Après l'échec des médiations américaine et africaine, après le rejet du plan Hussein, il paraissait évident en juin 1972 que l'impasse dans le conflit israélo-arabe demeurerait totale aussi longtemps qu'un accord préalable ne serait pas conclu entre le Kremlin et la Maison-Blanche.

Les fedayin dans le conflit

Malgré quelques faits d'armes, à vrai dire beaucoup plus spectaculaires qu'efficaces, le déclin du mouvement palestinien s'accentue sous le double effet de ses faiblesses inhérentes et des coups que lui portent ses adversaires.

Répression

Au cours d'une offensive éclair, qui dure du 13 au 17 juillet 1971, l'armée jordanienne déloge les fedayin de leurs derniers réduits dans le nord du royaume. Ceux qui échappent à la tuerie se rendent aux autorités ou se réfugient en Israël. Le 18 juillet, le roi Hussein dénonce les accords d'Amman et du Caire qui régissaient, depuis septembre 1970, les rapports entre son gouvernement et la résistance palestinienne.

L'organisation Fath accuse tous les pays arabes de n'avoir rien fait pour arrêter le massacre. Cependant l'Irak rappelle son ambassadeur et interrompt, jusqu'au 19 octobre, toutes les communications terrestres et aériennes avec le royaume hachémite.

L'Algérie (le 29 juillet) et la Syrie (le 12 août) rompent les relations diplomatiques avec Amman, tandis que le président égyptien Sadate se contente de déclarer que « Hussein, le bourreau de la résistance, paiera cher ses crimes… ».

Peu après, cependant, il suscite, avec le concours du roi Fayçal d'Arabie Saoudite, une conférence de réconciliation jordano-palestinienne, qui s'ouvre à Djedda à la mi-août. Les délégués d'Amman ayant refusé notamment d'accorder aux fedayin la liberté d'action contre Israël à partir du territoire jordanien, les négociations échouent le 26 novembre.

Septembre noir

Deux jours plus tard, le Premier ministre du roi Hussein, Wasfi Tall, tenu responsable de la sanglante répression exercée contre les Palestiniens depuis la guerre civile de septembre 1970, est assassiné au Caire. Ses meurtriers, appartenant à un groupe qui s'intitule Septembre noir, sont traduits en justice au Caire, avant d'être libérés sous caution le 29 février. D'autres membres de ce même groupe avaient, entre-temps, le 15 décembre, tenté d'assassiner l'ambassadeur de Jordanie à Londres. En outre, des fedayin avaient, entre le 8 septembre et le 23 octobre, détourné un avion jordanien et saboté à trois reprises l'oléoduc de la Tapline traversant le territoire hachémite. Le roi Hussein, pour sa part, avait envoyé à la potence, le 4 octobre, trois membres du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP).

Dissensions

D'une manière générale, le mouvement palestinien ne parvient pas à se rénover. Pour survivre, il tente de colmater les brèches qui contribuent à son affaiblissement.

Le Congrès national palestinien, qui a accru le nombre de ses membres de 115 à 151, se réunit du 7 au 13 juillet 1971 au Caire, sans parvenir à unifier les diverses organisations qui y participent. En revanche, l'organe représentatif de la résistance prend la triple décision d'établir un commandement militaire unique, de constituer un conseil supérieur de l'information et de créer un fonds commun qui serait alimenté par toutes les organisations.

Cependant, les luttes intestines se poursuivent. Le 5 octobre, Yasser Arafat échappe à un attentat. Quelques jours plus tard, il destitue les principaux chefs de l'Armée de libération de la Palestine (ALP) qui se disputaient l'hégémonie des forces militaires. Le 10 mars 1972, le FPLP subit une nouvelle scission, ses militants étant divisés notamment sur l'opportunité des détournements d'avions (le 21 février, un appareil de la Lufthansa avait été conduit à Aden, puis relâché après que les ravisseurs eussent obtenu du gouvernement de Bonn une rançon de 25 millions de francs). Le Conseil national palestinien se réunit une nouvelle fois le 6 avril, mais ses résolutions demeurent sans effet.

Chassés de Jordanie, plus ou moins paralysés par la discipline que leur impose le gouvernement syrien, les fedayin sont obligés de concentrer leurs activités sur la frontière libano-israélienne. Leurs attentats, cependant, suscitent des raids de représailles de la part de l'État hébreu en décembre 1971, puis en janvier, février, mars et juin 1972. Les forces israéliennes détruisent la plupart des bases de commandos et, par leur action, suscitent ou renforcent, dans les régions bombardées, l'hostilité d'une partie de la population libanaise à l'égard des fedayin. Pour épargner au pays de nouvelles épreuves, le gouvernement de Beyrouth demande au comité exécutif de l'OLP de geler provisoirement ses activités. L'accord de principe que donne à cette requête le président de l'organe suprême de la résistance, Yasser Arafat, paraît alimenter les dissensions au sein du mouvement palestinien, dont l'avenir semblait, fin juin 1972, sérieusement compromis.