Tandis que certains redoutent un blocage des procédures engagées pour le colloque, le ministre réagit rapidement en pourvoyant les postes vacants : J.-J. Payan, président de l'université de Grenoble I, est nommé directeur général ; Claude Fréjacques, directeur de la DGRST, devient président du CNRS. Les démissionnaires du Conseil sont remplacés. Les phases préparatoires du colloque se poursuivent tambour battant, avec la tenue, à travers la France, de dix assises régionales et, à Paris, de journées sectorielles (recherche agro-industrielle, génie biologique et médical, matériaux, pharmacologie, etc.).

Le décret réorganisant le ministère de la Recherche et de la Technologie paraît le 2 décembre 1981, avec deux grandes directions : politique générale (J.-F. Théry), développement et innovation (M. Allègre). Une mission d'animation et de coordination est dirigée par Yves Farge. Ces structures absorbent la DGRST et la DIT, qui disparaissent en tant que telles. Une mission interministérielle d'information est présidée par J.-P. Kahane.

Colloque

Le 13 janvier 1982, le président de la République inaugure, au Palais des Congrès à Paris, les journées nationales de la recherche et de la technologie, épisode culminant du mouvement de consultation et de réflexion mené depuis plusieurs mois sur la place que doivent avoir les activités de recherche en France.

Trois mille personnes participent à ce rassemblement sans précédent. Pendant trois jours, les commissions travaillent sur douze rapports présentés par autant de groupes de travail thématiques. Le 16 janvier, les conclusions du colloque sont présentées dans un rapport général par Philippe Lazar, président du conseil scientifique de l'INSERM.

Elles appellent des réformes profondes tant dans les esprits que dans les structures : circulation accrue des idées et des hommes entre le monde de la production et celui de la recherche ; suppression des cloisonnements qui s'introduisent tout au long de la formation, depuis les classes élémentaires jusqu'à l'enseignement supérieur, et que sanctionne la quasi-ségrégation résultant du double système d'universités et de grandes écoles ; mobilité fonctionnelle des chercheurs ; développement de la responsabilité par la participation statutaire de représentants du personnel dans l'évaluation des travaux, au lieu du système hiérarchique qui persiste encore dans de nombreuses branches et notamment à l'Université.

Croissance

Les travaux du colloque sont concrétisés dans le projet de loi d'orientation et de programmation de la recherche, adopté par le Conseil des ministres le 24 février et qui doit être soumis au Conseil économique et social, puis au Conseil d'État, avant d'être déposé devant l'Assemblée nationale.

Pour atteindre l'objectif retenu par le Plan intérimaire tendant à porter à 2,5 % en 1985 la part du PIB consacrée à la recherche et au développement technologique, les crédits de la recherche publique devraient croître de 17,8 % en volume jusqu'en 1985 ; la croissance annuelle de l'effectif des personnels serait de 4,5 %. En parallèle, la recherche faite par les entreprises devrait croître annuellement de 8 %. Les pouvoirs publics, ici, ne peuvent avoir qu'un rôle d'incitation aux investissements ; on retrouve un problème politique qui se pose par ailleurs.

Les établissements publics de recherche verront leur mission élargie à la valorisation des connaissances, grâce à la création soit de filiales, soit de groupements d'intérêt public associant laboratoires publics et laboratoires privés. Les personnels de recherche relèveront de la fonction publique, ce qui était une de leurs revendications majeures.

Astronautique

Ariane et Columbia : deux essais transformés

Les deux événements majeurs de l'année ont été, à cinq semaines d'intervalle, le deuxième essai en vol de la navette Columbia et le quatrième et dernier tir expérimental de la fusée européenne Ariane. Il s'agissait de vérifier si le véhicule aérospatial du STS (Spatial Transport System) était réutilisable sans prendre trop de risques et si le lanceur conçu et réalisé sous la responsabilité du CNES et de la SNIAS était devenu assez fiable pour entreprendre une carrière commerciale.

Navette

Plusieurs fois reporté, le lancement de la navette Columbia a lieu au cosmodrome Kennedy le 12 novembre 1981. Aux commandes, Joe H. Engle et Richard H. Truly (qui, ce jour-là, allait fêter son 44e anniversaire dans l'espace).