La télévision est née dans la foulée de la radio et de l'utilisation des ondes. Or, les ondes n'ont pas exactement les mêmes caractéristiques dans les deux cas. La fréquence des ondes employées en radio pour porter les informations constituant le message sonore est telle qu'elles sont réfléchies par l'ionosphère et peuvent se propager extrêmement loin, en dépit de la rotondité de la Terre. Par contre, de très hautes fréquences sont nécessaires pour porter la masse incomparablement plus considérable d'informations constituant l'image télévisée ; l'ionosphère ne peut plus réfléchir ces ondes, qui, se propageant seulement en ligne droite, sont arrêtées par les obstacles et par l'horizon. Comme, d'autre part, les bandes disponibles de ces très hautes fréquences sont étroites, le nombre des émissions qui peuvent y prendre place est limité.

Portée réduite

Le câble est capable de transporter un volume bien supérieur de messages : l'équivalent d'une vingtaine d'émissions. Et pour aller au-delà, il suffit de mettre plusieurs câbles.

La sélection des émissions s'opère par accord préréglé du récepteur, exactement comme si elles provenaient d'une antenne. On peut penser aussi que les bandes de fréquence attribuées à d'autres transmissions hertziennes que la télévision ne seront pas interdites à la télévision par câble, aucune interférence n'étant à craindre. Ce qui multipliera encore ses possibilités.

Seul inconvénient du câble : sa portée relativement réduite (une quarantaine de kilomètres), à moins de faire intervenir des relais amplificateurs. Sa vocation n'en est que plus évidente : les concentrations d'utilisateurs (agglomérations et collectivités).

Essais en France

Il est donc logique que des villes nouvelles actuellement en construction en France (Grenoble-Echirolles, Cergy-Pontoise, le nouveau Créteil) incluent le réseau de télévision par câble dans leur infrastructure.

La station de sports d'hiver de Flaine est déjà équipée pour diffuser, outre les programmes de l'ORTF, un bulletin sur la météo et l'état des pistes. Depuis mars 1971, l'ensemble immobilier de Port-Sud, près d'Arpajon, dessert, pour la première fois en France, ses quelque huit cents villas avec un programme local de douze heures hebdomadaires.

Les avantages immédiats des réseaux reliés à une antenne collective sont nombreux : meilleure qualité de la réception des émissions hertziennes, amélioration esthétique avec la suppression des antennes individuelles sur les toits ; les perspectives d'avenir sont infinies.

La première à laquelle songe naturellement le téléspectateur d'aujourd'hui est celle d'une vaste gamme de programmes disponibles répondant aux goûts les plus variés. C'est, en fait, surtout à des besoins encore sous-estimés ou méconnus que la télévision par câble apportera une réponse.

Nombreuses possibilités

Besoins éducatifs, culturels : retransmission des cours des établissements scolaires, transmission à la demande de cours enregistrés sur vidéocassettes pour la formation permanente ou le recyclage, de documents spécialisés, techniques, historiques, à partir d'une vidéothèque ; retransmission des spectacles locaux, des animations de la Maison de la culture, des matches sportifs, la liste est pratiquement sans fin.

Besoins à caractère civique : le conseil municipal en direct, des informations sur les problèmes de gestion de la ville, etc.

Besoins d'ordre quotidien : la surveillance de l'aire de jeux où sont les enfants, la liaison en direct avec le centre commercial pour connaître les produits proposés, leurs prix, l'affluence, etc.

L'emploi du câble permet même d'envisager la communication dans les deux sens, c'est-à-dire l'intervention active de l'abonné : réponse aux interrogations des cours, expression d'un avis sur les questions soulevées au conseil municipal, avertissement aux enfants si leurs jeux tournent mal, commandes passées au centre commercial.

Ce qui n'était hier qu'anticipation (consultation d'ordinateur, journal à domicile) est susceptible de prendre corps rapidement dès lors que le réseau de télévision par câble est en place.

Au secours des cassettes

Pour le moment, la télévision par câble apparaît d'abord aux firmes de l'électronique comme un moyen de débloquer l'impasse de la vidéocassette dont le marché s'est révélé, dès la première VIDCA, au-dessous de ce qu'on en attendait. Pour être utilisée par un particulier, la vidéocassette exige un appareil de lecture adjoint au récepteur de télévision, ce qui constitue un investissement coûteux. D'autre part, on ne revoit pas sans se lasser une séquence filmée comme on aime à repasser un air de musique sur un électrophone. L'extension de la vidéocassette demande une solution de caractère collectif.