Elle n'a, en fait, jamais connu une si longue période de prospérité depuis la dernière guerre mondiale. Tout au long de 1972, la production s'est maintenue à un niveau très élevé : sa progression moyenne a été de 6 % en un an, soit 2 % de plus que les prévisions du VIe Plan.

Internationalisation

Le commerce extérieur enregistre lui aussi des résultats satisfaisants puisque les exportations (8,8 milliards de francs) dépassent de près de 2 milliards de francs les importations (mais il est vrai que l'excédent commercial était de 2,5 milliards en 1971).

L'internationalisation des ventes d'articles de textiles est d'ailleurs devenue une préoccupation majeure de la profession. Elle comporte en effet un certain nombre de risques : risque de voir disparaître certaines firmes, incapables de se reconvertir devant le déferlement d'importations à bas prix (à titre d'indication, dans la bonneterie, on exporte à 48 F le kilo et l'on importe des pays de l'Est à... 23 F le kilo) ; risque également d'être de plus en plus dépendants de marchés étrangers dont le robinet de la demande peut être brusquement fermé sous le coup d'une récession.

Avantages

Cela dit, les avantages de l'internationalisation sont, eux aussi, multiples. D'une part, l'importation permet, en s'approvisionnant à bas prix, de satisfaire à une demande intérieure en pleine expansion : c'est le cas, notamment, dans l'industrie du coton, dont les importations représentent désormais 45 % de la production (contre 3 % il y a dix ans).

L'exportation doit permettre, par ailleurs, en jouant sur plusieurs tableaux à la fois, d'éviter le fameux cycle textile : les marchés extérieurs (un tiers du chiffre d'affaires du textile, 28 % dans la bonneterie, 26 % dans le vêtement féminin) assurent en effet un écoulement régulier des produits. Dernier avantage, enfin, du commerce extérieur : la position avantageuse du franc dans le concert des monnaies a rendu particulièrement compétitifs nos produits hors de nos frontières. Mais les récents événements monétaires (flottement de certaines monnaies européennes, dévaluation du dollar) ne risquent-ils pas d'avoir des conséquences fâcheuses ? Théoriquement, le tableau semble favorable : 55 % de nos ventes vont à des pays dont les monnaies flottent avec le franc, 5 % seulement vont vers les États-Unis. Cependant, nous courons un double danger provoqué par l'affaiblissement des monnaies italienne et britannique. La pénétration de leurs produits sur le marché français risque de s'accélérer – l'Italie nous vend déjà six fois plus d'articles de bonneterie qu'elle ne nous en achète – et nos clients étrangers peuvent être tentés par d'autres fournisseurs. Or, notre dépendance vis-à-vis de l'Allemagne (28 % de nos ventes tous textiles, mais 47 % dans la bonneterie) est particulièrement grande.

Difficultés

Malgré d'excellents résultats d'ensemble, 1972 n'a pas été une bonne année pour tous. D'abord, certains secteurs ont connu une hausse spectaculaire des prix de leurs matières premières (300 % pour la laine, 200 % pour le cuir) que le contrôle des prix leur a interdit de répercuter intégralement sur le produit final. D'autres secteurs ont été affectés par des crises : la demande de vêtements pour homme en jersey a baissé sensiblement du fait d'une qualité insuffisante des articles. La surproduction mondiale de collants a affecté l'ensemble des entreprises du secteur. La plus importante, Dim (CA 1972 : 350 millions de francs), a, de surcroît, été sévèrement contrée après une entrée fracassante sur le marché japonais.

Restructuration

Les difficultés de Dim ont d'ailleurs entraîné sa prise de contrôle par le Crédit Lyonnais et Rhône-Poulenc et la mise sur la touche de son PDG, Bernard Gilberstein. Fausse sortie pour ce dernier, qui sera remis au pouvoir, début 1973, par le nouveau propriétaire, le baron Bich, désireux, après avoir gagné quelque 250 millions de francs à la suite de l'introduction en Bourse de Bic, de placer ses billes ailleurs que... dans le stylo.