C'est ce qui amène Desanti à démonter les mécanismes de la création en mathématiques. Divers et complexes, ceux-ci révèlent que l'objet mathématique n'est pas ce que la philosophie classique croyait : l'enfant miraculeux d'une intuition instantanée ; mais un carrefour d'opérations, ou, comme dit Desanti, « un index pour des enchaînements possibles ». Il prend place dans un système par rapport auquel il « existe », et dans lequel il acquiert une certaine stabilité.

Dans le détail

Pour pénétrer les secrets de l'élaboration mathématique, Desanti développe des analyses fines et minutieuses, d'un très haut niveau technique, et surtout philosophique. Il faut se donner la peine de les suivre dans le détail pour avoir la joie de comprendre enfin comment se fabriquent les mathématiques. Car on ne peut se contenter, pour répondre aux problèmes de l'épistémologie mathématique, de s'arrêter à des propositions particulières isolées telles que 7 + 5 = 12.

L'auteur nous met en garde contre une simplification outrancière, de peu d'intérêt. Les mathématiques sont devenues aujourd'hui quelque chose de très vaste et de très profond ; on ne peut se satisfaire à leur propos de généralités. Tout ce que nous disons à leur sujet teste étroitement lié à l'aspect et à la partie concernés par notre analyse.

Une voie inédite

En outre, une philosophie générale compatible avec l'état actuel de la science n'est pas encore tout à fait réalisable. Elle implique que l'épistémologue prenne des distances à l'égard du domaine de recherche, ce qui est proprement une illusion, sans cesse dénoncée par Desanti. Mais une épistémologie plus générale exige des enquêtes sur des théories plus compliquées.

Ces enquêtes pourraient être de grande portée pour la connaissance du fonctionnement de tout discours, dont la mathématique offre le modèle le plus parfait.

Pour l'instant, il suffit de retenir que le travail de Desanti renouvelle l'épistémologie mathématique en France et lui ouvre une voie inédite.

Les techniques

Transports

Les moteurs ioniques

Le moteur ionique ou à plasma est un moteur-fusée qui éjecte à l'arrière, au lieu de gaz de combustion, des particules électrisées (ions) accélérées par un champ électrique.

La vitesse limite

La masse éjectée est faible, donc aussi la poussée ; un tel moteur ne saurait arracher au sol un engin, opération qui demande une très grande dépense d'énergie dans un temps très court. Les avantages du moteur ionique apparaissent en vol. Par kilogramme de matière propulsive, l'énergie totale produite sera bien plus élevée qu'avec une fusée chimique (elle le sera dans un temps plus long, mais cela n'a plus d'importance).

La masse correspondante de combustible à emporter au départ sera donc moins grande. D'autre part, la vitesse d'éjection des ions est incomparablement plus grande que celle des gaz de combustion ; or, la vitesse d'éjection représente précisément la vitesse limite que peut communiquer tout propulseur à réaction.

Appliqué à un engin déjà en vol balistique, le moteur ionique pourrait, en l'accélérant progressivement, l'amener à des vitesses très supérieures à celles de tous les objets célestes, naturels ou artificiels.

Par sa légèreté et sa maniabilité, il constitue un instrument idéal pour les corrections de trajectoire.

Des moteurs ioniques avaient été essayés pour la première fois dans l'espace par la station automatique soviétique Zond 2. Au mois de mai 1969, deux informations sont venues réveiller l'intérêt pour l'avenir de ce mode de propulsion.

En France, le CNES a décidé de financer les études de base pour le développement de propulseurs ioniques, destinés aux satellites qui seront lancés dans le cadre du VIIe plan, c'est-à-dire à partir de 1975.

On compte que la propulsion ionique donnera un gain de l'ordre de 15 % de la masse totale d'un satellite de 450 kg devant fonctionner pendant cinq ans. Les ions seront des atomes de césium qui s'ionisent positivement au contact de tungstène poreux. Ils sont ensuite accélérés dans un champ électrique de quelques milliers de volts. Avant de les éjecter, on incorpore au faisceau des électrons (charges négatives), qui le rendent globalement neutre, sans quoi les forces électrostatiques jouant avec l'engin contrarieraient la force de propulsion.