le royaume de France sous Louis XIV

La taxe par tête
La taxe par tête

Le désir de grandeur de l'État, Louis XIV essaiera de l'accomplir par une politique de prestige et une suite de guerres de conquête. Le roi avait-il les moyens de mener à bien cette politique ? Pour répondre à cette question, il faut se demander quel était alors l'état de la France et quels étaient les instruments de gouvernement à la disposition du pouvoir.

Malgré les ravages occasionnés par la Fronde, la France en 1661 est un pays riche. L’historien Pierre Goubert écrit : « Le fait le plus caractéristique est l'augmentation des impôts dus aux guerres de Louis XIII et de Mazarin. Le montant des tailles des seuls pays d'élection passe de 20 millions en 1624 à 45 en 1635 et les impopulaires gabelles de 7 à 14 millions dans le même temps. Ce qui frappe le plus c'est l'extraordinaire richesse du royaume qui fut capable de supporter cela. Un tel effort n'affecta sérieusement ni l'équilibre financier, ni la balance des comptes, ni la solidité de la monnaie, la preuve en est qu'il ne fallut pas trois ans à Colbert pour mettre clarté et ordre dans les finances. »

1. La population

À une époque où le travail musculaire est l'énergie essentielle, la grande force du pays, c'est le nombre de ses travailleurs. Démographiquement, la France est le premier pays d'Europe avec 18 millions d'habitants environ, plus que tout l'Empire germanique, trois fois plus que l'Angleterre. Démographie stagnante, d'ailleurs, où les familles nombreuses, contrairement à la légende, sont rares. Les familles ont quatre ou cinq enfants en moyenne. Sur 100 enfants qui naissent, 50 n'atteignent pas l'âge adulte, 25 disparaissent entre vingt-cinq et quarante ans, 10 seulement deviennent sexagénaires.

Ainsi, à cause de la mortalité précoce, l'espérance de vie moyenne est seulement de vingt-cinq ans environ. Ce taux de remplacement voisin de l'unité est donc très fragile et à la merci d'une crise. Or, les crises démographiques sont alors fréquentes. Elles sont provoquées essentiellement par des famines dues à la cherté des blés, à la suite de mauvaises récoltes consécutives à des conditions climatériques défavorables.

Les épidémies diverses, appelées uniformément « pestes », ne sont que les conséquences des pénuries alimentaires. Au cours de ces crises (les plus importantes se situant en 1661-1664, 1693-1694 et 1709-1710), qui touchent principalement les catégories les plus pauvres, on voit le prix du pain tripler, les taux de décès quadrupler et les conceptions baisser d'autant. Puis, après l'élimination des faibles (vieillards, enfants malades), la récupération est aussi rapide que la récession, et les vides sont rapidement comblés, jusqu'à la prochaine crise qui rétablira de nouveau l'équilibre entre la population et les subsistances.

2. L'économie

2.1. Une économie de subsistance

L'immense majorité des sujets du Grand Roi travaille à la terre ou en vit (85 % de paysans et 8 % de rentiers du sol). L'économie fondée sur les produits agricoles est une économie de subsistance caractérisée par la prédominance absolue de l'agriculture vivrière et des céréales, à cause des faiblesses de la production et des rendements. C'est le manque d'engrais qui en est responsable (inexistence des engrais chimiques et insuffisance du bétail).

Cette économie est paralysée par la médiocrité des échanges, causée par le mauvais état des routes, la forme de la monnaie et les douanes intérieures.

2.2. Le monde de la paysannerie

La société tout entière repose donc sur la paysannerie. Celle-ci, d'ailleurs, est loin de constituer un groupe homogène ; depuis les gros « fermiers de seigneurie » jusqu'aux simples « manouvriers », on trouve toute la gamme des situations allant de l'aisance à la plus grande indigence.

Cependant, sous Louis XIV, le sort de toutes ces catégories va plutôt en s'aggravant. Impôts et prélèvements de toutes sortes s'abattent sur tous les paysans : tailles et gabelles royales, droits seigneuriaux, dîmes ecclésiastiques, rentes à payer aux bourgeois propriétaires.

