Pour donner l'exemple, le gouvernement ne comprendra plus que 2 vice-Premiers ministres (au lieu de 12 !) et 52 ministères, commissions ou directions diverses (au lieu de 98 !) : dès le 26 avril, un premier remaniement s'attaque à 23 ministères ou commissions d'État et une limite d'âge est fixée à 65 ans pour les ministres et à 60 pour les vice-ministres.

Même révolution au sein du parti, où les vétérans octogénaires pourraient être regroupés en Conseil des anciens ; ainsi s'explique mieux le report du 12e congrès, dont les délégués devraient être de nouveaux cadres.

Dans le même temps, le maintien de l'ordre mobilise une police plus vigoureuse et une justice plus expéditive, qui multiplie les procès publics, télévisés, suivis d'exécutions immédiates.

À Sanghai notamment, en août 1981, l'un de ces meetings de masse réunit jusqu'à 18 000 personnes et, en deux mois, 16 condamnations à mort sont prononcées.

Sévérité

Le Comité permanent de l'Assemblée nationale renforce, en mars 1982, le Code pénal : les crimes économiques pourront être punis de prison à vie ou même de mort. Sévérité aussi pour les derniers contestataires rescapés du Printemps de Pékin terminé depuis trois ans : ils sont emprisonnés par dizaines et l'un d'eux est jugé pour avoir diffusé en Occident un récit de sa détention. Deux dissidents vedettes sont lourdement condamnés en juin 1982 à Canton : 10 ans de prison pour He Qiu, l'un des principaux activistes démocrates dans le Sud, et 14 ans de prison pour Wang Yizhe, dont la réputation a gagné l'Occident. D'abord comme pionnier de la contestation mais surtout parce que, dès 1974, il diffusait sous le pseudonyme Li Yizhe un pamphlet collectif sur les dérapages de la démocratie socialiste, traduit en français en 1976 sous le titre Chinois, si vous saviez.

C'est l'occasion de tracasseries pour les journalistes étrangers, fermement invités à ne plus s'occuper des contestataires. Pour l'exemple, un journaliste chinois est condamné à 5 ans de prison pour avoir « divulgué des secrets d'État » — en fait, quelques tuyaux passés à des confrères sur le déroulement d'un Comité central du parti.

À l'inverse des animateurs de revues clandestines soupçonnés de gauchisme, certains écrivains ou artistes sont maintenant accusés de libéralisme bourgeois. L'un d'eux, le scénariste Bai Hua, après un harcèlement de huit mois, finit par faire son autocritique. Cependant, cette dénonciation répétée du « libéralisme bourgeois de droite » devenu le « danger principal » semble destinée à rassurer l'opposition maoïste qui persiste contre les amis de Deng, lui-même accusé autrefois de droitisme.

L'année diplomatique est marquée par un rapprochement avec l'Inde, une tournée de Zhao Zyiang dans le Sud-Est asiatique et surtout le rejet par Taiwan d'une offre solennelle de réunification pacifique, faite en 9 points, le 30 septembre 1981, veille de la fête nationale par le premier personnage officiel de Chine populaire, le vieux maréchal Ye Jianying.

La mort ou la vie pour deux des « quatre » ?

Condamnée, en janvier 1981, à une peine de mort différée de deux ans (Journal de l'année 1980-81), la veuve du président Mao, Jiang Qing, sera-t-elle exécutée en janvier 1983 ou graciée et emprisonnée à vie si elle accepte de reconnaître ses erreurs et de s'en repentir ? Pour cela, il faudrait qu'elle ait beaucoup changé depuis son procès, où, sur tous les écrans de télévision du monde, elle est apparue sans regrets, arrogante et indomptable. Tout comme son principal complice Zhang Chunqiao, condamné à la même peine après avoir refusé de dire le moindre mot pendant son procès. Cependant les victimes de Jiang Qing, aujourd'hui au pouvoir, ne désespèrent pas de lui tirer une autocritique écrite ou, mieux, télévisée. Merveilleux argument politique pour Deng, qui a déjà utilisé le procès pour mieux éliminer l'héritier de Mao : Hua Guofeng.

Demi-brouille

D'ailleurs Taiwan redevient presqu'aussitôt pomme de discorde à cause des 100 millions de dollars de fournitures militaires vendues à T'aipei par les États-Unis, malgré les mises en garde répétées de la Chine et l'avertissement diffusé à toutes les missions diplomatiques de Pékin contre tout « lien officiel ou quasi officiel » avec Taiwan. Ce qui n'empêche pas les échanges commerciaux sino-américains d'atteindre 7 milliards de dollars en 1982, soit 25 % de plus qu'en 1981. Alors que les échanges sino-soviétiques diminuent de moitié entre 1980 et 1981.