Aux 39 millions d'adhérents, il réclame unité, discipline, ordre, efficacité, avec déjà en tête ce que Zhao et lui-même annonceront dans quelques mois : une « nouvelle révolution en profondeur » et tous azimuths. Programme si urgent et si vaste que certains rendez-vous majeurs sont reportés : 12e congrès du parti (le 11e remonte à 1977), révision de la Constitution par une commission créée en 1980 et qui ne déposera son projet que le 21 avril 1982.

Même le plan quinquennal (1981-1985), que le pragmatique Premier ministre préfère oublier pour appliquer des remèdes immédiats à une économie qui n'arrive pas à sortir de l'ornière. En décembre 1981, devant l'Assemblée nationale, il avoue que se poursuivra encore pendant cinq ans au moins le « réajustement », la réduction aux limites du possible des projets trop coûteux.

L'expérience néocapitaliste, amorcée en 1978, a fait augmenter la masse monétaire de 70 % et le coût de la vie de 20 %. En attendant une croissance prévue de 4 %, l'inflation serait stabilisée à 6 % et le budget resterait en déficit de 3 milliards de yuans environ.

Décollectivisation

Autre plaie cachée, la production dont on se félicite s'accumule parfois en stocks absurdes. Zhao lui-même dénonce le gel sur place de 20 millions de t d'acier, sur une production annuelle de 35 millions ! La hausse des prix doit être enrayée pour amorcer la pompe de la consommation : des baisses de 5 à 20 % sont annoncées en janvier 1982 sur les prix de certains produits alimentaires, de textiles, de récepteurs de radio et de télévision, de montres-bracelets, etc. Et, tandis que la production de l'industrie lourde continue à diminuer, les industries légères, encouragées, augmentent de 12 %.

Parallèlement, se développe une économie privée (petite industrie, artisanat, commerce), qui emploierait déjà 800 000 citadins et résorberait une partie du chômage : chaque année, 7 millions de jeunes viennent encombrer un peu plus le marché du travail.

Même tendance dans les campagnes où, depuis trois ans, une certaine décollectivisation se développe assez pour que l'on prédise parfois la disparition, à échéance, des fameuses communes populaires : 54 000 contre 70 000 il y a 20 ans. Des parcelles individuelles sont distribuées — jusqu'à 15 % de la surface cultivable — et l'on peut signer un contrat familial ou individuel sur la base de nouveaux principes : « qui sème récolte » ou « qui travaille plus gagne plus ».

Productivité

Hors frontières, sont activement sollicitées les prises de participation étrangères dans des entreprises à capitaux mixtes dont les statuts et les impôts sont plus précisément codifiés. La prospection minière est également proposée par une CNOOC (Corporation nationale pour le pétrole offshore de Chine), créée en février 1982 pour traiter avec qui voudra investir 20 milliards de dollars d'ici à 1990, et commencer à extraire en 1985 une réserve de 15 à 25 milliards de barils.

Rêve à échéance qui n'empêche pas un réalisme impitoyable pour l'immédiat. Déjà, la moitié des entreprises bénéficient d'une relative autonomie de gestion par rapport à l'État, mais — revers de la médaille —, devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre vient lui-même annoncer des stimulants plus amers de cette relance industrielle amorcée : fermeture des usines canards boiteux, répression des infractions à la discipline du travail et droit de licencier annulant la garantie de l'emploi assurée jusqu'ici à vie. « Une vaste remise en ordre, affirme Zhao Zyiang, éliminera l'égalitarisme. » Et, sous-entendu, permettra d'augmenter la productivité.

Plus radicales encore sont les décisions annoncées pour étendre la « nouvelle révolution en profondeur » au parti, au gouvernement et à l'administration, qui souvent se confondent. Partout les cadres — jeunes, promus pendant la Révolution culturelle, ou vieux, réhabilités après — sont beaucoup trop nombreux, inefficaces, voire incompétents et demeurent accrochés à leurs privilèges.

Bureaucratie

Alors, Zhao Zyiang déclare une guerre à la bureaucratie qui, rien qu'à Pékin, pourrait viser 200 000 personnes et, pour l'ensemble du pays, « des millions de fonctionnaires » d'après China Daily, le quotidien pékinois qui qualifie le projet de « refonte d'une ampleur sans précédent ».