Le retour sur la scène politique d'une opposition musclée, à côté d'une opposition de Sa Majesté formée du Rassemblement national des indépendants de l'ancien Premier ministre Ahmed Osman, témoigne de la relance de la politique de libéralisation voulue par le Palais. C'est ce à quoi appelle le roi Hassan II lors de son discours d'ouverture de la session parlementaire, en insistant sur la nécessité d'un dialogue et d'un consensus national, notamment sur le Sahara.

Le pas fait par l'USFP ne semble cependant suivi d'aucune concession du pouvoir : la presse socialiste reste interdite tant que le parti n'aura pas donné de preuves de son légalisme. Ce blocage provoque un malaise entre les militants de l'USFP et leurs dirigeants, dont Abderrahim Bouabid, le secrétaire général, auquel il est reproché d'avoir été trop conciliant.

Le maintien en prison de nombreux membres de l'USFP et de syndicalistes de la Confédération démocratique du travail (CDT), la grève de la faim décidée par une trentaine d'entre eux le 8 décembre, une agitation lycéenne et universitaire ne favorisent pas l'apaisement.

Rigueur

Cette rigueur politique s'accompagne d'un durcissement économique, pour limiter les effets de la crise et le déficit budgétaire. De très fortes hausses pour certains produits de grande consommation (77 % pour le thé), une inflation annuelle qui devrait atteindre 14 %, un déficit du commerce extérieur évalué à 11,4 milliards de dirhams (1 dirham = 0,90 F) et un endettement qui représentera — en 1983 — 5,7 milliards de dirhams sont des signes peu encourageants. Le PIB a encore reculé par rapport à 1981 (1,6 %), soit 31,864 milliards de dirhams.

Tous les indicateurs économiques prévoient une aggravation de la situation des finances tant intérieures qu'extérieures. Le Maroc est bien à l'heure de l'austérité, ce qui se traduit par un nouvel effort de rigueur dans le projet de budget de 1983 : la Défense nationale, prioritaire, absorbera tout de même 6,596 milliards de dirhams (+ 12,5 %), alors que les ressources sont évaluées à 44,742 milliards (+ 12,1 %).

Malgré ce sombre tableau, le roi Hassan II entend que le Maroc reste écouté sur la scène internationale. Soutenu par les autres États arabes modérés, il donne au sommet de Fès (6-8 septembre 1982) un impact considérable, puisqu'il obtient un consensus autour d'un plan de paix pour le Proche-Orient, dont, à la tête d'un comité des sept, il se fait, ensuite, le défenseur auprès des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.

La coopération plus étroite qui s'est instaurée avec Washington ne remet pas en cause les relations franco-marocaines, qui ont retrouvé leur rythme de croisière. Cependant, l'ajournement pour des « raisons de calendrier » de la visite du président Mitterrand (prévue du 23 au 30 octobre) a pu faire croire, un moment, au refroidissement de celles-ci.

Sahara occidental

Le conflit connaît un regain d'activité à la veille du sommet prévu de l'OUA. Le Polisario, qui avait jusque-là observé une trêve, relance à la mi-juillet ses attaques (Journal de l'année 1980-81) contre le mur marocain à hauteur de Smara. Elles restent sans succès. Rabat annonce en même temps (10 juillet) la reprise de l'exploitation des phosphates de Bou-Craa, interrompue depuis six ans.

Mais la bataille est surtout diplomatique, car il faut décider si le 19e sommet de l'OUA peut se tenir ou non à Tripoli et si la République arabe sahraouie démocratique (RASD) y sera admise. Rabat, naturellement, s'y oppose.

Le roi Hassan II paraît plutôt conciliant après que la RASD a indiqué qu'elle n'enverrait pas de représentant. Affirmant que « le Sahara est bien marocain et ne peut être que marocain » (6 novembre), il rappelle qu'il est toujours disposé à l'instauration d'un cessez-le-feu et à l'organisation d'un référendum. Finalement le 19e sommet est annulé, à cause non plus du Sahara, mais du Tchad, dont le gouvernement d'Hissène Habré n'entend pas être exclu des travaux (25 novembre).

Éviction

Tandis que se déroule cette joute diplomatique, dont le Maroc sort vainqueur, une série de remaniements ont lieu à l'occasion du 5e congrès du Polisario : un nouveau président de la RASD est nommé, Mohammed Abdelaziz, secrétaire général du Polisario, et un comité exécutif, réduit à sept membres, élu le 16 octobre. Un nouveau gouvernement, présidé par Mahfoud Ali Beiba, est formé le 4 novembre.