La déception des 42 millions d'Égyptiens est à la mesure des espoirs qu'ils entretenaient dans la politique de redressement et de réconciliation nationale voulue par Hosni Moubarak. Si le ton et les façons ont bien changé au Caire, depuis quelques mois, la persistance des problèmes quotidiens — l'approvisionnement, le logement, les transports, les bas salaires — compromet beaucoup d'efforts.

Dépendance

Luttant courageusement contre la corruption (le propre frère d'Anouar al-Sadate, Esmat, est inculpé) et la bureaucratie, le nouveau raïs se préoccupe d'abord de la situation, devenue critique, des finances publiques. Le budget de juillet 1982-juillet 1983 accuse un déficit de 22 % par rapport au PNB. L'aide étrangère civile (15 milliards de F), surtout américaine, aggrave la dépendance extérieure.

Sur le plan politique, l'opposition de gauche — marxiste, nassérienne et libérale — vitupère le gouvernement de Fouad Mohieddine. Le cabinet est remanié, le 31 août 1982, avec l'exclusion d'une équipe économique (Abdel Fattah Ibrahim et Fouad Hachem) qui n'a pas réussi à élaborer une politique cohérente de développement. L'ascension du maréchal Abdelhalim Aboughazala, ministre de la Défense et maintenant aussi vice-Premier ministre, se poursuit. Il est considéré désormais comme le plus sérieux concurrent du président Moubarak.

Le « vide politique », dénoncé par l'opposition légale, fait paraître plus active la contestation islamique. Le régime ne réussit pas à trouver de parade à ce phénomène, qui emprunte désormais une clandestinité quasi totale. Il louvoie.

On annonce en août la libération de 646 militants islamiques arrêtés au lendemain de l'assassinat du président Sadate, mais le pape des coptes, Chenouda III, demeure au secret. On libère 140 autres membres des organisations fondamentalistes, mais une manifestation de solidarité avec les Palestiniens est réprimée.

Puis de nouveau 180 intégristes sont arrêtés fin septembre, après la découverte d'un complot islamiste, fomenté par l'organisation Al-Jihad (la guerre sainte). Quelques semaines plus tard (4 décembre), commence le procès des 280 membres de ce même groupe, impliqués dans l'insurrection d'Assiout (7-8 octobre 1981). Le fait que l'état d'urgence, décidé le 6 octobre 1981, ait été prorogé d'un an, le 3 octobre 1982, témoigne de la réalité des tensions et de la vigilance des autorités.

Étranger

C'est en politique étrangère que les progrès les plus sensibles sont réalisés. Le président Moubarak, en décidant, le 17 août 1982, de geler les négociations sur l'autonomie palestinienne, marque la plus grande fermeté à l'égard d'Israël, dont il condamne la politique « agressive et militariste ». Le raïs espère faciliter le rapprochement égypto-arabe, qu'il appelle de ses vœux (15 juillet) mais qui ne se concrétise pas.

L'envoi, à Beyrouth, de deux émissaires égyptiens (8 décembre) est un premier signe encourageant de la rentrée en scène de l'Égypte. La signature d'une Charte d'intégration égypto-soudanaise (le 12 octobre) en est un autre. Enfin, la visite officielle du président Mitterrand (24-27 novembre) est l'occasion pour celui-ci de relever le rôle de l'Égypte dans la recherche d'une paix, à laquelle elle a déjà beaucoup contribué.

Progressivement, Le Caire réussit à rompre un isolement difficilement supportable et qui ne lui laissait d'autre recours que des relations plus étroites avec Washington. Chacun mesure que l'Égypte est bien une force sans laquelle le monde arabe ne saurait rien entreprendre. Mais tous ne sont pas encore décidés à l'admettre.