2.3. Prospérité des grands propriétaires terriens

En revanche, ceux qu'on peut appeler les rentiers du sol, eux, semblent prospérer. Au cours du règne, la rente foncière, surtout jusque vers 1680, ne cesse de monter. Les grosses propriétés terriennes sont en effet entre les mains de la noblesse, de l'Église, de la bourgeoisie des villes, qui, tous, depuis le xvie siècle, rassemblent les terres et constituent de grands domaines au détriment des paysans, de plus en plus endettés à cause des charges qui pèsent sur eux. Par exemple, dans la Brie, la noblesse possède deux cinquièmes des terres, le clergé un cinquième, la bourgeoisie urbaine un cinquième. Le cinquième restant est la propriété des paysans, divisée généralement en nombreuses parcelles, trop minces pour assurer la subsistance d'une famille.

2.4. Artisanat rural

La place de l'industrie et du commerce doivent – sans être minimisées – être comprises dans cette perspective et ces proportions, de même que l'action du ministre Colbert. L'artisanat urbain ne groupe en effet que quelques dizaines de milliers d'ouvriers. La masse la plus importante est rurale et constituée par de petits artisans-paysans qui y trouvent un salaire complémentaire indispensable. Ainsi, dans l'Amiénois, l'industrie rurale de tissage n'a cessé d'augmenter sous Louis XIV et, à la fin du règne, elle égale en importance l'industrie urbaine.

Cet essor de l'industrie rurale est particulièrement important à partir de 1680, époque précisément où la rentabilité de la terre diminue. Il démontre cependant que si l'industrie et le commerce sont quantitativement inférieurs à l'activité agricole, à laquelle ils sont d'ailleurs liés, leur rôle au point de vue de l'expansion économique est considérable. À côté d'une agriculture qui stagne, la croissance industrielle et commerciale du xviie siècle continue celle du xvie siècle et annonce le « décollage » du siècle suivant.

3. L'administration du royaume

C'est entre 1661 et 1672 que Louis XIV, aidé essentiellement de Michel Le Tellier et de Colbert, va rétablir l'ordre dans l'administration en s'efforçant de l'unifier et de la centraliser.

La monarchie absolue prend alors la forme qu'elle conservera jusqu'en 1789. Au moment de sa prise de pouvoir personnel, Louis XIV peut écrire : « Le désordre régnait partout. » Jugement sévère pour ses prédécesseurs, Richelieu et Mazarin. Le premier, il est vrai, a été handicapé par sa lutte contre la maison d'Autriche. La conduite de la guerre a désorganisé ses finances et ne lui a pas laissé le temps de mener à bien la remise en ordre de l'administration intérieure. À cause de la Fronde, il en a été de même pour Mazarin, qui a dû lui aussi se contenter d'expédients.

En 1661, il y a donc beaucoup à faire. Jusqu'en 1672, à part la « promenade » militaire que sera la guerre de Dévolution (1667-1668), le royaume bénéficiera de onze années de paix. C'est dans ce court laps de temps que les différents rouages de la machine gouvernementale seront réformés et perfectionnés.

3.1. Le gouvernement et l'administration centrale

L'organe essentiel en est le Conseil d'État (ou Conseil d'en haut), composé du roi et des ministres d'État.

La nouveauté essentielle, c'est la réforme des finances. Celles-ci sont dirigées par un Conseil royal des finances composé du roi, du chancelier, du contrôleur général (ce sera Colbert jusqu'à sa mort en 1683) et de deux ou trois conseillers d'État.

La justice a pour chef le chancelier, qui est aussi garde des Sceaux. Cette dernière fonction lui permet d'être le lien entre le gouvernement et l'administration puisque tous les actes du roi doivent être scellés, publiés et expédiés par lui.

Les autres services publics sont répartis entre les différents secrétaires d'État : Guerre, Affaires étrangères, Maison du roi et le Conseil de la religion prétendue réformée, qui s'occupe de la question protestante jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes.

