En compensation, toujours sur le terrain fiscal, et dans le cadre cette fois de sa politique d'incitation aux investissements, le gouvernement décide de rembourser aux agriculteurs — comme aux autres entreprises — un quart du montant des crédits d'impôts accumulés par le jeu de la règle du butoir de la TVA. Cette règle désavantage fortement les agriculteurs qui paient des TVA à taux élevés sur les produits industriels dont ils ont besoin (un tracteur par exemple) et qui reçoivent des TVA à taux bas pour les produits agricoles qu'ils mettent sur le marché.

Prix et structures

Les traditions du Marché commun agricole sont sauvées. Après une semaine de négociations quasiment ininterrompues à Bruxelles, les six ministres de l'Agriculture de la Communauté aboutissent, à l'aube du 24 mars 1972, à un accord global sur les prix de la campagne 1972-73 et sur l'application concrète du plan Mansholt de modernisation de l'agriculture. Les prix sont augmentés en moyenne de 6,3 %, mais c'est le niveau respectif des divers prix qui compte pour l'orientation de l'agriculture vers les produits dont on manque (la viande) plutôt que vers ceux qui sont déjà excédentaires (le blé). Les décisions prises sont boiteuses. Le sucre, l'orge et le blé sont augmentés de 4 %, le maïs de 5 %, le lait de 8 %, mais le porc ne l'est que de 3,1 %. Pour le bœuf, un relèvement de 4 % a lieu sur-le-champ et un second relèvement est prévu pour le 15 septembre. C'est un relèvement trop tardif et insuffisant dénoncent les syndicats. Lancé trois ans auparavant, le plan Mansholt est enfin mis en forme, non sans avoir été sérieusement aménagé.

Les trois directives de modernisation de l'agriculture issues de ce plan, et adoptées également le 23 mars, visent notamment :
– à encourager les exploitations à se moderniser en présentant un plan de développement de six ans, plan qui sera exigé pour pouvoir prétendre aux prêts.
– à encourager les exploitants âgés à se retirer, en leur versant un pécule de cessation d'activité. Mais si l'Europe verte continue à s'organiser, elle reste néanmoins menacée par la crise monétaire.

2,5 % d'exploitations en moins par an

En quinze ans, depuis le recensement de 1955 jusqu'au recensement de 1969-70, le nombre d'exploitations diminue à un taux annuel de 2,5 %. Mais entre le début et la fin de cette période, la concentration s'est accentuée et le taux de diminution est passé de 2 à 3 %.

Sur 1 600 000 exploitations dénombrées en 1970 et utilisant 30 millions d'hectares, 500 000 ont moins de 5 hectares, et 27 000 comptent plus de 100 hectares. Les exploitations moyennes (de 20 à 100 ha) représentent près de 60 % de la superficie utilisée.

Si l'on considère les seules exploitations dont le responsable a une activité agricole exclusive ou pratiquée à titre principal, on dénombre alors 1 321 300 exploitations ; ce nombre tombe à 903 700, si l'on considère celles dont le responsable est occupé à temps plein, soit 56,9 % des exploitations.

On rencontre 35 400 exploitations dites sans terre, ayant une superficie inférieure à 1 hectare ou à 20 ares de cultures spécialisées, mais dont certaines ont une dimension économique importante (élevage, cultures florales, champignonnières, etc.).

La plus forte diminution du nombre des exploitations se constate pour les exploitations à la fois trop petites pour fournir un revenu unique et trop grandes pour être exploitées par un retraité ou un non-agriculteur. La diminution s'accentue depuis 1955 en touchant des unités de plus en plus élevées (jusqu'à une superficie voisine de 35 ha) et on assiste à un maintien des unités de production de très faible dimension. Ce n'est qu'au-delà d'une dimension de 35 hectares que les exploitations en polyculture ont crû en nombre.

La population des exploitations agricoles, c'est-à-dire toutes les personnes vivant sur les exploitations, atteint, en 1970, le chiffre de 5 861 900 dont près de 60 % (soit 3 470 700) ont, si peu que ce soit, fourni un travail agricole. Ces derniers se répartissent en 1 182 300 actifs à temps plein et 2 278 400 actifs à temps partiel.