Depuis toujours terre d'accueil et de tolérance, la Tunisie, qui a déjà sur son sol le siège de la Ligue arabe, reçoit à partir du 28 août 1982 quelque mille Palestiniens évacués de Beyrouth, qu'elle installe provisoirement dans un camp de la région de Beja. Habib Bourguiba les incite à « respecter l'indépendance de la Tunisie », en les assurant que Tunis n'essaiera jamais de leur « imposer une tutelle ».

Du coup, le plan Bourguiba de 1965 — réconciliation et fin de l'état de belligérance entre les États arabes et Israël — redevient d'actualité. Le sommet arabe de Fès y fait référence.

Certains craignent cependant que les groupuscules d'extrême gauche — dont quelques militants sont arrêtés en octobre — ou le mouvement islamique naissant n'utilisent cette présence palestinienne pour se procurer des appuis, des alliés ou des armes. D'autres appréhensions tiennent à l'attitude des Algériens et des Libyens.

Les autorités restent donc vigilantes, d'autant plus que les événements proche-orientaux ne laissent pas la population indifférente. La communauté juive — 5 000 personnes environ — redoute les débordements de manifestations pro-palestiniennes, comme c'est le cas à Djerba, le 26 septembre. La fermeté des autorités et la réprobation de tous les partis concourent à l'apaisement des esprits.

Immobilisme

Les Tunisiens, gouvernés depuis avril 1980 par Mohamed M'Zali, un libéral, attendent toujours les mesures concrètes du changement promis. La politique se décide essentiellement autour du président Bourguiba, du Premier ministre et, de plus en plus, sous le contrôle de Wassila Bourguiba, l'active épouse du chef de l'État. Ses déclarations sont parfois fracassantes.

Souhaitant, dans un entretien à Jeune Afrique en juillet 1982, la révision de la Constitution, se demandant si « le peuple tunisien n'est pas fatigué de voir les mêmes têtes depuis trente ans », suggérant des formules pour la succession de son mari, elle entend prendre date à un moment où l'attentisme et le manque de cohésion — au sein du Parti socialiste destourien (PSD) et dans le gouvernement — entraînent un grippage généralisé de la machine politique.

Le désenchantement est accru par de mauvaises performances économiques, relevées par les syndicats : augmentation des importations (+ 3,5 %), diminution des exportations (– 1 %), taux d'inflation élevé (12 %), accroissement du déficit de la balance des paiements, recours aux emprunts extérieurs.

Cette dégradation de la situation économique traduit, au-delà de la crise mondiale, les méfaits d'une croissance déséquilibrée sur les mécanismes de laquelle le gouvernement ne semble pas avoir prise.

Inondations

La Tunisie, qui était citée en exemple pour ses performances économiques de 1974 à 1981, est revenue aujourd'hui au niveau d'un pays en développement tout juste moyen. La baisse du cours des phosphates — dont la Tunisie est le 4e producteur —, une sécheresse persistante, puis des inondations catastrophiques (plus de 60 morts dans le Sud), une diminution des recettes touristiques ont aggravé ces difficultés.

Pourtant, le VIe plan (1982-1986) projette un doublement des investissements en général et un triplement dans l'agriculture, avec l'objectif de créer 324 000 emplois. Malgré quelques déconvenues, l'espoir demeure.

Zaïre

Kinshasa. 28 290 000. 12. 2,9 %.
Économie. PIB (75) : 148. Productions (75) : A 19 + I 28 + S 53. Énerg. (80) : 67. CE (75) : 23 %. P (78) : 1 132.
Transports. (76) : 467 M pass./km, 2 203 Mt/km. (74) : 84 800 + 76 400. (*80) : 92 000 tjb. (78) : 352 pass./km.
Information. (76) : 6 quotidiens ; tirage global : *45 000. (74) : *2 448 000. (76) : *7 000. (74) : 25 400 fauteuils ; fréquentation : 1,7 M. (78) : 26 000.
Santé. (78) : 1 723.
Éducation. (74). Prim. : 3 429 076. Sec. et techn. : 446 067. Sup. : 21 021.
Armée.  : 22 100.
Institutions. État indépendant le 30 juin 1960. République présidentielle. Constitution de 1967, amendée en 1970. Président de la République et chef de l'exécutif : maréchal Mobutu Sese Seko, élu pour un troisième mandat le 3 décembre 1977. Premier ministre : Kengo Wa Dongo (5 novembre 1982).

Mobutu renoue avec Israël

Nommé maréchal en décembre 1982, à l'occasion d'un congrès du Mouvement populaire de la révolution, parti unique, le président Mobutu ne cesse de consolider son pouvoir, malgré la grave crise économique et financière.