Mais les industriels et artisans du bâtiment s'inquiètent surtout de la diminution des mises en chantier — 422 600 logements lancés en 1966, soit 5 % de moins qu'en 1965 — et de la chute des permis de construire 510 000 demandes seulement ont été déposées, contre 597 800 en 1965, soit une baisse de 14,6 %.

Paradoxalement, l'insuffisance de la construction face aux besoins s'accompagne d'une mévente : au début de 1967, on estimait que plus de 40 000 logements neufs étaient sans acquéreur ; en 1966, ce sont, en effet, les logements chers qui avaient progressé le plus, alors que la clientèle la moins aisée recherchait surtout des HLM, dont le nombre n'avait pratiquement pas augmenté entre 1965 et 1966.

En attendant les effets des mesures financières prises antérieurement (création du marché hypothécaire et de l'épargne-logement), les pouvoirs publics ont décidé en juin d'élever le montant global des prêts spéciaux du Crédit foncier, ce qui devait permettre le financement de 6 000 logements supplémentaires.

De même, la Caisse des dépôts devait racheter des logements invendus pour les écouler dans de meilleures conditions.

Une structure artisanale

Le bâtiment est d'autant plus atteint par la conjoncture que sa structure est extrêmement morcelée et que l'industrialisation en est encore à ses balbutiements les grosses opérations, groupant plus de 500 logements, ne portent, en effet, que sur un dixième des constructions, et 35 000 plans d'appartements différents sont utilisés pour construire 350 000 logements.

Le chiffre d'affaires de la profession (électricité et construction métallique non comprises) est évalué à 40 milliards de francs, répartis dans la construction d'habitations (46 %), d'installations à usage industriel, agricole, commercial (10,5 %), d'édifices publics et sociaux (13,5 %), et l'entretien et la transformation des bâtiments existants (30 %).

Par branches, le gros œuvre représente 50 % du chiffre d'affaires global, le bois 14 %, la couverture-plomberie 15 %, le fer 5 %, la fumisterie-chauffage 5 % et la peinture-aménagement 11 %.

Bâtiments à la chaîne

Environ 1 240 000 personnes sont employées dans le bâtiment, et l'on peut noter une progression sensible des effectifs ouvriers : 805 000 en octobre 1963, 883 000 fin 1966.

Si les effectifs salariés ont augmenté en dix ans de plus de 40 %, il faut noter que, dans le même temps, le personnel technique, d'encadrement et d'administration a, dans l'ensemble, presque doublé en raison de I évolution des techniques et de la croissance de la taille des entreprises. Ainsi, dans le gros œuvre, le nombre des entreprises de plus de 100 ouvriers doublait pendant la même période.

Malgré cette progression, la structure du bâtiment reste encore trop artisanale. C'est pourquoi le ministère de l'Équipement se préoccupe beaucoup de son industrialisation.

Des chaînes de production industrielles de logements vont être mises en place dans la région parisienne. Des équipes comprenant architectes, bureaux d'études techniques et entrepreneurs ont été sélectionnées par concours, et les maîtres d'ouvrage choisissent parmi ces équipes pour l'exécution de 75 000 logements, dont plus de la moitié de HLM à réaliser en cinq ans. Chaque équipe retenue aura ainsi un marché de 3 000 à 5 000 logements à bâtir en cinq ans.

Chimie

Incertitudes malgré l'expansion

La croissance constante de la production des industries chimiques, qui ne se dément pas en 1967, reflète la place de plus en plus grande que tiennent ces produits dans l'industrie d'un pays moderne, aussi bien pour l'équipement que pour la consommation. Les engrais, les plastiques, les peintures et vernis servent à l'un comme à l'autre ; les colorants vont à l'industrie, les produits pharmaceutiques à la consommation, les uns et les autres sont de plus en plus demandés.

La concurrence

La croissance de la production avait atteint 10 % en 1966 au lieu de 9,5 % l'année précédente : le solde bénéficiaire des échanges extérieurs était revenu de 370 millions en 1965 à 180 millions en 1966.