D'autres recherches ont porté sur la mise au point d'un chronobiotique, une sorte de remède miracle. Il devrait permettre de déplacer d'un coup chez l'homme tous ses rythmes circadiens. Intérêt considérable. De cette façon, les voyageurs au long cours et le personnel aérien n'auraient plus à souffrir de la désynchronisation de ces horloges internes, qui se prolonge parfois sur plusieurs semaines. Des cobayes volontaires ont accepté de subir les premiers tests, avant l'envol de Singapour pour Paris. Ils ont bien débarqué à Roissy-Charles-de-Gaulle. Mais leurs fonctions biologiques étaient restées à Singapour... Échec. Le chronobiotique est encore un rêve. Toutefois, les études pourraient reprendre. Sans cette panacée, les voyages dans l'espace resteraient toujours limités à la banlieue terrestre.

Amandine, premier bébé-éprouvette en France

Trois ans et demi après la naissance de Louise Brown (Journal de l'année 1978-79), on annonce la venue au monde, dans un hôpital parisien, d'Amandine, le premier bébé-éprouvette français.

La technique de la fécondation in vitro, révolutionnaire en 1978, est déjà presque une routine. Au premier trimestre de 1982, on compte vingt-cinq bébés-éprouvettes des deux sexes, dont deux jumeaux nés en Australie, et on prévoit pour la fin de la même année un total de cinquante à cent enfants conçus, eux aussi, hors de l'organisme maternel.

Les pays les plus avancés dans ces recherches sont l'Australie et la Grande-Bretagne, suivies de près par les États-Unis, la France et Israël. Au début de 1982 deux bébés-éprouvettes de sexe féminin sont nés aux États-Unis et en Israël.

Rejet

La fécondation comprend trois étapes : le recueil de l'ovule mûr, la fertilisation par un spermatozoïde dans un tube (ou une coupelle en verre) rempli de liquide nutritif, la réimplantation dans l'utérus maternel au stade de huit cellules, après trois jours de développement in vitro.

Pour les deux premières phases, le taux de réussite va de 70 à 90 %, mais il ne dépasse pas 20 %, dans les meilleurs cas, pour la réimplantation. Les recherches se poursuivent pour comprendre les raisons du rejet de l'embryon réimplanté.

D'une part, lors d'une grossesse naturelle l'embryon de huit cellules ne se fixe dans l'utérus qu'au septième jour ; d'autre part, il est possible que la technique de réimplantation par le col de l'utérus ne soit pas la meilleure, à cause de la sensibilité des cellules du col à tout choc mécanique.

Certaines équipes qui pratiquent la fécondation in vitro ont pris l'habitude de stimuler l'ovulation à l'aide de gonadotrophine naturelle ou d'un produit de synthèse, le clomifère. Cette méthode conduit à la maturation simultanée de trois ou quatre ovules que l'on fait tous féconder.

En général, on ne réimplante que l'un des embryons ou, au maximum, deux. Les autres sont soit conservés dans le milieu nutritif, où l'on observe leur développement ultérieur en vue d'améliorer la technique de réimplantation, soit congelés dans l'azote liquide à – 196 °C, pour être éventuellement réimplantés au moment le plus favorable du cycle menstruel qui suit le prélèvement des ovules.

Congélation

La conservation des embryons de mammifères par congélation à très basse température est bien au point. Elle est utilisée dans diverses stations agronomiques expérimentales pour les agneaux et les veaux. L'embryon prélevé sur la mère au stade blastocyste (150 à 200 cellules) est placé dans un milieu nutritif contenant 10 % de glycérol pour le protéger des effets éventuels de la congélation, et enrobé d'une paillette de plastique.

L'embryon peut être conservé pendant plusieurs mois, avant d'être décongelé dans un bain-marie à 37 °C et réimplanté dans un organisme maternel préalablement préparé à la gestation par traitement hormonal. Les résultats expérimentaux sur les animaux donnent environ 50 % de réussites.

Pour les embryons humains, on envisage de créer également des banques d'embryons congelés. Le projet australien est le plus avancé. En France, une demi-douzaine d'embryons humains congelés sont conservés à l'INRA, et les deux biologistes responsables de ce projet espèrent la naissance du premier bébé-éprouvette décongelé à la fin de l'année 1982.