Ce programme devrait se traduire, selon J. Carter, par un accroissement de 10 % des investissements productifs et une augmentation de 8 à 10 milliards de dollars du déficit de l'exercice budgétaire commençant le 1er octobre 1980 (le déficit se trouverait ainsi porté à 40 milliards de dollars). R. Reagan qualifie ce programme d'« expédient politique à court terme », les milieux industriels, de « bricolage électoraliste ». Le mouvement de baisse des valeurs US s'accentue à la Bourse de New York.

À l'automne, l'économie paraît en tout cas sur la voie de la reprise. Le taux de chômage a légèrement fléchi (7,6 % en août, 7,5 % en septembre, 7,6 % en octobre, 7,5 % en novembre), la croissance est de 1 % pour le troisième trimestre (meilleur résultat depuis mars 1979).

Mais la hausse sensible du prime rate inquiète le président Carter, et l'inflation s'aggrave de nouveau : 0,7 % en août, 1 % en septembre, 1 % en octobre, 1 % en novembre. « Cela confirme la faillite totale du gouvernement », estime R. Reagan, qui ajoute : « Si ce président est réélu, l'inflation deviendra un élément permanent du mode de vie américain. » En décembre 1980, il est vrai, l'inflation s'accélère encore : 1,1 %, soit un total de 12,4 % pour l'année 1980 et une diminution de 4,8 % du pouvoir d'achat au cours des douze mois écoulés.

Flambée

Un motif de satisfaction tout de même : la diminution du déficit de la balance commerciale (32,3 milliards de dollars en 1980, contre 37,2 milliards en 1979). Et le chômage s'inscrit en janvier à 7,4 % de la population active.

Par ailleurs, la flambée des taux d'intérêt (le prime rate atteint 21 % en décembre) provoque une ascension foudroyante du dollar, sur lequel se ruent les capitaux internationaux. Cette ruée sur la devise américaine témoigne de la confiance que, dans le monde, les milieux monétaires placent en R. Reagan. Une semaine après sa prise de fonction, ce dernier décide de libérer le prix du pétrole américain, ce qui entraîne une nouvelle hausse du dollar.

Le 5 février 1981, R. Reagan déclare que son pays connaît « le plus grave désordre économique depuis 1930 », qu'il est menacé d'une « calamité de grande envergure » et qu'il est temps de « changer le cours des choses ». Il présente, le 18 février, au Congrès son programme, qui repose sur un principe de base : la réduction du rôle de l'État au profit du jeu de la libre entreprise et de la concurrence.

Le programme comporte une diminution des impôts (44,2 milliards de dollars en faveur des ménages, 9,7 milliards en faveur des entreprises) et une réduction des dépenses fédérales (41,4 milliards de dollars pour l'année budgétaire 1981-82).

Coupes

Toutes les administrations sont touchées par les coupes, à l'exception du ministère de la Défense. Une centaine de programmes sociaux sont affectés. Mais R. Reagan estime que ce coup de fouet va stimuler la croissance et permettre une diminution du taux de chômage et de la hausse des prix, qui pourraient revenir respectivement à 6,6 % et 6,2 % en 1983.

Dans les mois qui suivent, la conjoncture demeure incertaine. Le taux de chômage demeure préoccupant (7,3 % en mars et avril ; 7,6 % en mai). La hausse des prix de détail tend à se ralentir au printemps. Le PNB augmente de 8,4 % au premier trimestre, au lieu de 3,8 % pour les trois derniers mois de 1980. Début mai 1981, une nouvelle remontée des taux d'intérêt provoque, une fois encore, une flambée de la devise américaine. Le prime rate est relevé le 4 mai, pour la troisième fois en quinze jours, et passe de 17 à 18 %. Il est porté le 22 mai à 20,5 %, mais amorce une décrue peu après.

Le président Reagan avait proposé, le 10 mars, d'augmenter de 14 % le montant des coupes budgétaires, pour les porter à environ 60 milliards de dollars. Une sévère bataille s'engage alors au Congrès, tant à propos du projet de budget que du plan de redressement. Critiqué par la plupart des parlementaires démocrates, celui-ci est fustigé également par la centrale syndicale AFL-CIO, les fédérations de consommateurs et les mouvements de défense de l'environnement.