– En vol, les astronautes américains s'aperçoivent que la pompe qui sert à évacuer l'urine ne fonctionne pas ; ils réussiront à la réparer.

– Un moustique s'est introduit dans la cabine ; il sera mis hors d'état de nuire.

– Un verrou coincé empêche la fermeture de la porte du sas (compartiment de jonction), ce qui compromet la suite de la mission. La solution est trouvée au sol, et les instructions transmises aux astronautes permettent de débloquer le verrou.

– Brand, le moins expérimenté des trois astronautes américains, fait de fausses manœuvres : par exemple, en actionnant par inadvertance l'interrupteur du système d'orientation du vaisseau spatial. Au retour, il oublie de commander l'ouverture des parachutes ; par bonheur, les moindres points de son programme sont strictement contrôlés. Mais, lorsqu'il provoque l'ouverture intempestive d'un conduit d'aération, il est la victime de son erreur : les gaz toxiques font irruption dans la cabine et lui feront perdre connaissance pendant un bref instant.

– Petits incidents aussi chez les Soviétiques. Surtout, le côté spectaculaire de la mission a été un moment compromis par une panne dans le circuit d'alimentation des caméras de télévision. Une solution de fortune a été trouvée, ici encore, grâce aux spécialistes restés au sol.

Poignée de main

Alors, pendant deux jours, c'est entre les deux vaisseaux un extraordinaire va-et-vient, d'autant plus compliqué que leur microatmosphère diffère. Les Américains respirent de l'oxygène sous une faible pression (260 mm de mercure) ; les Soviétiques, de l'air à la pression normale (760 mm de mercure), abaissée pour la circonstance à 518 mm (pour réduire la durée de la période de décompression nécessaire pour passer du Soyouz à l'Apollo).

Aussi, chaque passage d'un compartiment à l'autre exige-t-il l'ouverture puis la fermeture de plusieurs portes et l'équilibrage des pressions entre les compartiments et les sas. Il n'y a pas moins de 5 portes : 2 entre la cabine Apollo et le module de jonction ; 2 entre celui-ci et le compartiment spatial Soyouz ; enfin 1 entre ce compartiment et la cabine du Soyouz.

Le 17 juillet, à 19 h 17 Th. Stafford ouvre, la 4e porte et rejoint Leonov et Koubassov à bord du Soyouz, où un calicot lui souhaite la bienvenue. Suit la poignée de main historique des deux hommes (au-dessus d'Amsterdam) et, bientôt, l'entrée de Slayton.

Pendant quatre heures, le compartiment de travail du Soyouz devient un studio de télévision improvisé. Les astronautes reçoivent des messages de Brejnev, de Ford et de Kurt Waldheim (secrétaire de l'ONU), auxquels répond Stafford. Ils échangent des cadeaux, des textes officiels, des échantillons pour faire des expériences scientifiques. Après un dîner à quatre, les Américains rentrent chez eux.

Le lendemain matin, Leonov fait une visite à Stafford et lui remet un portrait qu'il a fait de lui ; Brand se rend à bord du Soyouz, invité par Koubassov. Chacun des deux partagera le déjeuner de son hôte. L'après-midi, Leonov et Stafford passent au Soyouz tandis que Brand et Koubassov se rendent à la cabine Apollo. À 17 h 30, dans le Soyouz, les deux commandants de bord tiennent une conférence de presse. Puis Koubassov et Stafford regagnent chacun leur vaisseau spatial.

Samedi 19, à midi, les deux engins se séparent. Apollo s'interpose entre Soyouz et le Soleil pour créer une éclipse artificielle qui permet aux cosmonautes soviétiques de photographier la couronne solaire. Une demi-heure plus tard, nouvelle jonction des deux engins ; la manœuvre est commandée cette fois par Leonov. À 15 h 28, c'est la séparation définitive, et à 18 h 43 le vol de conserve est terminé : le lendemain, chacun travaillera pour soi.

Lundi 21, Soyouz atterrit. Pour la première fois, la descente d'un engin spatial se posant sur la terre ferme est télévisée : on est impressionné par la nuée de poussière soulevée par les rétrofusées qui, dirigées vers le sol, annulent sa vitesse de chute. Et, Apollo classiquement regagne les eaux du Pacifique le jeudi 24.