Il faut noter que l'Agriculture, l'Industrie, le Commerce, les Colonies, les « Affaires culturelles » sont rattachés au contrôleur général des finances, ce qui donne une idée de l'importance de Colbert.

3.2. L'administration des provinces

Les intendants sont choisis parmi les maîtres des requêtes du Conseil d'État. Ils reçoivent leurs ordres par le moyen du Conseil des dépêches, qui transmet arrêts et décisions.

Ce Conseil est composé du roi, du chancelier, des ministres et des secrétaires d'État. L'importance grandissante des intendants permet de comprendre l'aspect véritablement révolutionnaire du gouvernement de Louis XIV.

L'enjeu

Il s'agit en effet de savoir qui va administrer le royaume : des fonctionnaires royaux nommés et révoqués à volonté, agissant dans l'intérêt du roi, qui se confond avec les intérêts généraux du royaume, ou des corps d'officiers propriétaires de leur charge, irrévocables et héréditaires depuis le début du siècle (édit de la Paulette de 1604) et donc peu maniables, devenus des puissances provinciales ou locales très particularistes et représentant davantage les provinces et les intérêts particuliers en face du roi que le roi devant les intérêts particuliers et les provinces.

Les intendants

À cause de la vénalité et de l'hérédité des offices, le roi a perdu toute prise sur l'administration locale. C'est pourquoi, incapable de supprimer la vénalité en remboursant les officiers (titulaires d'un office), Richelieu avait tâché d'y substituer une administration nouvelle, celle des commissaires ou intendants (règlement d'août 1642).

À partir de 1666, l'intendant réside longtemps dans la même province et en administre une seule à la fois. Ses pouvoirs en matière de finances, de justice et de police sont très étendus et prépondérants : par exemple, il s'empare de l'administration financière (tout ce qui concerne la répartition de la taille) aux dépens des intérêts et des profits du puissant corps d'officiers qu'étaient les trésoriers de France, dont le rôle et l'importance diminuent considérablement. Les intendants iront même jusqu'à régenter et surveiller l'administration des villes.

La mise au pas des cours souveraines et du parlement

Grâce aux intendants, le roi essaie de faire exécuter sa volonté jusqu'au fond des provinces. L'institution des intendants est un instrument très souple qui, en temps de guerre ou de crise, s'empare de tous les pouvoirs appartenant encore aux officiers.

Des cours souveraines ou du parlement, Louis XIV – qui n'oubliera jamais leur attitude durant la Fronde – ne tolère aucune incartade ; elles doivent enregistrer les édits, tels quels et immédiatement, le droit de remontrances n'est toléré qu'ensuite. C’est par lettres patentes du 24 février 1673 que Louis XIV a enlevé au parlement de Paris le droit de remontrances préalables à l'enregistrement, qui permettait jusque-là aux parlementaires d'exprimer leurs doutes sur la légalité ou l'opportunité d'une ordonnance royale. En fait, cours souveraines et parlement sont exclus de la politique générale.

Paris

Le roi, pour la même raison, surveille particulièrement Paris ; il crée la charge de lieutenant général de police, qu'il confie en 1667 à Nicolas de La Reynie.

Paris, avec 400 000 habitants environ, est une ville turbulente qui compte 40 000 mendiants et autant de domestiques. L'Hôpital général est créé en 1657, et on y enferme pêle-mêle indigents, vagabonds ou malfaiteurs. Les rues de la capitale sont éclairées et, pour la première fois, on peut y circuler de nuit sans craindre de s'y faire détrousser.

3.3. La bourgeoisie au détriment de la noblesse

Il faut remarquer que ministres, secrétaires d'État, fonctionnaires royaux sont presque toujours choisis dans la bourgeoisie, et dans ce qu'on appelle la noblesse de robe ou d'offices (acquise par l'achat de certaines charges), au détriment de la noblesse d'épée, dont ils encourent la haine ; il n'est que de lire Saint-Simon pour s'en convaincre : « Ce fut un règne de vile bourgeoisie », écrit-il du règne de Louis XIV.

