Le mécontentement populaire s'est exprimé lors des élections d'avril 1970. Le taux d'abstention, qui s'établissait traditionnellement, depuis 1958, entre 60 % et 70 %, n'a pas dépassé 49 %. Le dépouillement du scrutin s'est effectué dans un climat extrêmement tendu, les partisans du général Rojas Pinilla ayant affirmé « qu'ils ne se laisseraient pas voler leur victoire ». On a pu craindre une nouvelle guerre civile, mais le gouvernement est rapidement intervenu, proclamant l'état de siège le 23 avril et plaçant le général Rojas Pinilla en résidence surveillée pendant plusieurs semaines. Le Front national n'a, en fait, dû son salut qu'à l'attitude légaliste de l'armée.

Les prêtres révolutionnaires

La situation de Pastrana Borrero, qui doit prendre ses fonctions le 7 août 1970, est très inconfortable. L'importance de la représentation pinilliste au Congrès risque de bloquer toutes les décisions de l'exécutif, comme ce fut le cas après les élections législatives de 1966. Outre cette opposition organisée, le nouveau chef de l'État devra affronter une situation sociale explosive. Au cours de l'année 1969, les grèves violentes, les manifestations contre les hausses de prix, les enlèvements de personnes se sont multipliés ; les mouvements de guérilla ont paru se renforcer après une période de réorganisation. Le clergé est de plus en plus divisé, et la crise qu'il traverse prend nécessairement un aspect politique aigu dans un pays où il a toujours joué un rôle considérable. Les jeunes prêtres progressistes ont durci leurs positions depuis la conférence épiscopale latino-américaine de Medellin, en août 1968. En décembre de la même année, quarante-neuf prêtres et l'évêque de Buenaventura, Mgr Gerardo Valencia, ont signé le manifeste de Golconda, dénonçant l'injustice des structures économiques et sociales, le conservatisme des partis colombiens et appelant à la formation d'une conscience révolutionnaire. Un nouveau groupe de prêtres contestataires se forme en janvier 1970. Il se réclame du R. P. Camillo Torres, mort dans les rangs de la guérilla en 1966. En février, un prêtre d'origine espagnole, le R. P. Domingo Lain, suit l'exemple du père Torres et rejoint les membres de l'Armée de libération nationale : « J'ai pris le chemin de la lutte armée », devait-il déclarer dans une lettre ouverte à la presse, parce que, face à la violence réactionnaire et opprimante des systèmes établis en Colombie et en Amérique latine, il ne reste pas d'autre solution que la violence révolutionnaire et libératrice. »

Costa-Rica

1 634 000. 32. 3,5 %.
Économie. PNB (67) 423. Production (66) : A 26 % + I 23 % + S 51 %. Énerg. (67) : 327. C.E. (67) : 21 %.
Transports. (*67) : 26 M t/km. (*67) : 29 800 + 15 900. (*67) : 106 314 000 pass./km.
Information. (66) : 4 quotidiens ; tirage : 87 000 sur 3 quotidiens. (65) : *130 030. (67) : *66 000. (60) : 73 600 fauteuils. (67) : 27 498.
Santé (67). 1 270. Mté inf. (66) : *69,9.
Éducation (65). Prim. : 283 210. Sec. et techn. : 50 711. Sup. : 7 229.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1871. Président et chef de l'exécutif : José Figueres, élu le 1er février 1970 ; succède à José Joaquim Trejos Fernandez.

Cuba

8 074 000. 71. 2,3 %.
Économie. Énerg. (67) : 1 033.
Transports. (65) : 162 000 + 103 700.  : 238 000 tjb. (*67) : 327 729 000 pass./km.
Information. (61) : 10 quotidiens ; tirage global : 611 000. (67) : *575 000. (61) : 330 000 fauteuils ; fréquentation : 49,9 M. (67) : 238 224.
Santé (66). 6 862.
Éducation (66). Prim. : 1 253 042. Sec. et techn. : 242 208. Sup. : 33 704.
Institutions. République démocratique socialiste, proclamée le 1er mai 1961. Président : Osvaldo Dorticos Torrado. Premier ministre : Fidel Castro. Après la révolution qui renversa Batista en 1959, le pouvoir législatif est exercé par le Conseil des ministres. Constitution en préparation.

L'« année du sucre » : un demi-échec

Année cruciale pour Cuba de par la volonté des dirigeants cubains eux-mêmes. Depuis plusieurs années, en effet, Fidel Castro a fixé un objectif majeur à l'agriculture cubaine : pulvériser tous les records enregistrés et réaliser une production de 10 millions de tonnes de sucre.

Échec relatif

À partir de juillet 1969, toutes les ressources de la société cubaine sont mobilisées à cette fin. La fête nationale du 26 juillet est même déclarée « journée de travail ». En dépit de tous les efforts, à la fin du mois de mai 1970, Fidel Castro annonce que le seuil des 10 millions de tonnes ne sera pas franchi et qu'il faut continuer à se battre pour réaliser 9 millions de tonnes seulement.