Il faut cependant signaler que les chiffres qui viennent d'être cités laissent la France (compte tenu de la population) très en arrière des États-Unis ou de l'URSS. Avec quelques nuances (en faveur surtout de l'Allemagne fédérale), cette constatation vaut pour les autres pays d'Europe occidentale.

La terre et l'espace

Astronomie

De nouveaux astres étranges : les pulsars

Les astrophysiciens ne cessent de découvrir des objets célestes d'une nature inconnue (Journal de l'année 1966-67 et 1967-68). En février 1968, trois chercheurs de l'observatoire Mullard, à Cambridge — Hewish, Scott et Wills —, révèlent qu'ils ont détecté dans l'espace des sources radio-ponctuelles émettant à intervalles très rapprochés et très réguliers.

Une régularité étonnante

La première observation datait, en fait, de juillet 1967. Mais les savants britanniques craignaient d'encourager les commentaires hâtifs des journalistes avides de nouvelles à sensation, qui pouvaient interpréter prématurément ces émissions mystérieuses comme des messages lancés par les habitants d'une autre planète. C'est pourquoi ils poursuivirent durant plusieurs mois leurs observations avant d'annoncer la découverte de ces astres d'une espèce nouvelle, les radio-étoiles pulsantes, qu'on baptisa bientôt les pulsars.

Les radiosources observées jusqu'ici — comme le Soleil, la planète Jupiter ou certaines galaxies — émettent un rayonnement étalé sur une large gamme de longueurs d'ondes. C'est le bruit de fond d'une masse de matière placée dans des conditions physiques d'émission radio-électrique. En outre, les radiotélescopes détectent des rayonnements sur des longueurs d'ondes caractéristiques de changements d'état de molécules bien déterminées : c'est le cas de la célèbre émission sur 21 cm qui permet de déceler dans l'espace interstellaire des nuages d'hydrogène non ionisé.

Les trains d'ondes observés pour la première fois à Cambridge n'appartiennent à aucun de ces deux types d'émissions. Leur découverte a été presque fortuite. Les radiotélescopes ordinaires, destinés à détecter des émissions dont les variations (quand il y en a) sont relativement lentes, n'enregistrent pas les changements très rapides.

Les radio-astronomes britanniques avaient besoin — pour des recherches d'un ordre différent — d'enregistrer les scintillations de certaines radiosources (semblables aux scintillations lumineuses). Ils avaient pour cela construit un radiotélescope sensible à 1/5 de seconde. C'est alors qu'ils reçurent des trains d'ondes radio réguliers, qu'ils attribuèrent d'abord à quelque radar terrestre. Mais le signal se répétait tous les jours à la même heure, avec un décalage de quelques minutes : l'émission provenait donc d'un point précis de la voûte céleste, qu'on localisa dans la constellation du Petit Renard.

Cette radiosource, Pulsar 1, émet des impulsions d'une durée de 37 millisecondes, séparées par des intervalles de 1,3 372 795 seconde. Une étude plus fine a montré que l'impulsion est elle-même divisée en plusieurs sous-impulsions séparées par des intervalles d'environ 12 millisecondes.

Les astronomes de Cambridge avaient découvert ensuite trois autres pulsars, chacun d'entre eux étant caractérisé par une période propre, d'une régularité tout aussi stupéfiante. Pulsar 3 a une période très courte — environ un quart de seconde — et une seule impulsion continue.

La chasse aux pulsars était ouverte. En septembre, les Australiens, qui disposent d'un radiotélescope très puissant, la Croix de Mills (il est constitué par deux lignes d'antennes de plus de 3 km de long qui se coupent en leur milieu), signalaient deux autres pulsars. À la fin de l'année, on en comptait déjà une vingtaine. Comme les précédents, ils ont chacun leur période d'émission caractéristique, de l'ordre de la seconde, qu'ils observent avec une régularité digne d'une horloge atomique.

Une énergie fantastique

La dimension et l'éloignement des pulsars ont pu être calculés, au moins approximativement.