1 557 355 ha ont pu être ainsi libérés.

Leur utilisation est la suivante :
– 659 659 ha ont servi à l'agrandissement de 65 812 petites exploitations, qui ont vu, de ce fait, leurs surfaces progresser de 48 % en moyenne ;
– 866 773 ha, représentant 33 504 exploitations, ont été transférés à des exploitants non encore installés ;
– 30 923 ha ont été cédés aux SAFER (Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural).

Depuis la mise en œuvre du FASASA en 1962, jusqu'au 31 décembre 1965, les syndicats de migrations et d'établissements ruraux ont installé ou réinstallé, avec l'aide de l'État, 10 000 agriculteurs, parmi lesquels :
– 55 % sont des agriculteurs rapatriés d'Afrique du Nord ;
– 32 % des agriculteurs bénéficiaires de la promotion sociale ;
– 10 % des agriculteurs migrants d'une région à une autre ;
– 3 % des agriculteurs s'installant sur une exploitation mieux structurée.

Sur les 36 000 agriculteurs à qui l'Association pour les mutations professionnelles en agriculture (AMPRA) a offert ses services de 1964 à la fin de 1966 pour changer de métier, 18 000 ont établi un dossier de demande d'aide, sur lesquels 12 700 ont été acceptés. Au 31 décembre 1966, 8 000 personnes avaient terminé leur formation dans un métier non agricole.

Un établissement public — le Centre national pour l'amélioration des structures agricoles (CNASA) — a été créé pour coordonner la mise en œuvre de ces actions de restructuration agraire. Cet établissement, présidé par Raymond Mathey, conseiller maître à la Cour des comptes, est installé en janvier 1967. Il agit avec le concours d'associations professionnelles spécialisées et conventionnées. Il prend en 1967 le relais de l'AMPRA et de l'ANMER (Association nationale de migrations et d'établissements ruraux).

L'action des SAFER

Les SAFER tournent désormais à plein régime. Depuis leur origine (1962) jusqu'au 31 décembre 1966, elles ont acheté 170 000 ha et rétrocédé, après aménagement, 80 000 ha. Les 48 000 ha rétrocédés depuis l'origine jusqu'au 31 décembre 1965 étaient ainsi répartis :
– 24 700 ha pour des agrandissements d'exploitation ;
– 22 500 ha pour des installations ;
– 800 ha pour des groupements forestiers.

Les SAFER sont intervenues en 1965 pour 14 % du marché foncier libre. Elles n'ont fait jouer, jusqu'à fin 1965, le droit de préemption que dans 1 028 cas sur 129 336 notifications de projets de vente et 18 024 notifications d'adjudications.

Parallèlement, le remembrement des propriétés poursuit son cours : 470 000 ha sont remembrés en 1966, ce qui porte à 5 160 000 ha la superficie totale remembrée au 1er janvier 1967.

Productions végétales : incertitude sur les prix

Deux postes importants pour les agriculteurs, les céréales et les vins, ont subi le contrecoup des conditions climatiques difficiles de 1966 : les quantités récoltées ou vendangées sont en recul sur celles de 1965. Si les recettes qu'ont tirées les agriculteurs de la vente des produits végétaux sont malgré tout en hausse de 6,8 % Par rapport à 1965, cela tient à l'amélioration des prix de certaines productions.

Les céréales

Dans la courbe des rendements, en progression presque constante depuis des décennies, 1966 marque pour le blé un recul. Un insecte déprédateur encore mal combattu, la cécidomyie, a fait, en effet, des ravages inattendus dans les régions grosses productrices, à tel point que plusieurs départements ont été déclarés sinistrés. Un recul conjoint des superficies emblavées (recul confirmé pour l'année 1967) a entraîné une récolte inférieure de 30 millions de quintaux à celle — record — de 1965.

La situation à l'égard de l'exportation s'est trouvée de ce fait renversée d'une année sur l'autre : le gouvernement a freiné la recherche des contrats d'exportation qui avait été le souci no 1 durant 1965, tandis que la diminution relative de l'offre entraînait un relèvement des cours sur le marché intérieur, situés nettement au-dessus du prix indicatif.