Dès les premiers jours d'avril, les Américains renforcent leur VIIe flotte dans le golfe du Tonkin et, le 15 du même mois, 200 appareils (dont des B-52) effectuent un raid meurtrier sur les abords d'Hanoi et le port de Haiphong. Bien que les objectifs visés soient militaires, on compte des centaines de morts parmi les civils. Désormais, les bombardements contre le Nord ne vont pratiquement plus s'arrêter, même durant le séjour de Nixon à Moscou. Un bref répit sera enregistré du 15 au 18 juin, dans la région d'Hanoi, lors d'une visite de Podgorny aux dirigeants nord-vietnamiens. Pendant la même période approximativement, Kissinger est, lui, en visite à Pékin.

La seconde mesure prise par Nixon est le blocus des ports nord-vietnamiens, de façon à empêcher l'arrivée de cargos soviétiques porteurs de matériel militaire. Annoncé solennellement le 8 mai, le blocus devient effectif trois jours plus tard. Les Soviétiques l'acceptent sans autre protestation que verbale.

Le sommet de Moscou se tient donc comme prévu, et bien sûr le Viêt-nam est à l'ordre du jour, mais le communiqué final ne mentionne le problème qu'en quelques lignes où chaque partie réaffirme ses positions. Manifestement les dirigeants soviétiques sont embarrassés. À la fin juin 1972, c'est vers Washington que se tournent de nouveau les regards à la veille des élections présidentielles de novembre 1972.

Un terrain d'expérience pour les armes

Le Viêt-nam devient de plus en plus un terrain d'expérience pour les armes nouvelles.

Les Américains ont ainsi expérimenté ou perfectionné à l'occasion de la guerre différents types de mines (pour le blocus des ports) magnétiques, à influence ou à pression, pouvant être armées ou désarmées à volonté. Ils ont également utilisé le missile Skrike, qui contient quelque 10 000 cubes d'acier de 4 centimètres de côté ; au moment de l'explosion, ces cubes se dispersent comme une volée de chevrotines.

Dans un autre domaine, ils ont affiné toutes les méthodes de détection de l'adversaire, notamment par des appareils capables de déceler des ondes électromagnétiques très faibles émises par des équipements électriques. Enfin bien que Nixon ait interdit l'emploi des produits les plus toxiques, les militaires continuent à utiliser certains défoliants.

On ne connaît pas le détail des armes fournies aux Nord-Vietnamiens par les Soviétiques, mais il ne paraît pas faire de doute que des techniciens notent l'efficacité ou les défaillances des fusées SAM, des radars, des blindés.

Les forces US ont fait exploser, entre 1965 et 1972, 11 700 000 t d'explosifs (soit 160 kg par ha, 262,8 kg par habitant), qui ont provoqué 26 millions de cratères environ, soit une surface de 170 000 ha. C'est ce qui ressort des études faites par deux savants américains, A. Westing et E. Pfeiffer.

Moyen-Orient : trois tentatives diplomatiques, trois échecs

Les perspectives d'un règlement du conflit israélo-arabe paraissaient encore plus lointaines en juin 1972 qu'elles ne l'étaient un an auparavant. Pourtant, certains facteurs militaient en faveur sinon d'une paix formelle, du moins d'un rapprochement. Un calme relatif a régné sur les lignes du cessez-le-feu. Aucun accrochage n'est venu troubler celles qui séparent Israël de la Jordanie ; l'armée syrienne a, de toute évidence, voulu éviter des affrontements majeurs ; malgré les déclarations martiales du président Sadate, les forces égyptiennes ont fait preuve de retenue.

Cependant, trois incidents aériens ont été enregistrés : le 11 septembre 1971, un chasseur-bombardier Sukhoi 17 a été abattu par la DCA israélienne le long du canal de Suez ; le 17 septembre, Le Caire a annoncé qu'un Boeing de l'armée de l'air israélienne avait été détruit par un missile sol-air ; le 13 juin 1972, un combat aérien a opposé des Mig 21 à des Mirage, au terme duquel chacun des antagonistes a affirmé avoir abattu deux appareils ennemis. Bien que des attentats perpétrés par des commandos palestiniens aient suscité des raids de représailles contre des localités dans le sud du Liban, les gouvernements de Jérusalem et de Beyrouth ont réussi à ne pas affronter leurs armées sur les champs de bataille.

Médiation américaine

C'est surtout au cours de la seconde moitié de 1971 que l'on a pu espérer un dégel dans le domaine diplomatique. Au moins trois tentatives étaient en cours pour amener les antagonistes à accepter un compromis. Les États-Unis paraissaient les mieux placés pour atteindre l'objectif. Leur projet relatif à la réouverture du canal de Suez, conçu comme un premier pas vers la paix, avait d'autant plus de chances d'aboutir que le principe en avait été admis à la fois en Israël et en Égypte, les deux pays étant à l'époque favorables à une médiation américaine.