Sciences

Prix Nobel

Chimie

Les propriétés chimiques des molécules ne dépendent pas seulement de leur composition, mais de leur configuration dans l'espace. Chaque molécule possède une et quelquefois plusieurs formes spécifiques, surtout lorsqu'il s'agit des molécules complexes de la biochimie comme les enzymes. Les deux lauréats ont fait faire d'importants progrès à cette chimie tridimensionnelle (stéréochimie), permettant de comprendre les mécanismes de la biosynthèse de nombreux composés tels que les stéroïdes.

Vladimir Prelog

D'origine yougoslave, né en 1906 à Sarajevo, prend plus tard la nationalité helvétique. Études et premiers travaux à Prague, puis à Zagreb. Fixé depuis plus de trente ans à Zurich, où il a dirigé un laboratoire de chimie organique. Il a contribué au premier système rationnel de nomenclature de la configuration absolue (1956) et déterminé la forme de nombreuses molécules complexes.

John Warcup Cornforth

Né en 1917, Australien. Études à Sydney, puis à Oxford, en Grande-Bretagne. Fixé dans ce pays, membre du Medical Research Council de Londres, puis directeur du laboratoire de chimie enzymologique de la Shell, dans le Kent, et, enfin, professeur à l'université de Sussex. A déterminé la stéréochimie de diverses réactions enzymatiques. Membre de la Royal Society.

Physique

Le noyau des atomes est constitué de particules nommées nucléons. Les unes portent une charge électrique positive, ce sont les protons ; les autres sont électriquement neutres. Les nucléons sont retenus entre eux par des forces plus puissantes que la force électromagnétique (qui sans cela tendrait à disperser des particules porteuses d'une charge de même signe), mais qui n'agissent qu'à courte distance : elles sont ce que les physiciens appellent l'interaction forte.

Que se passe-t-il à l'intérieur du noyau ? quelle en est la structure ? Pour le savoir, on bombarda des noyaux avec des particules à haute énergie. On constata que le noyau, comme l'atome, est un système quantique qui possède des niveaux discontinus, avec émission ou absorption d'énergie par sauts d'un niveau à un autre. On en conclut donc, tout d'abord, que les nucléons sont disposés en couches concentriques, comme les électrons autour du noyau. Les deux physiciens qui ont mis au point le modèle en couches, l'Américaine Maria Goeppert-Mayer et l'Allemand Hans Jensen, ont reçu pour cela le prix Nobel en 1963.

Mais d'autres faits, en particulier la fission nucléaire, conduisaient au contraire à comparer le noyau à une goutte liquide, capable de se déformer et de se rompre, dans laquelle les nucléons sont indiscernables les uns des autres. Le modèle en gouttes, proposé par le Danois Niels Bohr, resta en contradiction avec le modèle en couches, les chercheurs utilisant tantôt l'un, tantôt l'autre, sans pouvoir les concilier.

James Rainwater fut le premier à montrer que, si une couche nucléaire n'est pas complètement remplie, cela entraîne une déformation du noyau. Avec Benjamin Mottelson et Aage Bohr (le fils de Niels), il a élaboré le modèle unifié qui vaut à ses auteurs le Nobel 1975.

Aage Bohr

Né à Copenhague en 1922, l'année même où son père, Niels Bohr, recevait le prix Nobel pour avoir introduit les quanta dans la représentation de la couronne électronique de l'atome. Nommé professeur en 1956, il est longtemps le collaborateur direct de son père. Après la mort de celui-ci, il lui succède, en 1963, à la direction de l'Institut de physique théorique, désormais Institut Niels-Bohr, du nom de son fondateur. Cette continuité familiale (un autre fils de Niels, Harald, s'est illustré dans les mathématiques... et aussi comme champion de football) a été comparée à celle des Curie en France.

Benjamin Mottelson

Né en 1926 aux États-Unis. Diplômé de Harvard et de l'université Purdue, il arrive en 1951 à Copenhague, où des physiciens de tous pays venaient fréquemment faire des stages. Mais Mottelson s'y trouve si bien qu'il y reste définitivement et prend la nationalité danoise. Il travaille à l'Institut nordique de physique atomique théorique, dont les locaux sont imbriqués dans ceux de l'Institut Niels-Bohr. Avec Aage Bohr, il a conservé à la capitale danoise le caractère d'un des hauts lieux de la physique fondamentale que lui avait donné Niels Bohr. La collaboration entre ces deux hommes est très étroite.

James Rainwater

Américain, né en 1917 aux États-Unis. Étudie, puis enseigne à l'université Columbia de New York. Pendant la guerre, participe au Manhattan Project (bombe atomique), de même que les deux Bohr. Contrairement aux deux autres lauréats, qui sont des théoriciens, il est surtout un physicien expérimentateur, auteur de nombreuses observations en spectroscopie nucléaire. Il a étudié les atomes muoniques, dans lesquels les électrons sont artificiellement remplacés par des muons (ou électrons lourds).

Économie

Travaillant indépendamment dans des contextes sociopolitiques différents, et ignorant même pendant longtemps leurs recherches respectives, les deux lauréats (un Soviétique et un Américain) ont fourni des contributions très voisines à la théorie de l'allocation optimale des ressources. Le problème posé est celui des méthodes permettant d'organiser au mieux la production et la distribution des biens dans les sociétés industrielles. Partant de cas concrets imposés par le contexte historique, les deux hommes, lauréats chacun de son côté, ont élaboré des propositions théoriques et des règles applicables aux cas particuliers.

Leonid Kantorovitch

Né en 1912. Mathématicien. Connu d'abord par des travaux sur l'analyse fonctionnelle. Étudie l'organisation optimale du transport des produits pondéreux sur le vaste territoire de l'Union soviétique, ce qui l'amène à formuler un programme linéaire adéquat et à imaginer une procédure de calcul. Prix Staline en 1949. Généralise ensuite ces recherches, mais est contraint à une certaine prudence durant les dernières années du pouvoir de Staline, hostile aux mathématiques en économie. Aujourd'hui, il participe activement aux débats sur le système productif en URSS, prenant parfois des positions critiques, et apparaît comme le chef de file d'une jeune école d'économistes mathématiciens.

Tjalling Koopmans

Né en 1910 aux Pays-Bas, commence sa carrière comme physicien. La crise des années 30 l'oriente vers les préoccupations économiques. Émigré aux États-Unis (où il prendra la nationalité américaine), il est chargé avec d'autres, pendant la Seconde Guerre mondiale, d'organiser au mieux les déplacements de la flotte de transport américaine sur les océans. Il est ainsi conduit à des élaborations théoriques sur les programmes linéaires, proches de celles de Kantorovitch ; mais, contrairement à ce dernier, il évite actuellement de formuler publiquement des positions normatives face à la crise économique du monde occidental.

Médecine et Physiologie

On connaît plusieurs dizaines de virus capables de transformer, chez diverses espèces animales, des cellules normales en cellules cancéreuses. Les travaux des trois lauréats (tous trois Américains) ont porté sur les mécanismes de cette transformation.