Le verdict du procès de Chicago est salué par une série de manifestations violentes et d'attentats à la bombe.

L'avenir d'Edward Kennedy

Le mauvais sort semble s'acharner sur le clan Kennedy. En juillet 1969, Edward Kennedy se trouve soupçonné pour le moins de légèreté dans la mort d'une ancienne collaboratrice de son frère Robert. À l'issue d'une party donnée sur l'île de Chappaquiddick, non loin de Boston, la voiture du sénateur du Massachusetts tombe dans un bras de mer. Edward Kennedy aurait plongé en vain à plusieurs reprises, pour sauver la jeune femme. Mais Edward Kennedy attend une dizaine d'heures avant de prévenir la police de l'accident. Entre-temps, il a rejoint son hôtel comme si rien ne s'était passé. Interrogé, il est incapable d'expliquer les multiples contradictions de son témoignage. Condamné à deux mois de prison avec sursis pour n'avoir pas prévenu la police d'un accident dont il était responsable, Edward Kennedy voit sa carrière politique compromise. Il prend l'initiative d'annoncer qu'il ne sera pas candidat à la présidence en 1972. Quelques mois plus tard, une enquête menée à huis clos n'apporte aucune révélation, le juge se déclarant étonné de la version des faits présentée par Edward Kennedy.

La majorité silencieuse

La stratégie sudiste et la répression contre les éléments les plus radicaux de la nouvelle gauche ne rencontrent pas que des critiques. Pour la majorité silencieuse, lasse de la contestation violente, de la criminalité galopante, c'est la seule voie à suivre. Ce phénomène de réaction est particulièrement sensible au lendemain de l'intervention américaine au Cambodge : des milliers d'ouvriers du bâtiment de New York s'en prennent à coups de barres de fer à des étudiants qui manifestent en faveur de la paix. Ce genre de manifestation patriotique s'étend peu à peu à tous les États-Unis.

D'une certaine façon, les syndicats forment l'avant-garde de cette majorité silencieuse, fière d'être américaine et n'acceptant pas que des privilégiés — les étudiants — s'élèvent contre une société qui leur a pourtant donné toutes leurs chances. L'année 1970 voit, d'autre part, la disparition de deux grands leaders syndicaux. Le premier, Joseph Yablonski, ancien responsable du syndicat des mineurs, est assassiné en janvier. En juillet, malgré plusieurs arrestations, cet assassinat n'est toujours pas éclairci. Début mai, c'est Walter Reuther, leader du dynamique syndicat de l'automobile, qui meurt dans un accident d'avion. Avec lui disparaît l'une des figures les plus attachantes du syndicalisme américain. Contrairement à la tendance générale des syndicats, incarnée par Georges Meany, président de l'AFL-CIO, Reuther était nettement en faveur de l'intégration raciale et du renouveau du syndicalisme.

À l'Est et à l'Ouest

Tandis que l'inflation continue à faire des ravages à la fois sur le plan économique et sur le plan social, plusieurs problèmes internationaux différents de celui du Viêt-nam continuent à accaparer l'attention de Richard Nixon.

Le Proche-Orient vient en priorité. Après s'être rallié avec réticence au principe de la concertation à quatre, Nixon lance, dans son message sur l'état du monde du début de l'année 1970, un avertissement aux Soviétiques, les mettant en garde contre tout « effort pour s'assurer d'une position prédominante au Proche-Orient ». Le 22 mars, le chef de la Maison-Blanche n'en refuse pas moins de livrer à Israël les Phantom demandés depuis longtemps. Il ne s'agit cependant que d'un refus provisoire, que la présence de pilotes soviétiques aux commandes d'appareils égyptiens pourrait remettre en question, et qui s'accompagne d'une augmentation de l'aide économique à Israël. Quelques semaines plus tard, J. Sisco entreprend une tournée au Proche-Orient qui donne peu de résultats.

Les rapports Est-Ouest en sont toujours à l'ère de la négociation. Si Washington et Moscou se rencontrent par adversaires interposés aussi bien au Proche-Orient qu'en Asie du Sud-Est, les contacts sont beaucoup plus courtois d'abord à Helsinki, puis à Vienne pour la discussion sur la limitation des armements stratégiques. Ces discussions n'ont pas été compromises par le vote intervenu au Sénat, en août 1969, à une voix de majorité, en faveur du principe de l'installation d'un réseau de missiles anti-missiles destiné à intercepter toute fusée intercontinentale ennemie.