Sous le signe de l'unité et de la solidarité nationales, le gouvernement du général Prem Tinsulanond — élargi, en octobre 1981, avec l'entrée de plusieurs membres du parti d'Action sociale — déclenche une grande campagne de renouveau.

Action contre la criminalité d'abord. Police et armée thaïlandaises sont mobilisées pour assainir, ou du moins mieux contrôler, certains quartiers de Bangkok où prolifèrent délinquance, prostitution et ventes d'enfants.

Le pays compte 500 000 prostituées, selon le ministère de l'Intérieur. Environ 1 000 assassinats sont commis chaque mois. La production d'opium (600 t par an) du Triangle d'or, aux confins de la Thaïlande, du Laos et de la Birmanie, alimente une grande partie de la demande occidentale en héroïne.

Seigneur de l'opium

L'armée déclenche en janvier 1982 plusieurs raids contre le repaire de Chang Chi Fu, alias Khun Sa, seigneur de l'opium, Birman d'origine chinoise dont l'armée privée contrôle une grande partie de la production de pavot du Triangle d'or.

Les combats font plusieurs centaines de morts. Des laboratoires sont détruits, des stocks de drogue saisis, mais Khun Sa réussit à s'enfuir avec la complicité des forces de l'Armée unie shan, une minorité birmane qui lutte depuis des années pour son autonomie. Trois divisions birmanes n'ont pu l'empêcher de franchir la frontière.

Action militaire également en octobre 1981 et février 1982 pour réduire les maquis communistes qui contrôlent les régions méridionales proches de la Malaisie. Des bases sont détruites, des dépôts d'armes saisis, mais le problème de ces provinces où subsiste également une forte dissidence musulmane est d'autant moins résolu que leur sous-développement n'a fait que s'accentuer au cours de ces dernières années.

La Thaïlande, admet-on à Bangkok, compte 10 millions de pauvres et 250 000 réfugiés d'Indochine. Cela ne facilite guère son décollage économique. Un espoir cependant : la mise en exploitation en octobre 1981 du premier gisement de gaz, dans le golfe de Siam, devrait réduire la dépendance énergétique.

Turquie

Ankara. 44 920 000. 58. 2,5 %.
Économie. PIB (78) : 1 159. Productions (78) : A 25 + I 27 + S 48. Énerg. (80) : 737. CE (78) : 5 %. P (78) : 463.
Transports. (78) : 5 616 M pass./km, 5 676 Mt/km. (76) : 471 500 + 230 800. (*80) : 1 455 000 tjb. (78) : 1 097 pass./km.
Information. (77) : 493 quotidiens. (76) : 4 228 000. (76) : *1 769 000. (77) : 1 379 000.
Santé. (77) : 23 769.
Éducation. Prim. (74) : 5 377 708. Sec. et techn. (73) : 1 516 880. Sup. (75) : 322 965.
Armée.  : 569 000.
Institutions. République proclamée le 20 avril 1924. Constitution provisoire promulguée le 27 octobre 1980. Président de la République : général Kenan Evren, chef du Conseil national de sécurité après le coup d'État militaire du 12 septembre 1980. Premier ministre : amiral Bulent Ulusu (21 septembre 1980).

Remise en ordre, au prix d'une dure répression

Élaboration d'une nouvelle Constitution en 1982, référendum en vue de son approbation en 1983, élections générales au plus tard au printemps 1984 : tel est le « programme de transition vers la démocratie » que le général Kenan Evren, chef de la junte, présente dans son message de nouvel an, seize mois après la prise de pouvoir par l'armée.

Un programme qui témoigne à la fois de la volonté des militaires de rendre à terme le gouvernement aux civils et de leur extrême prudence dans ce processus de normalisation.

Un premier pas est accompli dès l'automne 1981 lorsque est convoquée l'Assemblée consultative chargée d'élaborer la nouvelle Constitution. Comme pour mieux en souligner les limites, le CNS (Conseil national de sécurité) décrète, le 16 octobre 1981, à une semaine de la première réunion de l'Assemblée, l'abolition de tous les partis politiques. La mesure surprend, mais le message est clair : il faut faire table rase du passé.

L'armée s'y emploie, depuis son coup de force du 12 septembre 1980 (Journal de l'année 1980-81), avec une main de fer. Aux arrestations massives (30 000 selon les chiffres officiels, 45 000 selon Amnesty International) succèdent les procès individuels et collectifs. Celui de 594 militants du parti d'action nationaliste (extrême droite) s'ouvre en octobre 1981. Celui des 51 dirigeants du Disk (syndicat d'extrême gauche) en décembre.

Assemblée consultative
(23 octobre 1981)

Formée de 160 personnes, choisies par le Conseil national de sécurité parmi 11 564 candidats, l'Assemblée consultative est chargée d'élaborer une nouvelle loi électorale, une loi sur les partis et un projet de Constitution, de type présidentialiste, qui sera soumis à référendum.

Exécutions

En un an, 2 000 peines de mort sont requises, 10 sont exécutées. Cependant, le délai de garde à vue est ramené de 90 jours à 45 jours, et la plupart des leaders politiques appréhendés au moment du coup d'État sont remis en liberté.