La perspective des élections présidentielles du 1er décembre 1968 domine la scène politique vénézuélienne.

Le candidat de l'Action démocratique (AD), parti réformiste qui domine la vie politique du pays depuis 1959, paraît en danger à la suite d'une grave scission intervenue au sein de cette formation en octobre 1967. Cette crise de l'AD a justement eu pour origine la désignation du candidat à la présidence : la vieille garde du parti s'est opposée à la nomination de Luis Beltran Prieto et a imposé le ministre de l'Intérieur en place, Gonzalo Barrios, un ami de R. Leoni, président de la République et chef de l'exécutif

Plutôt que de s'incliner, Beltran Prieto, qui bénéficie de l'appui des éléments jeunes de l'AD et du soutien des syndicats, abandonne l'Action démocratique et fonde son propre parti, le Mouvement électoral populaire, dont il devient le candidat à la présidence.

La crise de l'AD s'accentue encore au mois d'avril 1967, lorsque-les ministres appartenant à l'Union républicaine démocratique (URD) quittent le gouvernement. Face à Gonzalo Barrios, représentant la tendance la plus conservatrice et la plus anticastriste de l'AD, Beltran Prieto apparaît comme un rival redoutable.

Avec l'appui de l'URD, celui du Front démocratique (sorti également de la coalition gouvernementale) et la neutralité du parti communiste (qui a condamné solennellement la lutte armée et admet le processus électoral), Beltran Prieto pourrait regrouper sur son nom une majorité de suffrages. Il doit cependant compter avec un troisième candidat, Rafael Caldera, l'homme de la démocratie chrétienne, un ami du président réformiste chilien Eduardo Frei.