Éthiopie

Addis-Abeba. 31 070 000. 26. 2,6 %.
Économie. PIB (75) : 97. Productions (76) : A 46 + I 15 + S 39. Énerg. (80) : 29. CE (75) : 9 %. P (78) : 204.
Transports. (77) : 155 M pass./km, 208 Mt/km. (76) : 52 500 + 13 100. (78) : 490 pass./km.
Information. (77) : 2 quotidiens ; tirage global : 35 000. (76) : *210 000. (76) : *21 000. (74) : 25 600 fauteuils. (78) : 80 000.
Santé. (77) : 396.
Armée.  : 230 000.
Institutions. Un coup d'État militaire (12 septembre 1974) abolit la monarchie et dépose l'empereur. Parlement dissous, Constitution de 1955 abrogée. Président du conseil militaire gouvernemental provisoire : lieutenant-colonel Mengistu Haïlé-Mariam, instigateur du coup d'État du 3 février 1977 au cours duquel le président Teferi Bante est tué.

Gabon

Libreville. 550 000. 2. 1,1 %.
Économie. PIB (78) : 4 926. Productions (78) : A 6 + I 54 + S 40. Énerg. (80) : 1 858. CE (78) : 55 %. P (78) : 265.
Transports. (*74) : 10 100 + 7 300. (*80) :  77 000 tjb. (78) : 55 pass./km.
Information. (76) : 1 quotidien. (76) : *93 000. (76) : *8 500. (73) : 11 000.
Santé. (77) : 207.
Éducation. (76). Prim. : 130 398. Sec. et techn. : 23 460. Sup. (75) : 1 014.
Armée.  : 1 950.
Institutions. État indépendant le 17 août 1960. République (28 novembre 1958). Nouvelle Constitution du 15 avril 1975 : régime présidentiel. Président de la République : Omar Bongo, réélu le 30 décembre 1979. Premier ministre : Léon Mébiame.

Condamnations

Le pouvoir sort victorieux de l'épreuve de force engagée avec l'opposition. Le 10 novembre, la Cour de sûreté de l'État condamne à 20 ans de travaux forcés 13 des 37 opposants traduits devant elle, à la suite d'une vague d'agitation antigouvernementale à l'université de Libreville. La plupart des accusés appartiennent au Mouvement de redressement national (MORENA), parti dissous. Malgré la campagne de presse déclenchée en France contre le président Bongo, accusé en août 1982 d'avoir financé la campagne de Jacques Chirac lors des élections présidentielles de 1981, les rapports franco-gabonais restent bons.

Gambie

Banjul. 600 000. 53. 2,8 %.
Économie. PIB (77) : 177. Énerg. (80) : 128. CE (77) : 51 %. P (78) : 236.
Transports. (73) : 3 000 + (72) 2 500.
Information. (76) : *61 000. (77) : 3 000.
Santé. (76) : 41.
Éducation. (76). Prim. : 25 513. Sec. et techn. : 7 456.
Institutions. État indépendant le 18 février 1965. République. Constitution promulguée le 23 avril 1970. Chef de l'État et de l'exécutif : Daouda Kairaba Jawara depuis 1965 et réélu le 5 mai 1982.

Ghana

Accra. 11 450 000. 48. 3,5 %.
Économie. PIB (75) : 465. Productions (76) : A 51 + I 19 + S 30. Énerg. (80) : 115. CE (75) : 16 %. P (77) : 635.
Transports. (76) : 132 M pass./km, 260 Mt/km. (77) : 72 400 + 49 300. (*80) : 250 000 tjb. (78) : 290 pass./km.
Information. (76) : 4 quotidiens ; tirage global : 435 000. (76) : *1 080 000. (76) : *35 000. (77) : 13 200 fauteuils ; fréquentation : 1 M. (78) : 65 000.
Santé. (77) : 1 071.
Éducation. (76). Prim. : 1 213 291. Sec. et techn. : 576 979. Sup. (75) : 9 079.
Armée.  : 15 300.
Institutions. État indépendant le 6 mars 1957. République. Constitution du 22 août 1969. Président de la République : capitaine Jerry Rawlings, après le coup d'État du 31 décembre 1981 ; succède à Hilla Limann, élu en juillet 1979, succédant lui-même au capitaine Jerry Rawlings, auteur d'un premier coup d'État en juin 1979. Un Conseil provisoire de défense nationale (4 militaires et 3 civils) dirige le pays.

