Sécrété par les cellules lorsqu'elles sont infectées par un virus, l'interféron se répand dans l'organisme et pénètre dans les cellules saines, qu'il protège contre toute attaque d'un virus, quel qu'il soit. Les infections virales sont une des dernières sortes de maladies contre lesquelles la médecine est mal armée, car elles sont, dans la quasi-totalité des cas, insensibles aux antibiotiques. Les espoirs soulevés par la découverte de l'interféron ont tardé cependant à se concrétiser. Il était difficile de s'en procurer des quantités suffisantes, seul l'interféron fabriqué par des cellules humaines étant actif chez l'homme.

Essais cliniques en cours

D'autre part, les mécanismes par lesquels agit l'interféron restaient mystérieux ; et les virus semblent eux-mêmes induire dans la cellule la synthèse de substances antagonistes de l'action de l'interféron. Les trois conférences ont fait le point des recherches récentes qui ont élucidé en grande partie les processus de synthèse de l'interféron par la cellule.

En l'absence même de virus, cette synthèse peut être induite par différentes substances chimiques. Il faut maintenant étudier les éventuels effets secondaires et la toxicité de ces inducteurs.

Des essais cliniques sont déjà en cours, notamment en Angleterre et en France. On espère que d'ici deux ans l'interféron deviendra d'emploi courant dans le traitement de maladies telles que l'hépatite virale, la rage, la rubéole, et aussi plusieurs formes de cancer.

Les psychiatres se séparent des neurologues

Deux disciplines médicales jusqu'ici confondues, la neurologie et la psychiatrie, sont désormais séparées ; telle est la décision prise par un décret publié en janvier 1969.

C'est la conclusion d'une polémique qui a opposé, en termes parfois vifs, les tenants de l'ancienne spécialité de neuropsychiatrie (neurologues pour la plupart) à la majorité des psychiatres, qui revendiquaient leur indépendance et ont fini par l'obtenir.

Plus de spécialisation

Les points de vue contradictoires trouvaient l'un et l'autre des arguments dans l'évolution générale des connaissances et de la thérapeutique. Les psychiatres faisaient valoir que les temps sont passés où, comme au siècle dernier, leur rôle consistait surtout à recueillir les malades pour qui la neurologie était impuissante. Aujourd'hui, la psychiatrie a ses méthodes propres, de plus en plus efficaces, et son champ d'action, qui est l'esprit du malade et non son corps. Elle est devenue une spécialité majeure. Du reste, la tendance générale de la médecine va vers une spécialisation grandissante.

À quoi les adversaires de la séparation répliquaient que la pensée est liée au cerveau ; les grands désordres mentaux correspondent à des lésions cérébrales organiques. Leur traitement a largement bénéficié des progrès de la chirurgie et de la pharmacologie, plus récemment de la biochimie et de la génétique.

Le professeur Jean Delay, de l'Académie française, président du Collège national universitaire de psychiatrie, tout en admettant que la réforme était inévitable, a exprimé le vœu qu'elle ne préfigure pas, au sein même de la psychiatrie, une séparation entre biologistes et psychologues.

Réapparition de la rage

La rage a fait sa réapparition en Europe. Partie en 1939 de Pologne, l'épizootie a progressé lentement vers l'Ouest, touchant l'Allemagne, le Danemark, les pays du Benelux et, en 1968, la Suisse et la France. En Moselle, notamment, 23 renards, 24 bovins, 3 chiens et un chat ont été reconnus enragés. Près de 300 bovins ont été placés en quarantaine. Des consignes de prudence ont été données à la population du département et des contrées limitrophes, aussi bien pour sa protection propre que pour celle du bétail, tandis que des battues au renard, des poses d'appâts empoisonnés à la strychnine et une campagne de gazage des terriers s'organisent. L'autorisation d'abattre à vue des animaux domestiques errants a été délivrée. Un foyer méditerranéen est également signalé en Turquie, en Grèce et en Italie. La médecine ne dispose encore d'aucun moyen pour guérir une rage déclarée. Le seul progrès consiste dans l'emploi de produits tranquillisants qui assurent au patient une mort moins douloureuse. Devant la résurgence du fléau, l'unique recours, pour sauver une personne mordue par un animal enragé, demeure la vaccination. Pasteur utilisait comme vaccin un virus sauvage atténué par plusieurs passages sur moelle de lapin ; aujourd'hui, on préfère des vaccins inactivés par le phénol et le chauffage. Malheureusement, ces vaccins, qui, comme celui de Pasteur, contiennent du tissu nerveux d'origine animale, provoquent quelquefois des paralysies, vraisemblablement causées par des substances propres à l'animal infecté. On étudie actuellement des vaccins inactivés obtenus avec du tissu cérébral de ratons ou de souriceaux (le facteur pathogène n'apparaît pas chez les très jeunes animaux). En outre, dans les cas graves, on associe au vaccin un sérum antirabique, dont l'action protectrice est immédiate, mais dont l'administration est délicate. L'éradication totale de la rage ne serait réalisable que par la destruction radicale de certaines espèces sauvages, notamment le renard et le furet, qui constituent la réserve naturelle du virus.

L'homme

Archéologie

Qui a inventé la roue ?

Les archéologues admettaient, en général, que la roue était une invention venue de Mésopotamie. Ils ne l'affirmeraient sans doute plus aujourd'hui.