Partisan et artisan d'une politique financière extrêmement austère, le général Ongania devait également faire face à l'opposition croissante de certains syndicats. Si l'inflation a fini par atteindre des proportions normales en 1969 (de l'ordre de 6 %, contre 30 % deux années plus tôt), les salariés ont fait les frais de cet assainissement. Tous les partis politiques étant interdits, les syndicats les plus combatifs faisant l'objet de mesures d'intimidation répétées, c'est tout naturellement dans la rue que s'est portée l'agitation sociale.

Grèves sauvages et manifestations

Une première flambée particulièrement sanglante avait été enregistrée en mai 1969 à Cordoba. Depuis, occupations d'usines, grèves sauvages, manifestations, grèves générales, coups de main de commandos révolutionnaires (comme l'enlèvement, puis la libération, au mois de mars, du consul du Paraguay) se multipliaient. Comme à Cordoba, en mai 1969, le général Ongania avait de plus en plus tendance à faire appel à l'armée uniquement pour des tâches de maintien de l'ordre. C'est également pour échapper à ce rôle de garde-chiourme d'un régime suspect que la junte a décidé, semble-t-il, de reprendre le pouvoir délégué pendant quatre ans au général Ongania. Si à la fin de 1969 le général président manifesta quelques velléités de s'amender — il libéra environ 500 prisonniers politiques à l'occasion d'une journée nationale au cours de laquelle il « voua l'Argentine à la Vierge Marie », malgré le peu d'enthousiasme d'une bonne partie du clergé pour cette confusion entre le temporel et le spirituel —, il retomba très vite ensuite dans ses méthodes autoritaires et dans l'exercice solitaire du pouvoir, multipliant les interdictions de journaux et accentuant encore l'emprise du gouvernement sur toutes les chaînes de radio et de télévision.

L'enlèvement du général Aramburu

Le mystérieux enlèvement du général Aramburu, dans les derniers jours du mois de mai, semble aussi avoir joué un rôle dans le renversement d'Ongania. Certains services de police seraient, en effet, impliqués dans la disparition du politicien qui venait de rompre ouvertement avec le général président. Le fait que des policiers aient été mêlés à une tentative d'enlèvement dirigée contre un diplomate soviétique, quelques semaines plus tôt, fut considéré comme un début de preuve de la responsabilité directe ou indirecte du général Ongania dans l'enlèvement du général Aramburu.

Le général Aramburu

Né le 21 mai 1903 dans une famille d'origine basque, le général Aramburu fut longtemps considéré comme le liquidateur du péronisme. Il joua, en effet, un rôle important dans le renversement du président Peron, en 1955. Deux mois après la chute du leader justicialiste, il assuma la présidence provisoire de la République. Il devait occuper ces fonctions jusqu'en 1958, date à laquelle il remit le pouvoir au président Arturo Frondizi, régulièrement élu. Candidat aux élections présidentielles de 1963, il fut battu par Arturo Illia, qui devait être renversé en 1966 par le général Ongania. Depuis 1969, le général Aramburu, qui multipliait les critiques contre les méthodes de gouvernement d'Ongania, avait fortement modéré son anti-péronisme.

Barbade

252 000. 588. 1,2 %.
Économie. PNB (66) 437. Production (66) : A 25 % + I 18 % + S 57 %. Énerg. (67) : 498. C.E. (67) : 39 %.
Transports. (66) : 14 700 + (*67) 4 500.
Information. (66) : 2 quotidiens ; tirage global : 26 000. (67) : *55 000. (67) : *9 000. (66) : 5 800 fauteuils ; fréquentation : 1,2 M. (67) : 19 874.
Santé (66). 102. Mté inf. (67) : 54,1.
Éducation (64). Prim. : 39 173. Sec. et techn. : 15 431. Sup. : 407.
Institutions. État indépendant le 30 novembre 1966, après 339 ans de tutelle britannique. Constitution de 1966. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Winston Scott. Premier ministre : Errol Walton Barrow.

Bolivie

4 804 000. 4. 1,4 %.
Économie. PNB (67) 189. Production (66) : A 22 % + I 33 % + S 45 %. Énerg. (67) : 234. C.E. (67) : 20 %.
Transports. (*67) : 21 700 + 6 300. (*66) : 59 795 000 pass./km.
Information. (65) : 9 quotidiens ; tirage global : 95 000. (64) : 66 000 fauteuils ; fréquentation : 3,2 M. (67) : *29 800.
Santé (66). 1 187.
Éducation (65). Prim. : 496 068. Sec. et techn. : 98 147. Sup. : 233.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1947. Junte militaire présidée par le général Alfredo Ovando Candia, qui succède au président Adolfo Siles Salinas, après le coup d'État du 26 septembre 1969.

Fragilité du régime d'Ovando Candia

Dans la nuit du 25 au 26 septembre 1969, le général Alfredo Ovando Candia renverse Salinas et se fait nommer président de la République par une junte militaire.

Le code pétrolier abrogé

Quelques heures après, le gouvernement civil et militaire qui vient d'être mis en place prend une mesure spectaculaire : il abroge le code pétrolier qui fixe depuis quatorze ans les termes de l'exploitation des gisements pétroliers du pays par les sociétés étrangères. « Ce code n'avait pas été rédigé par des Boliviens pour la Bolivie, déclare le nouveau président, mais par des avocats étrangers, au profit de consortiums privés étrangers. »