Guinée

Conakry. 5 010 000. 21. 2,6 %.
Économie. PIB (75) : 164. Énerg. (80) : 84.
Transports. (72) : 10 200 + 10 800. (78) : 11 pass./km.
Information. (76) : 1 quotidien ; tirage global : 10 000. (76) : *120 000. (77) : 10 000.
Santé. (77) : 300.
Armée.  : 9 900.
Institutions. Indépendance et république proclamées le 2 octobre 1958. Constitution de 1958. Président de la République : Sékou Touré, réélu pour un quatrième mandat le 9 mai 1982. Premier ministre : Louis Lansana Beavogui.

Guinée-Bissau

Bissau. 570 000. 16. 2,6 %.
Économie. PIB (75) : 335. Énerg. (80) : 77. CE (75) : 4 %.
Information. (76) : 1 quotidien ; tirage global : 6 000. (76) : 11 000. (72) : 3 000 fauteuils ; fréquentation : 0,3 M. (73) : 3 000.
Santé. (77) : 80.
Éducation. (76). Prim. : 83 781. Sec. et techn. : *3 000.
Armée.  : *6 250.
Institutions. Indépendance proclamée le 24 septembre 1973 (ancien territoire portugais). Nouvelle Constitution du 10 novembre 1980. Un Conseil de la révolution, présidé par le général Joao Bernardo Vieira, est mis en place après le coup d'État militaire du 14 novembre 1980 qui renverse Luis de Almeida Cabral. Vice-président : Victor Saude Maria.

Guinée Équatoriale

Malabo. 360 000. 13. 2,4 %.
Économie. PIB (75) : 349. Énerg. (80) : 103.
Information.  : *80 000. (77) : 4 500 fauteuils ; fréquentation : 0,5 M.
Santé. (75) : 5.
Éducation. Prim. (73) : 35 977. Sec. et techn. (75) : 4 523.
Institutions. République indépendante le 12 octobre 1968. Nouvelle Constitution approuvée par référendum le 15 août 1982. Président du Conseil militaire suprême, mis en place après le coup d'État du 3 août 1979 qui renverse Francisco Macias Nguema : lieutenant-colonel Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, reconduit le 2 août 1982. Vice-président : capitaine Eulogio Eyo Riqueza.

Haute-Volta

Ouagadougou. 6 910 000. 25. 2,6 %.
Économie. PIB (77) : 107. Productions (74) : A 42 + I 15 + S 43. Énerg. (80) : 29. CE (77) : 9 %.
Transports. (*78) : 11 800 + 12 400.
Information. (76) : 1 quotidien ; tirage global : 1 500. (76) : *105 000. (78) : 8 000.
Santé. (77) : 98.
Éducation. (76). Prim. : 149 270. Sec. et techn. : 18 060. Sup. (75) : 1 067.
Armée.  : *3 775.
Institutions. Indépendance le 5 août 1960. République (11 décembre 1958). Nouvelle Constitution approuvée par référendum le 27 novembre 1977. Chef de l'État et du gouvernement : commandant Jean-Baptiste Ouedraogo, président du Conseil provisoire de salut du peuple mis en place après le coup d'État du 7 novembre 1982 qui renverse le colonel Saye Zerbo.

Des militaires progressistes confisquent le pouvoir

Le 7 novembre 1982, le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouedraogo confisque le pouvoir au colonel Saye Zerbo, qui, lui aussi, avait écarté le 25 novembre 1980 plus gradé que lui, en la personne du général Sangoulé Lamizana. C'est un Conseil provisoire de salut du peuple, dont la composition n'est pas rendue publique, qui, une semaine avant la visite officielle prévue en France de Saye Zerbo, a décidé d'éliminer ce dernier.

Rivalités

Officiellement, le putsch a fait une dizaine de morts, dont une Française grièvement blessée, décédée durant son évacuation vers la France. Ancien ministre de l'Intérieur, le lieutenant-colonel Nezien, qui, après avoir trouvé refuge à l'ambassade de France, se constitue volontairement prisonnier trois jours après le coup d'État, est abattu dans des circonstances qui restent mystérieuses.