Moins de trois heures après le rapt, le groupe Pierre-Overney de l'organisation dite la Nouvelle Résistance populaire revendique l'enlèvement et pose ses conditions : libération immédiate de tous les gauchistes arrêtés après le drame de Billancourt ; réintégration de tous les ouvriers licenciés. Le soir, dans un nouveau communiqué, le groupe demande qu'une assemblée ouvrière se tienne le lendemain dans l'île Seguin. Il s'engage solennellement à en accepter toutes les décisions.

Le jour même les prises de position des partis politiques et des syndicats se succèdent pour critiquer l'enlèvement. Le lendemain, jeudi 9 mars, Renault est calme ; les syndicats refusent de tenir le meeting, considérant qu'il s'agit d'un chantage. Pour sa part la Confédération générale des cadres lance un mot d'ordre de grève de deux heures pour le vendredi 10 mars.

La police donne immédiatement la priorité à la chasse aux ravisseurs. Dans l'après-midi du 8 mars, le véhicule qui a servi à l'enlèvement est retrouvé (sa plaque d'immatriculation est la même que celle qui a servi lors de l'enlèvement du député UDR de Grailly, le 24 novembre 1970). L'enquête, confiée au parquet de la Cour de la sûreté de l'État, permet les perquisitions de jour comme de nuit. Un formidable système de quadrillage est mis en place ; plus de 7 000 immeubles sont visités à Paris et en banlieue ; les maoïstes fichés sont interpellés. L'enquête cependant marque le pas.

Le vendredi 10 mars, à 8 h 45, R. Nogrette est relâché. Il se retrouve dans une rue du XVe arrondissement après quarante-neuf heures de séquestration, sans que les conditions posées par ses ravisseurs soient remplies. Ses dons d'observation permettent à la police de découvrir un peu plus tard le studio où il fut retenu prisonnier (rue Parent-de-Rosan, dans le XVIe arrondissement). Ses ravisseurs restent introuvables.

Feu à bord de l'« Heleanna » : 25 morts

Il était 5 h 30. En cette aube du 28 août 1971, le ferry-boat grec Heleanna, qui relie Patras à Ancône avec sa cargaison de vacanciers — 1 108 passagers plus une centaine d'hommes d'équipage —, n'est plus qu'à 27 kilomètres de la côte italienne, lorsque soudain un cri se répand : « Feu à bord ! ». Les touristes tout d'abord ne pressentent pas la gravité de la situation. On voit même certains d'entre eux filmer les flammes qui commencent à balayer le pont. Le commandant de bord fait-il preuve de la même inconscience ? Il attend trois heures avant de donner l'ordre d'évacuation. Et, surtout, il ne semble guère se soucier du sort de ses passagers. Peu à peu une incroyable panique se répand à bord. Les matelots, le personnel de l'Heleanna se montrent totalement ignorants des méthodes de lutte contre le feu et paraissent plus prompts à sauver leur vie que celle des estivants. Ces derniers reçoivent quelques bouées, mais les chaloupes de sauvetage ne sont guère en état de fonctionner : 7 sur 12 seulement sont mises à la mer. C'est bientôt une panique indescriptible qui va se prolonger jusqu'à l'arrivée des secours avec les navires de la marine italienne. Bilan : 25 morts, dont 2 jeunes Françaises. L'incompétence, la conduite de l'équipage et celle du capitaine Demetrios Antipas ne sont pas les seules causes d'indignation. On découvre que le navire n'était pas autorisé à transporter plus de 520 personnes : il en avait embarqué le double !

Le capitaine Antipas qui a tenté de prendre la fuite est appréhendé par les autorités italiennes et n'obtient sa mise en liberté provisoire qu'en janvier 1972.

Le drame soulève enfin une autre question, celle de l'indemnisation des passagers et des victimes, l'épave ayant été mise sous séquestre avec les bagages et les voitures qu'elle contenait. De plus, on s'aperçoit que les billets délivrés contenaient, en caractères minuscules et en anglais, une clause par laquelle l'armateur s'exonérait de toute responsabilité en cas de dommages corporels ou matériels des passagers.

L'étrange affaire de Bruay-en-Artois

Trois mois d'enquête serrée, de reconstitutions minutieuses et de confrontations multiples ne permettent toujours pas d'éclaircir l'affaire de Bruay-en-Artois. Fin juin 1972, on ignore toujours ce qui s'est passé le 5 avril précédent, le jour où des enfants jouant au football sur un terrain vague découvrent le corps dévêtu et mutilé de Brigitte Dewevre, 16 ans, fille démineur.