu'alors acheteurs vont se contenter de leur propre production, ce qui assèche un flot important de petits marchés. Un grand marché, celui des États-Unis, risque de se fermer partiellement sous l'effet d'une vague de protectionnisme qui, au mieux, contingentera les importations par catégories de produits et par zones de provenance.

Concurrence

Seules les entreprises qui fabriquent l'acier au plus bas prix, qui opèrent sur la gamme la plus large de produits et de débouchés, et qui conservent des finances saines pourront se maintenir et sauvegarder leur indépendance. Les autres risquent d'être absorbées ou vassalisées.

Devant la vague de concentrations qui s'annonce et qui pourrait bien porter jusqu'à 20 ou 30 Mt la dimension efficace d'un groupe sidérurgique en Europe, les deux grands producteurs d'acier français, Usinor et Sacilor, qui en sont à 7 Mt, hâtent leur modernisation (le no 1 allemand, Thyssen, fait déjà 15 Mt, le no 1 américain, US Steel, 35 et le no 1 japonais, Nippon Steel, 40). Usinor reconvertit sa sidérurgie de la région de Valenciennes-Denain, Sacilor réinvestit en Lorraine, aux dépens de Fos, moins bien placé sur le marché.

Deux moyens producteurs, la Chiers (produits longs) et Châtillon (produits plats), fusionnent sous la houlette de la Banque de Paris, structure d'accueil d'un rassemblement ouvert, bien sûr, à d'autres partenaires par la suite ; mais aujourd'hui il demeure mineur, avec une production de 2 Mt de métal.

Enfin et surtout, l'évolution des structures de la sidérurgie en Europe a été marquée, en 1975-1976, parla naissance d'un groupement hybride (ambigu et surprenant, a dit Jacques Ferry, président de la Sidérurgie française) entre producteurs allemands, luxembourgeois, néerlandais et flamands. Simple association de défense ou amorce d'un véritable cartel ? On l'ignore. Une chose est certaine : d'une part la coupure d'avec la sidérurgie du reste de l'Europe des Neuf, sous le prétexte avoué qu'elle est dans la main des États nationaux et ne joue pas le jeu du vrai libéralisme, et, d'autre part, la volonté affirmée de parvenir dans cette structure à des accords de rationalisation entre adhérents.

On n'est pas loin du cartel, qui naît de la faiblesse avérée de l'institution européenne, mais qui, en même temps, oblige les autres sidérurgies à aller dans le même sens, soit ensemble, soit chacune soutenue par l'État dont elle relève.

Aérospatiale

Progressions satisfaisantes

L'industrie aérospatiale française continue en 1975 à afficher des résultats très satisfaisants : elle enregistre 9,21 milliards de F (hors taxes) de commandes à l'exportation, soit légèrement moins qu'en 1974, année considérée comme très exceptionnelle avec 7,3 milliards de F de commandes arabes sur un total de 10,42 milliards. Par rapport au montant global des commandes obtenues de 1966 à 1975 (48 milliards de F), le résultat de 1975 est excellent.