Heos 1 offrait plusieurs possibilités de mesure des champs magnétiques, des rayonnements cosmiques et des flux de particules composant le vent solaire. Une dernière expérience inédite eut lieu le 28 mars 1969 : on ordonna à la sonde de larguer à 70 000 km d'altitude un nuage de baryum. Ce nuage s'est rapidement ionisé sous l'influence des radiations solaires et s'est étendu sur une longueur de 3 000 km. Les photographies qui en ont été prises permettront de mieux connaître la structure des champs magnétiques de l'espace.

D'ici à 1971, l'ESRO compte poursuivre ses expériences en lançant quatre nouveaux satellites : une seconde sonde Heos (fin 1971), le second modèle de vol d'Esro 1, qui comprend donc les mêmes expériences, dès l'automne 1969 un des deux satellites TD qui a été conservé, et un satellite Esro 4 qui comporte cinq expériences primitivement prévues sur TD 2 et ne nécessitant pas de système de stabilisation complexe.

De son côté, l'ELDO a procédé pour la première fois, le 30 novembre 1968, au tir de la fusée Europa 1, avec ses trois étages actifs. Haute de 31,7 m et pesant 104 t, cette fusée se compose d'un premier étage britannique, Blue Streak, d'un second étage français, Coralie, et d'un troisième étage allemand, Astrix.

Premier essai

Ce tir n'a pas réussi à mettre sur orbite un satellite d'essai de 250 kg, à cause d'une défaillance du troisième étage, dont c'était le premier essai en vol. Par contre, le second étage, qui, lors des deux tirs précédents, n'avait pas fonctionné et qui avait été soumis à un examen complet et à certaines modifications, a cette fois donné satisfaction. Les techniciens n'étaient pas trop inquiets quant à la panne dont avait été victime le troisième étage.

L'ELDO se trouva sans budget en janvier 1969. En effet, en avril 1968, la Grande-Bretagne avait refusé de participer à l'augmentation du coût de développement de la fusée Europa 2 qui doit succéder à Europa 1.

La crise d'ELDO

En octobre, on proposa d'amputer le programme afin de ne pas dépasser les limites financières fixées, en 1966, à 626 millions de dollars. Puis, lors de la Conférence spatiale de Bonn (novembre 1968), qui groupait une quinzaine de pays européens, la Grande-Bretagne fit savoir qu'à la suite de la modification du programme elle ne se considérait plus comme liée et qu'elle ne verserait à l'ELDO que 10 millions de livres sur les 17 millions à verser jusqu'en 1971.

Quant à l'Italie, elle déclara qu'elle n'était plus intéressée non plus par le programme actuel, qui, modifié, la prive d'une grande partie des commandes industrielles qui lui étaient réservées.

À la conférence ministérielle de l'ELDO, réunie en avril 1969 à Paris, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et France acceptèrent de se répartir une charge financière supplémentaire de 135 millions de francs, d'achever la construction d'Europa 2, et d'entreprendre des études sur Europa 3.

La crise de l'Europe spatiale semblait ainsi dénouée quand on a appris que la France se proposait de prélever sur sa contribution à l'ESRO la totalité du supplément qu'elle a pris l'engagement de verser à l'ELDO.

Océanographie

Premier bilan du programme « JOIDES » : pétrole en mer profonde

Le Glomar Challenger, navire construit spécialement pour les forages profonds en haute mer, procède, depuis juillet 1968, dans le cadre du projet JOIDES (Joint Oceanographic Institutions Deep Earth Sampling), au prélèvement de carottes dans le fond des océans.

Les spécialistes — géologues et géophysiciens — disposent désormais de matériaux concrets qui leur permettront de connaître la nature et l'âge des sédiments qui tapissent le sol océanique. Ils peuvent déjà, après les quatre premières croisières, qui se sont déroulées dans l'Atlantique, confirmer leurs hypothèses de dérive des continents.

Toutes les analyses ont confirmé ce que l'on supposait : l'âge des sédiments (leur épaisseur aussi le plus souvent) croît avec la distance qui sépare le site des forages du centre de la dorsale médio-atlantique, par où monterait le matériau nouveau dont la mise en place progressive a éloigné peu à peu l'une de l'autre les masses continentales de l'Amérique et de l'Europe-Afrique. Les recherches sont activement poursuivies dans l'océan Pacifique.