Les Soviétiques ont entraîné trois équipages de remplacement, les Américains un. De même, un Soyouz et un Apollo étaient prêts, avec leur lanceur respectif, à prendre la relève d'une fusée ou d'un vaisseau spatial défaillant.

Saliout 4

Parmi les observateurs les plus attentifs de l'expérience commune Soyouz-Apollo, il y avait deux... extraterrestres. Depuis le 24 mai 1975, les cosmonautes Klimouk et Sevastianov tournent autour de la Terre confortablement installés à bord de la station spatiale Saliout 4 (Journal de l'année 1974-75). Le 26 juillet, les deux hommes prennent place dans leur Soyouz 18 et regagnent le sol tout près du point où s'étaient posés Leonov et Koubassov. Leur vol constitue un record de durée pour les cosmonautes soviétiques : près de 63 jours. Une aussi longue mission a permis d'accomplir de nombreuses expériences.

Surtout, elle a puissamment contribué à deux objectifs majeurs de la recherche spatiale soviétique : le perfectionnement de Saliout vers la mise au point de stations orbitales très fiables et efficaces ; la préparation des vols de longue durée de la « grande » astronautique de demain. C'est dans cette double perspective qu'un Soyouz 20 sans équipage a été lancé le 17 novembre. Le surlendemain, cet engin réussissait l'accostage automatique de la station Saliout 4. Ainsi prend forme l'une des pièces maîtresses du système orbital : la navette qui, automatiquement, pourra ravitailler en vol les stations et, éventuellement, se porter au secours des cosmonautes si une panne ou une fuite rendent inutilisable leur propre Soyouz après un long séjour dans l'espace.

Énormes moyens

Au sol, ce vol commun a entraîné de longs et importants préparatifs et la mise en place d'une infrastructure nouvelle. À Kaliningrad, un centre de contrôle aussi important que celui de Houston (lui-même modifié pour cette opération) a été mis en service dès 1974. Les deux centres sont reliés par un important réseau de télécommunications directes, comprenant 13 lignes téléphoniques, 2 canaux de télévision, des télétypes. Dominant les grandes salles de Houston et de Kaliningrad, d'énormes planisphères font apparaître la projection sur la surface terrestre des trajectoires décrites par les deux engins. Et, à l'approche du grand jour, l'armada des navires porteurs de stations de contrôle et de poursuite s'est éparpillée, les navires allant prendre leur place dans les trois grands océans du monde.

Fret en tout genre

Les deux vaisseaux contenaient de nombreux objets étrangers à l'astronautique : drapeau de l'ONU emporté par Soyouz et ramené au sol par Apollo, drapeaux des deux pays et médailles commémoratives ainsi que des cadeaux personnels, le tout à échanger dans l'espace. Leonov s'était muni d'une provision de papier et d'un choix de crayons de couleurs pour croquer ses camarades de vol. Les Américains étaient aussi porteurs de 750 petits drapeaux destinés à être vendus à des collectionneurs.

Jour J

Le 15 juillet 1975, Soyouz 19 s'envole de Baïkonour dans le Kazakhstan à 13 h 30 ; Apollo ASTP quitte le cap Canaveral (Floride) à 20 h 50 devant 800 000 personnes. Une telle foule à un moment où l'intérêt du grand public envers l'astronautique s'est considérablement relâché s'explique par le fait qu'il s'agit du dernier engin habité lancé par les Américains avant de longues années. Du côté soviétique, pour la première fois le lancement d'un vaisseau spatial a été entièrement télévisé et les images diffusées dans le monde entier. Les Français les reçoivent via Symphonie, le satellite de télécommunications franco-allemand (Journal de l'année 1974-75).

Apollo a été satellisé à 6 000 km en arrière de Soyouz et plus bas que lui : en accélérant, il s'élèvera, tout en se rapprochant de sa cible. Le 16 juillet, Soyouz se place dans l'orbite prévue et, toute la journée, les deux équipages procèdent aux vérifications et aux préparatifs du rendez-vous.

Le 17, à 13 h 2, le Soyouz est en vue de l'Apollo (en fait à plus de 400 km). Et déjà par radio on se salue : à un « Zdrastvouitié Valeri ! » de Stafford répond un « Hello every body ! » de Valeri Koubassov. À 16 h 9, au-dessus de l'Espagne, un petit choc est ressenti par les cinq hommes : l'accostage a eu lieu.

Incidents sans conséquence

– L'un des bras qui retiennent la fusée Saturn au sol s'est bloqué. La réparation n'intervient que trois minutes avant le lancement !