Malgré le ballet qui a occupé l'essentiel de leur temps, les deux équipages ont pu se livrer à des expériences biologiques (croissance et développement de champignons et de bactéries dans le milieu atmosphérique des cabines), astronomiques, géographiques, voire métallurgiques (à l'aide d'un four électrique emporté par Apollo).

L'Europe spatiale

Au Centre spatial guyanais de Kourou, le 27 septembre 1975, la dernière fusée Diamant a lancé le satellite français Aura (de Au, symbole de l'or dont l'engin est plaqué, et de , nom du Soleil chez les Égyptiens au temps des pharaons). Ce satellite astronomique de 106 kg, dont 32,5 d'appareils scientifiques, a été placé sur une orbite de 503 à 715 km d'où il étudie le rayonnement ultraviolet du Soleil et des étoiles de la Galaxie. Ses équipements lui permettent aussi de nous renseigner sur la composition de la haute atmosphère terrestre.

Avec cette satellisation, une page de la recherche spatiale française est tournée. Il n'y a plus d'autres satellisations programmées à Kourou pour les prochaines années ; la carrière de ces brillants lanceurs qu'ont été les Diamant semble arrivée à son terme. Et certains de constater amèrement que les pays européens ont fait satelliser 18 engins par des fusées américaines Scout, dont les performances ne sont pas meilleures que celles du lanceur français.

À Kourou, où les effectifs ont été ramenés à 424 personnes (dont seulement 92 sont des spécialistes du CNES), on procède maintenant aux aménagements qui permettront, dans quelques années, le montage et le lancement des fusées françaises Ariane, destinées à lancer les satellites de l'Agence spatiale européenne ou ASE (Journal de l'année 1974-75). La réalisation de cette fusée est entrée dans une phase très active.

À Vernon (Eure), des bancs d'essai ont été construits, dont l'un, avec ses 60 m, est le plus grand d'Europe. Le moteur Viking qui doit propulser le premier étage de ce lanceur a subi de fréquents essais au sol. En tout, cette fusée coûtera quelque 4 milliards de F. La participation des différents pays dans son financement est de : 62,50 % pour la France, 20,12 % pour l'Allemagne fédérale, 5 % pour la Belgique, 2,47 % pour la Grande-Bretagne et 9,91 % pour les autres participants.

Le budget du CNES pour 1976 (1 092,9 millions de F) est à peine supérieur à celui de 1975 (1 085,1 millions) et, donc, inférieur si l'on tient compte de l'érosion monétaire. Aucun programme nouveau spécifiquement français n'est prévu. Environ 90 % des crédits seront absorbés par les différents programmes européens ou bilatéraux. À lui seul le lanceur Ariane se voit affecter le tiers du budget : 332,6 millions.

Après une longue et incertaine gestation, l'Agence spatiale européenne fonctionne sans accrocs. Plusieurs programmes européens sont en cours. Outre le lanceur Ariane, citons les projets Aérosat et Marots (respectivement satellites d'aide à la navigation aérienne et maritime), Météosat (satellite météorologique), Spacelab (laboratoire orbital), Télécom (satellites de télécommunications) et plusieurs projets de satellites scientifiques.

L'exploration des planètes

Un mot d'abord sur les sondes, dont on ne parle plus et qui pourtant sont toujours à l'œuvre.

Satellisée le 2 juin 1974 autour de la Lune, la sonde soviétique Luna 22 explore inlassablement le sol et l'environnement du satellite de la Terre. Le 24 août 1975, son orbite a été abaissée à 30 km du sol afin de l'étudier et le photographier de près. Puis la sonde a été transférée à une autre orbite plus haute (100/1 286 km). C'était la cinquième fois que cet engin changeait ainsi d'orbite, télécommandé de Crimée.

Pioneer

Placés autour du Soleil sur des orbites planétaires comparables à celles de la Terre, les engins Pioneer 6, 7, 8 et 9 continuent de surveiller le Soleil et de nous prévenir de ses sautes d'humeur (information indispensable lorsque des hommes sont lancés dans l'espace et donc exposés aux conséquences d'une éventuelle éruption solaire qui émet des rayonnements dangereux). Le 16 décembre 1975, l'une de ces sondes, Pioneer 6, a fêté à sa manière, c'est-à-dire en fonctionnant, comme au premier jour, le 10e anniversaire de son lancement, établissant ainsi un incroyable record de longévité, alors que l'engin avait été prévu pour fonctionner pendant six mois.