la Maison du roi

Nom donné par Louis XIV à la grande unité militaire d'élite groupant en un corps unique toutes les formations affectées à sa maison militaire.

Une troupe d'élite

Jusqu'au règne de Louis XIV, les différents corps des gardes du roi étaient mêlés en temps de guerre aux autres unités de l'armée. Le premier, Louis XIV, comprend la valeur d'une troupe d'élite, capable en des circonstances graves de produire un effort décisif. Par l'ordonnance du 6 mai 1667, il décide donc de réunir les troupes de sa garde en une formation unique, à laquelle il donne le nom de Maison du roi.

Étant lui-même capitaine de plusieurs compagnies, il fait surveiller avec grand soin le recrutement des unités et parvient rapidement à constituer une force de 12 000 hommes redoutables et redoutés : « Jamais une bataille ne peut être considérée comme gagnée sur les Français, diront leurs ennemis, tant que la Maison du roi n'a pas donné. »

Un ensemble hétéroclite

Cette Maison du roi constitue à la vérité un ensemble assez hétéroclite comprenant d'une part, un certain nombre d'unités (gardes du corps, cent-suisses, mousquetaires, gardes françaises, gendarmes du roi, etc.) illustres par leur ancienneté, remontant, pour certaines, au xve siècle ; et d'autre part la gendarmerie de France.

La gendarmerie de France

En campagne, la gendarmerie de France fait brigade avec les autres unités. Héritière des gendarmes des compagnies d'ordonnance créées par Charles VII en 1439, elle rassemble, sous Louis XIV, 16 compagnies de 63 maîtres chacune ; 4 compagnies de gendarmes (écossais, anglais, bourguignons et flamands), dont le roi est capitaine ; 6 compagnies de gendarmes et 6 de chevau-légers (de la reine, du dauphin, de Bretagne, d'Anjou, de Berry et d'Orléans).

Les autres unités

En temps de paix, les autres unités de la Maison du roi se divisent en deux parties distinctes : la garde du dedans du Louvre, exerçant à l'intérieur du palais un service d'honneur et de sécurité, et la garde du dehors du Louvre.

À la garde du dedans du Louvre appartiennent les 4 compagnies de gardes du corps (1 écossaise, parmi laquelle sont choisis les gardes de la Manche, les plus proches de la personne du roi, et 3 françaises), les cent-suisses (remontant au roi Louis XI), les gardes de la porte et les gardes de la prévôté de l'hôtel.

La garde du dehors comprend les cent gentilshommes à bec-de-corbin (genre de hallebarde), les chevau-légers et les gendarmes de la garde du roi, deux compagnies de mousquetaires (les gris et les noirs) casernés à Paris, l'une faubourg Saint-Germain, l'autre faubourg Saint-Antoine, les grenadiers à cheval et les deux régiments des gardes françaises (1563) et des gardes suisses (1616).

« Partout la terreur, partout la mort »

La Maison du roi a été l'effroi de l'Europe. À la bataille de Seneffe (1674), irrité par le calme sous le feu des gardes du corps, le prince d'Orange s'écrie : « Quelle insolente nation ! » À Leuze (1691), vingt-deux escadrons de la Maison du roi en mettent soixante-douze en déroute ; Louis XIV fait frapper une médaille pour ce beau fait d'armes, et les grenadiers à cheval y gagnent leur devise : Undique terror, undique lethum (« Partout la terreur, partout la mort »).

« Si j'avais eu vingt escadrons de gendarmes et vingt princes de Rohan à leur tête, écrit Louis XIV après la défaite de Ramillies en 1706, les ennemis ne seraient pas où ils sont. »

L'entrée en ligne des mousquetaires à Montcassel en 1677 fut si prestigieuse que des soubrevestes (casaques sans manches portées par-dessus les armes) ornées de grandes croix leur sont accordées pour qu'ils soient reconnus de loin. À la bataille Fontenoy en 1745, la Maison du roi, tout entière réunie, mettra en pièces les Anglais du prince de Cumberland au moment où ils croyaient tenir la victoire.« On ne peut battre la Maison du roi, disait le duc de Marlborough, il faut la détruire. »

Louis XVI et la destruction de la Maison du roi

Ce que l'Europe n'aura pu réussir, le roi Louis XVI va s'en charger. Le comte de Saint-Germain, officier de la guerre de Sept Ans (1756-1763), devenu ministre de la Guerre par la faiblesse de Louis XVI, entreprend la destruction de la Maison du roi, qu'il juge coûteuse et désuète. Louis XVI cède, et de 1776 à 1786, mousquetaires, grenadiers à cheval sont supprimés, et les gardes du corps réduits. Les gardes françaises, qui ont trahi le roi lorsqu'éclate la Révolution, sont dissoutes le 31 août 1789, et les gardes du corps en 1791. Quant aux gardes suisses, ils se feront massacrer aux Tuileries le 10 août 1792.