Le roi donne lui-même la raison de cette politique dans ses Mémoires : « Il était important que le public connût, par le rang de ceux dont je me servais, que je n'étais pas en dessein de partager avec eux mon autorité. »

À la noblesse, frustrée de ses ambitions politiques, l'absolutisme aura l'habileté d'accorder des privilèges fiscaux et de laisser une grande prépondérance dans les décisions prises à l'échelon local, sans parler des pensions de toutes sortes ou des bénéfices ecclésiastiques donnés aux mieux en cour de ses membres.

4. La situation religieuse

Les affaires religieuses occupent une place importante durant le règne de Louis XIV et constituent sans doute l'aspect le plus négatif de sa politique ; en effet, le combat contre le jansémisme et le protestantisme – au nom de l'unité de la foi – est un facteur d'affaiblissement de la cohésion du royaume.

4.1. L'Église de France

Avec l'Église de France, il n'y aura guère de problèmes. L'épiscopat – rangé derrière son « maître à penser », Bossuet – est tout entier soumis à son roi. Louis XIV a le souci, sauf exception, de ne nommer aux sièges épiscopaux que des prélats dignes et conscients de leurs devoirs. Il tient particulièrement à ce que ses évêques résident dans leur diocèse plutôt qu'à la Cour ; de tout le règne, aucun homme d'Église n'entrera dans son gouvernement.

Louis XIV donne en revanche aux évêques une grande autorité sur leurs prêtres. Par ses édits de 1695 et de 1698, il livre en fait ceux-ci à l'arbitraire épiscopal, situation qui accentuera au xviiie siècle le clivage entre les deux clergés.

4.2. Les questions conflictuelles

Envers les deux grands problèmes religieux du règne – le gallicanisme et les conflits avec Rome, ainsi que les rapports avec les protestants –, la politique suivie par Louis XIV aboutit à un échec total.

Il faut y ajouter l'inefficacité de sa politique antijanséniste, entamée dès 1661. Loin de réussir, la lutte de Louis XIV contre le jansénisme va faire de la secte persécutée le lieu de rencontre, à la fin du règne, de toutes les oppositions, jusqu'à ce que la bulle Unigenitus (1713) – qui aura de nombreux adversaires – scelle son union avec le gallicanisme parlementaire et antiabsolutiste pour toute la durée du xviiie siècle.

Le roi contre le pape

La crise du gallicanisme sous Louis XIV est le choc de deux absolutismes aussi intransigeants l'un que l'autre. Cette doctrine solidement implantée en France depuis la pragmatique sanction de Bourges de 1438, confirmée par le concordat de Bologne en 1516, était très favorable à l'autorité des rois de France. En gros, l'Église de France se considérait, pour l'administration de ses affaires intérieures, assez indépendante du pape.

Au xviie siècle, le renforcement de l'autorité de l'État va provoquer le conflit. Durant les trente premières années du règne personnel de Louis XIV, il y aura une tension constante entre Rome et Paris.

Dès 1662, l'affaire de la « garde corse » pontificale, qui attaque la suite de l'ambassadeur de France, met le feu aux poudres. Louis XIV s'empare un moment du comtat Venaissin et impose au pape Alexandre VII d'humiliantes réparations.

L'affaire de la régale (1678-1682)

La régale était un droit royal de percevoir les revenus de certains sièges épiscopaux vacants. En 1673, le roi déclare tous les évêchés assujettis à celle-ci. Sur cent trente évêques, deux seulement protestent, deux jansénistes – Nicolas Pavillon, d'Alet et Étienne François de Caulet, de Pamiers –, et font appel au pape. Innocent XI les soutient et, en 1680, parle d'excommunier le roi.

Au bord de la rupture

En 1681-1682, celui-ci convoque une assemblée générale du clergé, qui, sous l'impulsion de Bossuet, édicte quatre articles proclamant l'indépendance absolue des rois envers le pape pour les affaires temporelles et la suprématie du concile sur le pape. En représailles, Innocent XI déclare nulles ces décisions et refuse d'accorder l'investiture canonique pour pourvoir aux évêchés vacants.

