Les hésitations de la junte ne permettent guère d'avoir une idée sur l'orientation précise que ses membres entendent lui donner. Le médecin-commandant Ouedraogo parvient, le 26 novembre, à constituer son premier gouvernement. La hiérarchie militaire n'ayant pas été respectée, des tensions se manifestent entre officiers subalternes et officiers supérieurs, tandis que sous-officiers et hommes de troupe, représentés au sein du Conseil provisoire, cherchent à radicaliser le nouveau régime.

À l'origine du putsch, on trouve les divisions de l'armée et le mécontentement populaire. Le colonel Saye Zerbo était accusé par les syndicats à la fois de corruption, de laxisme et d'excès de pouvoir. Au sein de l'armée, ce sont moins des antagonismes de caractère politique que des rivalités de classes d'âge qui se développaient, opposant vétérans issus de l'armée coloniale française, anciens combattants d'Indochine et d'Algérie et jeunes officiers progressistes, plus réservés à l'égard de l'ancienne puissance coloniale.

L'épreuve de force ouverte, dès la fin de 1981, entre les syndicats et le régime de Saye Zerbo avait exacerbé la contestation au sein des masses. L'inflation, la baisse du pouvoir d'achat ont contribué à accélérer la chute d'une équipe qui n'était jamais parvenue à capter la confiance des Voltaïques.

Le changement de chef de l'État consacre le retour au pouvoir des Mossi, ethnie largement dominante, dont le chef spirituel, le Moro Naba meurt en novembre, à l'âge de 52 ans. En effet, comme son prédécesseur le général Lamizana, le colonel Saye Zerbo était d'origine samo. Avec le médecin-commandant Ouedraogo, catholique, est momentanément consacrée la mise à l'écart des musulmans. L'islam était la religion des deux précédents chefs d'État, très minoritaire dans un pays où dominent les animistes et les catholiques.

Inconnues

Plusieurs inconnues pèsent sur l'avenir de la junte : son degré de cohésion interne ; le rôle du capitaine Thomas Sankara, ancien secrétaire d'État à l'Information du colonel Saye Zerbo, démissionnaire parce qu'en désaccord avec ce dernier, considéré comme la cheville ouvrière du putsch du 7 novembre ; le soutien éventuel des syndicats au nouveau régime ; les rapports des nouveaux dirigeants avec leurs voisins et surtout avec leurs partenaires du Conseil de l'Entente (Bénin, Côte-d'Ivoire, Niger et Togo).

Kenya

Nairobi. 16 400 000. 28.
Économie. PIB (78) : 370. Productions (77) : A 34 + I 17 + S 49. Énerg. (80) : 109. CE (78) : 19 %.
Transports. (76) : 3 653 Mt/km. (77) : 114 100 + 83 900. (78) : 810 pass./km.
Information. (76) : 3 quotidiens ; tirage global : 154 000. (76) : *514 000. (76) : *50 000. (77) : 26 500 fauteuils ; fréquentation : 9,2 M. (78) : 156 000.
Santé. (78) : 1 270. Mté inf. (73) : 51,4.
Éducation. (76). Prim. : 2 894 617. Sec. et techn. : 289 056. Sup. (74) : 11 351.
Armée.  : 14 750.
Institutions. État indépendant le 12 décembre 1963. République proclamée le 12 décembre 1964. Constitution de 1963, révisée en 1964, amendée le 9 juin 1982. Président de la République et chef de l'exécutif : Daniel Arap Moï, nommé le 10 octobre 1979 ; succède à Jomo Kenyatta, décédé.

Putsch manqué

À la tête de leurs unités, plusieurs officiers de l'armée de l'air s'emparent, le 1er août 1982, des locaux de la Voix du Kenya, à Nairobi, et annoncent la déchéance du régime du président Arap Moï. Les troupes loyalistes parviennent en quelques heures à reprendre le contrôle de la capitale, partiellement dévastée par les pillards, au prix de plusieurs centaines de morts. Deux chefs putschistes réussissent toutefois à gagner la Tanzanie à bord d'un avion. L'armée de l'air est démantelée au cours des semaines suivantes par une purge sévère : plus de 2 000 soldats (sur un total de 2 500), les chefs de l'aviation et de la police spéciale sont arrêtés ; plusieurs caporaux sont condamnés à mort. Des universitaires, des parlementaires et un fils de l'ancien vice-président Odinga sont interpellés. L'image du Kenya libéral — oasis de paix et de prospérité dans une Afrique orientale tourmentée (guérilla en Érythrée, conflits et famines en Ogaden et en Ouganda) — est sérieusement ternie par ce putsch d'amateurs. Le taux de croissance démographique du Kenya, le plus important du monde selon certaines sources, n'est pas étranger à la détérioration de la situation économique, qui entraîne une vague de chômage et de criminalité sans précédent.

Lesotho

Maseru. 1 340 000. 45. 2,5 %.
Économie. PIB (75) : 121. Productions (74) : A 38 + I 6 + S 56.
Transports. (77) : 3 000 + 6 200.
Information. (76) : 1 quotidien ; tirage global : 1 300. (76) : 23 000. (74) : 4 000.
Santé. (77) : 67.
Éducation. (76). Prim. : 222 004. Sec. et techn. : 17 939. Sup. (74) : 577.
Institutions. Indépendant le 4 octobre 1966. Monarchie. Constitution de 1965 suspendue. Souverain : Moshoeshoe II. Premier ministre : Leabua Jonathan, qui exerce tous les pouvoirs.

