La poussée plus forte des importations que des exportations explique cette évolution. Les ventes à l'étranger ont progressé de 13,5 % entre 1965 et 1966 ; les achats, en revanche, se sont accrus de 20 %. En somme, les produits étrangers, surtout à cause de leurs prix et des efforts de pénétration de la concurrence, s'implantent plus fortement en France que ne peuvent le faire les produits français hors de nos frontières.

Inventer sans cesse

En particulier, le fait que la moitié de nos importations se fasse en provenance de l'Allemagne, des États-Unis et de la Grande-Bretagne illustre un décalage entre les industries de ces pays, concentrées dans quelques très puissantes entreprises à haute productivité et à haut pouvoir d'innovation, et l'industrie française, plus dispersée et par suite plus faible pour innover et pour réduire ses prix de revient.

Inventer sans cesse de nouveaux produits, qui se périment donc très vite et dont les installations de production sont également à renouveler rapidement, telle est la donnée première de l'industrie chimique. Les dépenses de recherche et les investissements pèsent lourd dans cette activité en constant renouvellement.

L'amortissement de ces dépenses n'est possible que sur des installations très productives et très puissantes, dont la production s'écoule par de larges réseaux de vente présents sur de nombreux marchés diversifiés.

C'est pourquoi l'industrie chimique est le domaine par excellence des grandes entreprises, seules aptes à franchir les seuils de rentabilité pour la recherche, pour la production et pour la commercialisation.

Un profond remodelage

La France souffre, en cette industrie, du handicap que lui vaut sa trop longue hibernation dans le vase clos de ses frontières, ainsi que du fractionnement de l'industrie entre des firmes de vocation semblable et de statut différent.

Le protectionnisme a provoqué l'énergie chère, les ateliers microscopiques, l'invention ralentie, le dynamisme émoussé. Le fractionnement oppose des producteurs polyvalents et relevant les uns du secteur privé, les autres du secteur public.

Un profond remodelage de la structure industrielle de la chimie française, surtout au niveau des matières premières de base et des grands intermédiaires de la chimie organique, est donc à faire.

Le Plan, les entreprises, le comité spécialisé dit Comité Ortoli y consacrent leurs efforts depuis quelques mois.

Des résultats ont déjà été acquis, qui ne sont pas toujours ceux qui avaient été initialement espérés, mais qui sont positifs.

La dimension requise

Les rapprochements entre Ugine et Kuhlmann, entre Auby et les Charbonnages de France, entre Potasse d'Alsace et Pierrefitte illustrent les récents développements de cette recherche de la taille internationale, dans laquelle était entrée en précurseur la fusion Péchiney-Saint-Gobain.

Cet effort vise à créer en France un ou deux groupes chimiques de la taille de Rhône-Poulenc, seule affaire ayant acquis depuis longtemps la dimension requise par la compétition mondiale.

Mais ces modifications structurelles sont lentes à décider et à appliquer. La proximité de la suppression complète des frontières douanières au sein du Marché commun et — surtout — la conclusion d'un accord international dans les négociations tarifaires menées dans le cadre du GATT font craindre à l'industrie chimique française de ne pouvoir aborder sans difficultés les prochaines années de concurrence exacerbée.

C'est pourquoi, si les heureux résultats de sa production et son taux de croissance élevé et régulier sont, pour l'industrie chimique, des motifs de satisfaction, elle connaît aussi des raisons d'inquiétude.

Textiles

Ralentissement de l'activité

Un puissant mouvement de restructuration se dessine dans l'industrie textile depuis la fin de l'année 1965 ; il s'est poursuivi et même accru en 1966 et 1967.

La perspective de l'ouverture des frontières dans la Communauté n'est certes pas étrangère à ces nombreux regroupements, mais ceux-ci semblent dus, surtout, aux difficultés rencontrées tant sur le marché intérieur qu'à l'exportation.

Fusions, concentrations

Parmi les principaux accords intervenus récemment, on a noté :