Vers la fin de la crise (1689-1692)

En 1687, une nouvelle querelle à propos des privilèges de l'ambassade de France à Rome envenime la situation, et Louis XIV se dispose, un temps, à envahir les États du pape, avant de renoncer à imposer ses vues à Rome. La disparition d'Innocent XI, en 1689, facilite les choses, et Louis XIV, aux prises avec les difficultés de la ligue d'Augsbourg (→ guerre de la ligue d'Augsbourg), répudie complètement en 1692 l'édit de 1682 ; Rome triomphe.

Si le schisme n'a pas eu lieu, c'est que le concordat de 1516 donnait déjà au roi tous les avantages qu'il aurait retirés d'une Église nationale. De plus, il n'y a jamais eu simultanément à Rome et à Paris des adversaires résolus à aller jusqu'à l'irrémédiable ; enfin, la coalition européenne contre Louis XIV a dissuadé le roi de s'engager dans d'autres conflits.

4.3. La révocation de l'édit de Nantes

Envers les protestants, la politique suivie au xviie siècle ira de l’attitude pacificatrice et compréhensive d'Henri IV à l'intolérance de Louis XIV ; c'est la démarche inverse de celle de la papauté, qui ira, elle, de l'intolérance à la compréhension, autre cause de friction entre Paris et Rome. Quelles que soient les pressions exercées sur le roi, la révocation de l'édit de Nantes, signée à Fontainebleau en 1685, est une grande erreur politique. La responsabilité du clergé catholique, qui ne cesse de demander la fin du scandale causé par l'édit de Nantes, est prépondérante. Il faut y ajouter le poids d'une opinion publique travaillée par ses prêtres et portée à l'intolérance.

Le protestantisme après la paix d'Alès (1629)

Après la paix d'Alès en 1629, qui dépouille de tout pouvoir politique et militaire le protestantisme français, celui-ci a connu une période d'accalmie qui lui a permis de former un solide corps de pasteurs qui ont donné au peuple une conscience très vive de sa foi. Durant la Fronde (1648-1653), les protestants restent loyalistes, et certains, tel Samuel Bochart (1599-1667), se font même les champions de l'absolutisme royal.

L'ère des « dragonnades » (1681-1685)

Pourtant, il ne leur en sera pas tenu compte : à partir de 1661, les persécutions commencent, sournoises d'abord, puis violentes. De la campagne de propagande aux tentatives de séduction (il y a une caisse spéciale récompensant les conversions) et aux pressions sur l'élite sociale, c'est-à-dire sur la noblesse protestante, on en arrive dès 1681 aux « missions bottées » qui vont entraîner des abjurations massives. L'ère des « dragonnades » (persécutions exercées par les dragons envers les protestants) pourra commencer et, l'édit de Nantes révoqué, on pourra considérer officiellement, dès la fin de 1685, que les trois quarts des réformés ont abjuré.

Conséquences politiques et économiques

Mais cette politique se solde par un échec certain, et les conséquences politiques et économiques en sont désastreuses pour le royaume.

Tout d'abord, la plupart des conversions forcées ne sont pas sincères ; le pape lui-même désapprouve « le motif et le moyen de ces conversions par milliers dont aucune n'était volontaire ». Les protestants des Cévennes se révoltent en 1702 (révolte des camisards), et il ne faut rien moins, en pleine guerre de la Succession d'Espagne, qu'une armée commandée par Villars pour les réduire.

Surtout, l'émigration fait perdre à la France entre 200 000 et 300 000 sujets actifs. Si peu de paysans émigrent, l'élite bourgeoise part, et la France se voit privée de chefs d'industrie (surtout dans le textile), de banquiers, d'armateurs, d'artisans, qui vont renforcer la richesse de l'Angleterre, du Brandebourg, de la Hollande et des royaumes scandinaves. De plus, les armées des futures coalitions compteront dans leurs rangs nombre de valeureux officiers français (et surtout ces derniers soutiendront efficacement Guillaume d'Orange contre les tentatives de restauration des Stuarts).

Pour en savoir plus, voir les articles Louis XIV, révocation de l'édit de Nantes.