Liberia

Monrovia. 1 870 000. 17. 3,4 %.
Économie. PIB (78) : 427. Productions (77) : A 14 + I 35 + S 51. Énerg. (80) : 403. CE (78) : 65 %. P (78) : 204.
Transports. (*78) : 9 600 + 6 400. (*80) : 80 285 000 tjb.
Information. (76) : 3 quotidiens ; tirage global : *8 000. (76) : *265 000. (76) : *8 900. (77) : 11 900 fauteuils ; fréquentation : 1,9 M. (77) : 8 000.
Santé. (75) : 170.
Éducation. (75). Prim. : 157 821. Sec. et techn. : 34 151. Sup. : 2 404.
Armée.  : 5 400.
Institutions. République présidentielle, indépendante depuis le 26 juillet 1847. Constitution de 1847. Une junte militaire dirigée par le sergent-chef Samuel K. Doe est mise en place après le coup d'État du 12 avril 1980 qui renverse le président William Richard Tolbert, assassiné.

Libye

Tripoli. 2 980 000. 2. 4,1 %.
Économie. PIB (78) : 7 262. Productions (77) : A 2 + I 69 + S 29. Énerg. (80) : 2 180. CE (78) : 51 %. P (78) : 178.
Transports. (75) : 263 100 + 131 300. (*80) : 890 000 tjb. (78) : 490 pass./km.
Information. (76) : 2 quotidiens ; tirage global : 64 000. (76) : 110 000. (77) : 31 000 fauteuils ; fréquentation : 15,5 M. (73) : 64 000.
Santé. (77) : 2 926.
Éducation. (76). Prim. : 592 239. Sec. et techn. : 198 330. Sup. (74) : 11 997.
Armée.  : 55 000.
Institutions. État indépendant le 24 décembre 1951. République proclamée par le coup d'État militaire du 1er septembre 1969, qui renverse la monarchie constitutionnelle du roi Idriss Ier. Devient République arabe populaire libyenne le 22 novembre 1976. Chef de l'État : colonel Moammar el-Kadhafi, demeuré le véritable maître bien que démissionnaire de toutes ses fonctions officielles le 1er mars 1979. Second personnage du régime : Abdel Salam Jalloud. Le Comité général populaire (gouvernement) est remanié le 7 janvier 1981 ; président : Jadallah Azouz Al Talhi.

Isolement

Les relations de la Libye avec les pays arabes modérés se détériorent à nouveau, à la suite de l'invasion du Liban par les Israéliens. Le colonel Kadhafi accuse en juillet 1982 les dirigeants arabes prooccidentaux de ne rien faire pour porter secours aux Palestiniens et invite les dirigeants de l'OLP à « se suicider plutôt que de quitter Beyrouth ». Il boycotte au début de septembre le sommet arabe de Fès, en affirmant que ce dernier prépare en fait la liquidation de la cause palestinienne par les pays arabes « inféodés à l'impérialisme américain ». L'ouverture vers l'Europe, amorcée en mars par le voyage du chef de la révolution libyenne en Autriche, est restée sans suite. Déçu, le colonel Kadhafi se tourne de nouveau vers les pays de l'Est et se rend à Prague et à Varsovie. Il entend cependant garder une certaine indépendance à l'égard de la politique soviétique, en renouant spectaculairement le 25 octobre avec Pékin, où il effectue sa première visite officielle, mettant ainsi fin au gel des relations entre les deux pays intervenu en janvier 1980 à la suite de la décision de la Chine populaire de livrer du matériel militaire au Caire. Le 25 novembre, l'échec de l'OUA qui, pour la deuxième fois en moins de quatre mois, ne parvient pas à tenir son sommet à Tripoli, faute du quorum des deux tiers nécessaires, rejaillit sur l'image de marque du colonel Kadhafi, qui perd pratiquement toutes ses chances de succéder au président Moï du Kenya à la tête de l'Organisation.

Madagascar

Antananarivo. 8 740 000. 15. 2,6 %.
Économie. PIB (78) : 253. Productions (78) : A 39 + I 19 + S 42. Énerg. (80) : 71. CE (78) : 19 %. P (78) : 180.
Transports. (78) : 68 M pass./km, 201 Mt/km. (77) : 57 400 + 52 300. (78) : 191 pass./km.
Information. (77) : 12 quotidiens. (76) : 609 000. (76) : *8 000. (74) : 12 400 fauteuils ; fréquentation : 2,9 M. (77) : 29 000.
Santé. (77) : 784.
Éducation. (75). Prim. : 1 133 013. Sec. et techn. : *132 000. Sup. : 8 385.
Armée.  : 19 550.
Institutions. État indépendant le 26 juin 1960. République (14 octobre 1958). La nouvelle Constitution, approuvée par référendum le 21 décembre 1975, institue la République démocratique de Madagascar. Président de la République : capitaine de frégate Didier Ratsiraka, réélu le 7 novembre 1982. Premier ministre : Désiré Rakotoarijaona.

Élections

Didier Ratsiraka est réélu président de la République pour sept ans le 7 novembre. Il obtient 80,17 % des suffrages contre 19,83 % à son adversaire, Monja Jaona, vieux leader agrarien, octogénaire ultranationaliste, connu pour son intransigeance à l'égard de tous les régimes qui se sont succédé.